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prêtre en 1600, il aima micux renoncer à une cure, à laquelle il avoit été nommé, que de soutenir un procès. En revenant par eau de Marseille, il fut pris par un corsaire barbaresque, qui l'emmena à Tunis, y fut vendu plusieurs fois, et s'en échappa avec un renégat piémontois qui l'avoit acheté. A Paris, son occupation favorite étoit de visiter les malades dans les hôpitaux. Devenu curé de Clichy, sa sagesse, son zèle et sa charité purent faire juger dès-lors de quoi il étoit capable. On le tira de cette place pour le faire entrer, comme précepteur, dans la maison de M. de Gondi, général des galères. C'est-là qu'il commença à se faire connoître. Il en sortit momentanément, en 1617, pour prendre la cure de Châtillon-les-Dombes, en Bresse, où il opéra encore plus de bien qu'à Clichy. En 1625, il commença l'établissement des prêtres de la mission, dits depuis de Saint-Lazare, du nom de la maison qu'ils occupoient; et en 1633, il donna naissance à la compagnie des Soeurs de la Charité. En 1634, il établit l'assemblée des Dames en faveur des malades de l'Hôtel-Dieu; et en 1653, il créa l'hôpital du Nom de Jésus, qui servit peu après de modèle à l'établissement de l'Hôpital-Général. Des confréries de femmes, et même d'hommes, voués aux bonnes oeuvres, s'élevèrent, à sa voix, à Paris et dans beaucoup d'autres lieux. Il avoit donné l'impulsion à son siècle, et la vénération qu'on avoit pour lui étoit aussi générale que fondée, Anne d'Autriche, devenue régente du royaume, l'appela au conseil de conscience, et prit plusieurs fois ses avis. Des personnes du plus haut rang s'honoroient de l'avoir pour leur directeur et leur guide, et ne pouvoient résister à ses tendres sollicitations en faveur des malheureux. Telle fut la vie de cet

homme admirable, l'un de ceux qui ont fait le plus d'honneur à la religion et à la France. On a quelque plaisir à penser qu'on appartient à la même foi et à la même patrie que ce saint et généreux ministre du Seigneur. L'Eglise, l'humanité, le royaume, le per dirent, le 27 septembre 1660, à l'âge de quatre-vingtcinq ans. Ses hautes vertus, et les miracles opérés par son intercession, ne permirent pas de douter qu'il n'eût recueilli la couronne que Dieu réserve à ses fidèles serviteurs. Aussi, après de nombreuses informations, Benoît XIII le déclara au nombre des bienheureux, le 13 août 1729, et Clément XII le canonisa, suivant les formes accoutumées, le 16 juin 1737.

Depuis ce temps, sa fête se célèbre dans l'Eglise ; et ce ne sont pas seulement les congrégations qu'il a instituées, qui lui rendent un culte solennel. La dévotion des fidèles se manifeste d'une manière sensible envers un homme qui a laissé tant de grands exemples dans les lieux même que nous habitons. Le clergé surtout le regarde comme un de ses plus grands bienfai teurs et patrons. Aussi les vertus de saint Vincent de Paul ont été célébrées dans un grand nombre de panégyriques, et des orateurs modernes se sont illustrés par le talent avec lequel ils ont traité ce beau sujet. Les philosophes même ont joint ici leurs voix à celles de l'Eglise et des peuples; et jusqu'au milieu du délire de notre révolution, on a décerné des hommages publics à ce bienfaiteur de l'humanité, tant l'éminence de ses vertus et l'éclat de ses services avoient frappé les esprits les plus prévenus.

Toutefois au milieu de ce concert unanimne de louanges, des voix discordantes se sont fait entendre, et le héros de la charité n'a pu trouver grâce auprès

de gens qui parlent beaucoup de charité. Fermement attaché aux premières décisions de l'Eglise contre une erreur naissante, saint Vincent de Paul s'efforça de ramener à la soumission ceux qu'il voyoit s'en écarter. C'est un tort qu'on ne lui a point pardonné. Les Nouvelles Ecclésiastiques ont osé parler des lumières trèsbornées du nouveau saint. L'esprit de parti obtint un arrêt du parlement pour supprimer la bulle de canonisation, parce qu'il y étoit parlé du zèle de saint Vincent contre les novateurs. Dans leurs écrits, il n'est jamais appelé que M. Vincent, comme on peut le voir dans le Dictionnaire de Moréri et dans l'Histoire Ecclesiastique de l'abbé Racine, quoique publiés bien après sa canonisation. Aujourd'hui même que l'Eglise célèbre, depuis 80 ans, la fête du saint, il est reçu, dans le même parti, de ne le désigner que sous le nom de M. Vincent, et un écrivain fort connu ne le qua lifie pas autrement dans la Vie du cardinal de Bérulle, et dans quelques articles de la Biographie universelle; misérable et ridicule affectation de gens qui ne craignent pas de se mettre à la fois en opposition avec le jugement de l'Eglise et avec le suffrage du peuple, et qui sont moins touchés du spectacle de tant de vertus et de bienfaits, que de l'intérêt de leur coterie et de l'honneur de leur secte!

