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cupe de les mettre en valeur; parce qu'on y apporte de la conscience, de la générosité, de la persévérance.

Tout d'abord il faut en convenir, « sous les pires régimes oppressifs, la Pologne a quadruplé sa population (1). Elle s'est enrichie; et, tout en développant, tout en dilatant sa personnalité progressive, elle a su consolider son unité morale et conserver ses forces créatrices» (2).

Certes, les luttes continuelles sur les champs de bataille, où Napoléon entraînait les peuples à sa suite, absorbaient l'énergie nationale des Polonais de son temps; mais il restait dans la vivacité de l'esprit une puissance d'initiative, qui est devenue féconde. Pendant la période de 1807 à 1815, que dura le Duché de Varsovie, les Polonais surent montrer comment ils étaient capables d'organiser leur vie.

Toujours soucieux de résoudre le grand problème de l'éducation et de l'enseignement, ils y portèrent toute leur attention, malgré l'énormité des charges militaires. Déjà en 1772, l'année même du premier partage, Konarski prit l'initiative de fonder des écoles modèles. L'année suivante, 1773, par mesure d'ordre général, il fut créé une « Commission d'éducation nationale », le premier ministère d'instruction publique qui existât en Europe, qui devint ensuite une « Chambre d'éducation ». En 1776, les écoles possédaient, en Pologne, une fortune indépendante (3).

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<< Il est curieux de voir reprocher aux Polonais, tantôt leur incurable esprit anarchique, tantôt leurs tendances

(1) Le pourcentage d'accroissement annuel est 1,57 en Pologne, tandis qu'il n'est que 1,07 en Allemagne.

(2) M. Noir et Z. L. Zaleski, L'effort vital de la Pologne contemporaine. Paris, sans date : 3 mai 1917 ; pp. 2 et 30.

(3) H. Waliszewski, La Pologne inconnue pages d'histoire et d'actualité. Paris, Arm. Colin, 1909; p. 97.

réactionnaires, dominatrices, impérialistes. Ces deux reproches sont aussi injustes l'un que l'autre. S'il y eut parfois anarchie en Pologne, ce fut l'effet des agissements brutaux et perfides des Puissances voisines, la Moscovie et la Prusse. Si la Pologne, tout en subissant de si dangereuses épreuves, peut en sortir avec honneur, en affirmant sa vitalité, elle le doit aux qualités innées de la race polonaise, aux élans généreux de son âme chevaleresque, à son libéralisme sage et sincère » (1).

Le poète Krasinski exprimait la prière de l'âme polonaise, lorsqu'il demandait... « seulement, au milieu de l'explosion terrible des événements futurs, une volonté droite, nous vous supplions, ô Père, ô Fils, ô Esprit ! » (2).

Pour apprécier la pérennité de cette disposition d'esprit, il faut en suivre les phases à chacun des degrés de l'enseignement, connaître les ruses et les persécutions suscitées à la traverse, et surtout savoir la fertilité, le zèle, la souplesse et la persévérance des initiatives hardies et généreuses des Polonais de tout sexe, de tout âge et de tout rang, dans une indomptable union des

âmes.

Enseignement primaire

C'est sur les genoux de sa mère que partout l'enfant commence à balbutier. En Pologne c'est toujours en polonais qu'il entend les premiers mots; qu'il sollicite une réponse à ses premiers sourires; et c'est par un système exclusiviste de toute autre langue qu'on trouve la science linguistique au commencement de tout le grand effort vers la libération de la Pologne. Sous le fardeau de chacun de ses oppresseurs, c'est par

(1) Général du Moriez, France et Pologne : la paix française dans l'Europe Orientale. Paris, Payot, 1919; pp. 166-167.

(2) Comte Michel Sobanski, Premier Congrès catholique de Varsovie, 6 septembre 1921.

tout la ressource de l'unité nationale, le moyen de ne pas se laisser « dépoloniser » et le procédé de choix pour déjouer les artifices de ceux qui ont prétendu « dénationaliser » la Pologne.

La langue polonaise a été sauvée par les mères, qui ont fait dire la prière en polonais, qui ont appris le catéchisme en polonais, qui ont toujours pensé et aimé en polonais.

Lorsque sont venues les vexations et les persécutions, l'enseignement de la langue polonaise est devenu clandestin, comme une conséquence d'esprit de famille, à peu près dans la mesure du sentiment de la piété filiale, qui est le ciment le plus naturel et le plus fort pour faire l'union des humains entre eux. Ainsi s'expliquent les phases légendaires de la lutte entre les administrations oppressives et les défenseurs des libertés nationales. Les Polonais de Posnanie sont allés jusqu'à la grève scolaire des quarante-mille; plus tard, ils ont fait à Posnan les fameuses réunions électorales « muettes » ! Toute la Pologne s'est montrée ingénieuse, ardente et généreuse, sur le terrain des écoles primaires pour enseigner la langue polonaise. Cet enseignement, volontaire toujours, clandestin quand il fallait, est devenu un lien moral, constamment efficace, parfois poétique, pour unir les esprits, concerter les résolutions et soutenir les résistances jusqu'à la victoire, qui a rendu à la Pologne ses droits et sa liberté.

