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l'ignorance et la prévention out embarrassé cette discussion. S'il ne lui est pas donné de dissiper tous les nnages, et de ramener tous les esprits, du moins. il auya fait sou devoir, et ne sera pas responsable des suites. Les Nouveaux Eclaircissemens compteront parui ees honorables réclamations en faveur d'une cause qui est, au fond, celle de la religion même et de l'Eglise; et l'auteur, en paroissant ne vouloir que résoudre quelques objections populaires, se trouve pourtant avoir disenté la question sous ses principales faces, t rattache les considérations les plus graves. La première objection qu'il examine est celle du péril que courent les libertés de l'église gallicane, et il n'a pas de peine à faire voir que ce n'est là qu'un prétexte, et que ceux qui le font sonner le plus haut, n'y attachent aucune idée juste. La seconde objection est sur la dépense, et ici l'auteur entre dans des détails qui font évanouir des reproches minutieux et frivoles.

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<«< On se plaint, dit-il, de ce nombre excessif d'offices et de titres ecclésiastiques qui chargent le budget, et la masse de ses impôts d'un poids inutile. Mais que l'on compare la magistrature avec la hiérarchie de ses présidens, de ses procureurs et de ses juges, la multiplicité de ses tribunaux de première et de seconde instance; le fisc avec l'état-major de ses receveurs, directeurs et inspecteurs, l'armée de ses commis aux donanes, à l'enregistrement, aux barrières, et tous les grades de sa bureaucratie financière qu'on se rappelle rUniversité impériale avec son grand-maître, son chancelier, ses conseillers ordinaires, ses conseillers à vie, ses inspecteurs généraux et particuliers, ses recteurs, doyens, proviseurs, censeurs, la foule de ses professeurs, et tout le peuple des maîtres agrégés à ses colleges: et l'on sera forcé de convenir que de toutes les parties

de l'administration, celle de l'Eglise est la plus simple dans sa marche, la plus économique dans ses dépenses, la moins compliquée dans ses ressorts; et par proportion il en coûte bien plus à l'Etat pour enseigner les lettres que pour enseigner la morale, pour juger les procès el lever les impôts que pour surveiller les mœurs et corriger les vices. Depuis vingt-cinq ans qu'on régénère les Etats et qu'on organise les constitutions, on a doublé le nombre des agens salariés de l'Etat, et plus que doublé le montant de leurs salaires; on a réduit de plus des trois quarts les titres et les offices, ecclésiastiques, rabaissé l'antique opulence de leurs traitemens au-dessous des honoraires des moindres agens du fisc et de la justice. On alloue le superflu à l'Elat; on refuse le nécessaire à l'Eglise. Là, on ne touche pas les chairs mortes du bout du doigt; ici, on enfonce le fer et l'on taille dans le vif».

La troisième objection roule sur la vente des biens nationaux, et la quatrième, sur ce qu'on allègue de l'opinion publique. Ces difficultés sont si peu de chose, que l'auteur les dissipe d'une manière trèsbriève. Il insiste davantage sur une cinquième objection, qu'il regarde, avec raison, conie ia cause la plus active de l'opposition au Concordat; c'est la jalousie contre le clergé, la crainte vraie ou feinte de Ini voir reprendre sa puissance, et cet oubli de la religion qui fait que l'on est en garde contre elle, comme contre un conemi redoutable. L'auteur oppose à ce sentiment injuste, que la révolution a malheureusement fortifié, les bienfaits dont nous sommes redevables à la religion, et l'on nous saura gré de rapporter quelques-unes des réflexions qu'il fait sur ce sujet :