La vie de saint Vincent de Paul avoit été écrite d'abord par Abelly, évêque de Rodez, qui avoit eu avec lui des relations étroites et suivies. En 1748, Pierre Collet, prêtre de la mission, donna une Vie plus étendue, qui fut imprimée à Nanci, en 2 vol. in~4o. Il avoit fait beaucoup de recherches sur ce qui concernoit le fondateur de sa congrégation, et avoit rassemblé beau coup de traits intéressaus recueillis, ou dans les Lettres

de saint Vincent, ou dans des ouvrages imprimés, ou dans les procédures de la canonisation, ou dans les témoignages de ceux qui avoient vu les contemporains. Cette Vie, écrite avec beaucoup de simplicité, et même quelquefois avec un peu de négligence, attache néanmoins par l'intérêt et la variété des détails. Elle étoit devenne assez rare, et les personnes avides de bonnes lectures s'affligeoient de ne pouvoir tronver aisément une histoire si propre à animer et à consoler leur piété. C'est ce qui a fait naître à M. Demonville l'idée de faire réimprimer cette Vie, à laquelle il n'a fait d'autre changement que de substituer dans le texte les paroles ou les écrits du saint, dont Collet n'avoit donné que la substance. On a cru que le lecteur auroit plaisir à trouver les propres expressions d'un homme admiré dans son temps par les grâces naïves et l'énergique simplicité de ses discours. On y rencontrera bien quelques mots vieillis, ou même hors d'usage. Mais de même que les amateurs aiment à lire dans leur pureté primitive les écrits de saint François de Sales et d'Amyot, de même ils seront bien aises qu'on leur remette sous les yeux les conversations ou lettres d'un saint qui avoit plus d'une ressemblance avec saint François de Sales. L'éditeur a donc, pris dans Abelly le texte de ces citations, et les a transportées dans le récit de Collet, qui est d'ailleurs plus exact et plus complet que celui du premier; et il espère que de cet ensemble résulterà une histoire qui satisfèrà tous les goûts, et qui n'en sera que plus propre à instruire et à édifier.

D

Cette nouvelle édition doit être en quatre volumes in-8°. On a pensé que ce format, si généralement adopté aujourd'hui, convenoit davantage à la majorité

des lecteurs. Il n'en paroît que le premier volume. Mais l'éditeur se propose de publier les autres pro→ chainement. On ne doute point que cette entreprise ne soit accueillie. La Vie de saint Vincent de Paul est un ouvrage précieux, non-seulement pour les membres des deux fondations qu'il a fondées, mais pour tous les ecclésiastiques. Elle convient aux séminaires et aux maisons d'éducation; elle convient aux personnes pieuses, et à tous ceux qui s'intéressent à la religion; elle convient enfin à quiconque aime l'histoire, et veu! se former une idée d'une époque intéressante et honorable dans nos annales; savoir, de ce 17. siècle qui vit tant d'exemples de grandeur et de vertu, et qui fit éclore tant de beaux établissemens que la ré→ volution même n'a pas détruits en entier, et dont nous recueillons encore les fruits.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le saint Père, dans son allocution du 16 mars au consistoire secret, fit part au sacré collège de la joie et de la consolation que lui procuroit la conclusion du Concordat avec S. M. le roi de Naples. Il rappela en peu de mots les longues sollicitudes que l'état des affaires ecclésiastiques dans ce royaume avoit causées à Pie VI, et les efforts de ce Pontife pour ramener la paix et un meilleur ordre de choses. Il n'eut pas le bonheur de voir le succès de ses démarches, et le Pontife actuel, aussitôt après son exaltation, dirigea ses soins vers le même objet. Les guerres et les révolutions apportèrent beaucoup d'obstacles; mais lorsque la tranquillité eût été rendue à l'Italie, S. S. chargea le cardinal Caracciolo, qui se trouvoit à Naples, et Philippe Guidi, prêtre romain, qui vient de mourir, de négocier avec les ministres du roi, le marquis Thomas de Somma, le chevalier de

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