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1918, dans les cinq mille écoles de garçons et de filles de Posnanie, de Haute-Silésie et de Prusse orientale, où les enfants polonais forment la majorité des écoliers.

En 1900, le gouvernement de Berlin décida d'imposer la langue allemande dans l'enseignement de la religion catholique, qui, jusque là, se donnait en polonais.

Le 20 mai 1901, à Wrzesmia, en Posnanie, fillettes et garçons refusent de toucher aux catéchismes allemands qui leur sont remis par l'instituteur. Celui-ci prétend imposer par la force la soumission à l'ordre ministériel. Les enfants polonais persistent à refuser; et ils sont battus si cruellement, que leurs cris attirent leurs parents. Qui peut s'étonner que les parents aient osé entrer dans l'école et réprimander l'instituteur ? Un procès est instruit ; et la jurisprudence prussienne est appliquée impitoyablement. Vingt personnes sont condamnées à la prison. Parmi elles se trouve une mère de famille, qui meurt dans cette prison et laisse cinq orphelins.

Le résultat c'est que l'indignation des familles gagne d'emblée tout le canton, puis toute la région. De concert. avec leurs parents, quarante mille enfants refusent de rentrer à l'école régie par la tyrannie prussienne.

Pour subir la rigueur des lois de la persécution des Polonais, les élèves et leurs parents ne furent pas seuls frappés il y eut, en outre, trente prêtres condamnés alors à plusieurs mois de prison. M. Marius-Ary Leblond, qui relève ce détail, caractérise « cette persécution, qui veut, selon un plan échafaudé, atteindre la race et, après la race, la famille par la religion. Cette persécution s'ingénie à briser corrélativement, l'unité de la famille polonaise, en enlevant au père l'autorité de l'éducation, et l'unité de la paroisse polonaise en réduisant progressivement la direction spirituelle du curé» (1).

(1) La Pologne vivante. Paris, 1911 ; p. 355.

C'est par ce système et par obnubilation de leur conscience, que les instituteurs prussiens traitent en ennemis leurs élèves polonais; ils les brutalisent de mille façons. Vers 1902, une fillette meurt d'accidents cérébraux quelques jours après avoir été battue; un jeune garçon, par crainte de l'école, essaie de se suicider. En janvier 1919, on annonçait que des enfants étaient fouettés, dans la Prusse orientale, pour avoir parlé polonais à l'école (1).

Les résultats de cette lutte contre la langue polonaise se traduisent par des faits notoires. Jamais la langue polonaise ne fut plus cultivée en Prusse occidentale et même en Prusse orientale, que de 1873 à 1914. Les journaux polonais se sont multipliés dans des proportions formidables. La librairie polonaise a fait de grands pro-. grès; et les œuvres patriotiques des écrivains polonais ont pénétré jusque dans les moindres chaumières polonaises.

La passion des représailles ne pouvait manquer d'égarer des esprits de Prussiens. En 1884, le gouvernement oppresseur fit une expulsion en masse de ceux des Polonais qui se trouvaient dans les provinces de l'Est sans pouvoir justifier de « la qualité de sujets prussiens ». Trente mille eurent ainsi la douleur de quitter leur foyer familial, pour y être supplantés par des colonistes allemands. Puis, l'administration hostile changea les noms polonais d'une foule de villes et de villages; et elle en vint à germaniser les noms de baptême des enfants polonais.