On ne l'oubliera jamais; la politique prussienne est définie par la célèbre lettre de Bismarck au prince d'Eulenbourg la politique d'extermination des peuples conquis. Datée du 7 février 1872, elle écrase d'abord la Pologne dans la Posnanie et la Silisie; plus tard elle a été étendue aux Danois du Slesvig, puis aux Français d'Alsace et de Lorraine.

Le premier coup fut porté à l'école, où se conservait l'esprit national. Des mesures administratives préten

dirent y imposer la germanisation, d'abord en Silésie en 1872; puis, en 1873, dans la Prusse orientale et dans la Prusse occidentale; enfin, en 1874, dans le grandduché de Posnanie. Ainsi que le remarquent MM. Noir et Z. L. Zalewski, la germanisation des écoles a été contemporaine du fameux Kulturkampf entrepris contre les catholiques allemands. Il était naturel que le clergé polonais participât à la défense nationale (1); et cette fidélité à la foi catholique donne la clef des événements actuels et de ceux qui vont suivre.

Ch. Sylvain a bien fait de rappeler les luttes de cette grande époque, où « le persécuteur ministre de Prusse fit condamner les évêques à l'amende, fit vendre leurs meubles pour payer le fisc; il alla même jusqu'à les déposer de leurs sièges et à les envoyer en prison. Les prêtres exilés, emprisonnés ou déposés furent remplacés par des curés schismatiques, avec lesquels les peuples catholiques refusèrent d'entrer en communication. Partout, l'épiscopat, le clergé, les fidèles s'attachèrent plus fortement que jamais au Saint-Siège. Pie IX en-' courageait les évêques d'Allemagne par ses conseils ; et, avec une liberté tout apostolique, il prenait publiquement leur défense. Jamais la puissance, l'autorité, l'hypocrisie de ses ennemis, pas plus que leurs menaces, n'arrêtèrent sur ses lèvres les protestations énergiques et les anathèmes... Parmi les premières victimes de cette persécution, il y eut Mgr Ledochowski, archevêque de Poznan et Griezno il fut arrêté le 2 février 1874 et jeté dans la prison centrale d'Ostrowo. Son coadjuteur le suivait de quelques mois dans la prison de Kosmin. Les évêques de Paderborn et de Cologne éprouvaient bientôt le même sort, alors que l'évêque de Trèves avait déjà subi, en 1871, 257 jours de prison... De 1874 à 1875, mille sept cents ecclésiastiques furent condamnés

(1) Page 38.

en Allemagne, à la prison ou à diverses autres peines. Les laïques n'échappaient point à cette persécution : plus de mille personnes furent victimes de condamnations aussi arbitraires et aussi injustes que celles subies par les évêques et les prêtres... Mgr Ledochowski était encore en prison, losqu'il apprit que Pie IX, voulant récompenser son courage et aussi, en sa personne, la vaillance apostolique de l'épiscopat allemand, lui avait décerné les honneurs du cardinalat. Quand il fut délivré de ses chaînes, le nouveau prince de l'Église fut contraint de subir l'éloignement de son troupeau ; et il vint chercher un abri et un refuge à Rome. Pie IX le reçut avec des honneurs exceptionnels; et il le garda près de lui, dans son palais du Vatican, où les vengeances et les haines de Bismarck cherchèrent vainement à l'atteindre »> (1).

Après quelques années de cette lutte entre le luthéranisme prussien et le catholicisme romain, la persécution fut menée sous une autre forme.

En 1886, des instituteurs allemands furent nommés dans les écoles polonaises. Ils se firent les instruments aveugles et brutaux de la « germanisation ».

Défense fut faite aux élèves de parler polonais pendant la classe et même pendant la récréation. Une inquisition astucieuse fut menée pour savoir s'ils parlaient polonais dans leur famille. La défaveur fut marquée pour les familles où on parlait polonais; et la révocation devint fatale, quand le père ou le fils jouissait d'un emploi de l'État... Ce régime de vexation outrageante et odieuse caractérise le système prussien qui prétend exterminer les peuples vaincus. Il était encore tyranniquement appliqué, pendant la grande guerre de 1914 à

(1) Histoire de Pie IX le Grand et de son Pontificat, 3o éd., III, pp. 235, 245 et 247.

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