« Si le christianisme, banni de l'Europe, emporte

avec lui tous les biens qu'on lui doit, dans quelle aftreuse solitude le monde civilisé ne va-t-il pas rentrer? Avec lui disparoîtront les monumens des arts, les asiles -de l'humanité souffrante, les écoles savantes, et la civilisation toute entière fera place à la barbarie. I fut donné un moment à la fausse sagesse de consommer son œuvre, de proscrire le culte chrétien, de démolir ses temples avec la hache et le marteau; et l'on vit tomber, au même instant, les progrès des arts, l'étude des langues savantes, l'enfance sans instituteurs ne bégayer que des blasphêmes, la jeunesse déserter les écoles pour courir aux armes, et toute la France devenue un camp. armé, où les antiques colléges convertis en magasins, les temples en arsenaux, n'offroient partout que l'affreuse image de la discorde et de la guerre. Si ces jours n'avoient été abrégés par la bonté divine, l'admirable lumière du christianisine alloit s'éteindre, et le monde moral rentrer dans la uuit épaisse qui couvre le monde matériel quand le soleil lui retire sa lumière. Alors on a vu que la religion chrétienne étoit ce grand arbre dont parlent les prophètes, à l'ombre duquel croissent el se reposent toutes les institutions utiles aux hommes. Un peuple assez ingrat pour oublier de pareils bienfaits, assez aveugle pour repousser un auxiliaire si né cessaire, mérite de périr dans les convulsions de l'anarchie et les horreurs de la mort. Quel malheur que les ministres de cette religion bienfaitrice, des hommes que la société charge de suppléer à l'insuffisance des lois par l'influence de la morale, et de répondre aux rois de la soumission des peuples, fussent révérés comme les ministres du Très-Haut et ses représentans sur la terre! Ne craignez pas que ce raisonnable et utile sentiment soit aujourd'hui poussé à l'excès et dégénère en fanatisme. Ce peuple immense, qui habite le haut des maisons de cette capitale, qui frémit de rage à la vue d'un prêtre revêtu du vêtement sacré que lui a donné l'Eglise, et qui le force de se présenter à lui sous un habit

étranger pour éviter ses outrages; le peuple de ces provinces saus foi qui se précipita sur les pas de l'usurpateur, en maudissant les Bourbons et les prêtres; le peuple de ces campagnes, formé par les pamphlets de la philosophie, qui se croit affranchi, par la révolution, de la confession et des pratiques du christianisme, comme de la dîme et des servitudes féodales, ce peuple, qui a pour le maître d'école et le scribe de la commune un respect et des égards qu'il n'a plus pour le recteur de la paroisse, et qui se réjouit de voir les fabriciens du village faire la loi au pasteur, et maintenir dans l'église la souveraineté du peuple; le peuple de nos villes et de nos campagnes ne péche plus par excès de respect pour la religion et ses ministres. Non, la saine politique n'a révélé nulle part qu'il ne falloit donner aucune considération à un corps qui n'a d'influence sur le peuple que par l'opinion, et qui la perd toute entière aussitôt qu'il entreprend de substituer la force à la persuasion. Souvent on est effrayé de voir la société pencher sur le bord d'un abîme. Affreux phénomène moral, que l'univers n'avoit pas vu au temps de Plutarque, et que n'ont jamais rencontré les voyageurs modernes chez les peuplades sauvages! des communes entières pleines d'un peuple sans foi, sans loi, sans culte, sans sacrifice, abandonnant ses antiques et religieuses assemblées dans le temple pour se livrer à des jeux et des danses libertines sur la place publique; les enfans repris de justice, multipliés dans les maisons d'arrêts presqu'à l'égal des enfans abandonnés dans les hospices, et les tribunaux épouvantés par des forfaits inouis jusqu'à nos jours dans les annales du crime. Alors on recule d'effroi; on veut gouverner, et l'on sent qu'il faut dresser l'échafaud dans tous les villages pour contenir un peuple d'athées; on veut jouir des plaisirs de la vie, et l'on s'aperçoit que les satellites armés garderont mal les campagnes, si Dieu ne fait autour des propriétés une garde invisible ».

Dans un Postscriptum, l'auteur répond à M. Fiévée, qui, au surplus, dans un numéro subséquent, paroît passer condamnation sur les étranges principes qu'il avoit professés précédemment, et n'entreprend point dé répondre à M. l'abbé Frayssinous. L'auteur des Nouveaux Eclaircissemens n'en discute pas moins quelques-unes des assertions de M. Fiévée; mais il Je fait avec autant de modérations que de solidité. En général, tout son écrit se recommande par un caractère de sagacité, par le talent de la discussion, par l'art de presser un raisonnement, par des réflexions piquantes, et par la connoissance exacte du sujet. Ce sont des qualités que l'on avoit déjà remarquées dans l'Examen du pouvoir législatif de l'Eglise sur les mariages, et elles ne se font pas moins sentir dans cette nouvelle production du même écrivain. Il faut même le dire dans le cours de cette discussion relative au Concordat, ses adversaires n'ont pas plus de leur côté les lumières et la raison, que la modération et la bonne foi; et les apologistes de cette grande mesure n'out pas fait moins d'honneur à leur cause par la sagesse de leur défense, que par la force de leurs argumens. Ainsi le clergé a non-seulement pour lui le zèle, il á encore le talent véritable; et tandis que ses détracieurs le livrent au plus injuste mépris, il montre par d'excellens écrits qu'il compte encore dans son scin des hommes supérieurs, et non moins recommandables par la pureté de leurs vues pour le bien de leur pays, que par l'esprit de leur état et le courage à défendre les intérêts de la religion, dont ils sout les

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