En 1908, elle poussa plus loin son système de vexations elle interdit l'emploi du polonais dans les réu

(1) Jules Lebreton, La résurrection de la Pologne. Paris, 1920 ; p. 174.

nions publiques, sauf dans les districts ayant au moins 60% de population polonaise. Or, à Poznan à cause du nombre extraordinaire de fonctionnaires allemands, la proportion des Polonais n'est que de 58 % de la population suivant la statistique allemande. Donc les réunions électorales ne peuvent pas se tenir en polonais. Dans la fidélité à la Patrie tant aimée, on prit une initiative adroite, hardie, mais imprévue en Prusse orientale. Plutôt que de parler allemand, les Polonais ont tenu des réunions électorales muettes. On était dans une école et on écrivait au tableau noir le nom du candidat polonais il était acclamé par toute l'assemblée des électeurs. Puis on inscrivait à tour de rôle, une des propositions, qui inspiraient l'âme de la Pologne : « Nous mentirions, si nous déclarions que nous aimons les Prussiens; nous les détestons de tout cœur »... « Personne ne peut nous défendre de croire à une future Pologne indépendante »... <<< Nous ne pouvons pas haïr quelqu'un plus que les Alle mands; ils nous apprennent quelque chose, le travail, l'ordre, la discipline. Nous nous en servirons contre eux »... La légalité était ainsi observée : on n'avait pas parlé polonais; mais le candidat polonais était toujours élu (1).

Une seconde grève scolaire fut provoquée, en 1906, par les décisions ministérielles, qui suppriment graduellement la langue polonaise pour enseigner la religion. Le 1er octobre 1906, 3.377 écoliers commencent la grève; puis le mouvement se propage et la moitié de l'effectif scolaire s'insurge au total, il y a 140.000 écoliers grévistes (2).

(1) G. Bienaîmé, Ce qu'il faut savoir de la question polonaise. Paris, sans date; p. 23.

(2) Docteur Nicaise. Cf. M. A. Leblond, La Pologne vivante. Paris, 1911; p. 355.

Quand les persécuteurs prussiens se décidèrent à renoncer aux châtiments corporels, ils firent pis encore. Par une légalité scélérate, le gouvernement fit tomber tout écolier gréviste sous le coup de la loi des enfants abandonnés. Par cette artificieuse procédure, le père qui avait été jusqu'au bout de son devoir pour défendre l'âme de son enfant, se trouvait administrativement déchu de son droit le plus sacré. Comment n'en aurait-il pas été exaspéré ?

On a beaucoup parlé de la grève scolaire de Pologne sous la domination prussienne, et c'est justice. « Cette grève fut éducatrice nationale. Elle raffermit l'esprit de révolte patriotique et la solidarité entre deux générations» (1). Par un seul geste, elle affirma la foi catholique, le droit imprescriptible de la famille, et la résolution de maintenir intégralement les traditions et tout l'honneur de la Pologne.

La lutte ainsi menée contre les prétentions de la Prusse a eu son juste retentissement au dehors. Les Polonais de Galicie étaient sous la domination de l'Empire austro-hongrois; mais, par une louable émulation, ils ont répondu mieux que jamais aux valeureux exemples de leurs frères et de leurs cousins de Posnanie, de Silésie et de Prusse; ils ont obtenu quelques libertés ; puis ils ont eu des Diètes particulières, et, par elles, le très précieux avantage de prendre des décisions autonomes sur les matières d'enseignement et d'éducation. Depuis longtemps, en Galicie, l'enseignement primaire est donné en polonais; mais le parallèle devient concluant, si on rapproche les chiffres de 1858 de ceux de l'année 1911-1912. Au lieu de 2.167 écoles, il y en a 6.000; et le nombre des écoliers, qui était de 103.900, s'est élevé à 1.128.000,

(1) M. Noir et Z. L. Zaleski, L'effort vital de la Pologne contemporaine. Paris, 3 mai 1917; pp. 46-47.

ce qui fait que le nombre des enfants de 6 à 12 ans est à peine inférieur de 100.000 au nombre total des enfants de cet âge (1). Le nombre des écoliers polonais a ainsi décuplé : c'est significatif pour une période où la population n'a même pas doublé : elle est passée de quatre millions et demi à huit millions. En Galicie autant qu'en Posnanie, mais d'une autre manière, on travaillait judicieusement en vue d'un avenir de libération, comme s'il devenait plus prochain.

Dans le même temps, la Pologne du Congrès de Vienne (1815) subissait un contre-coup de même sorte. Les fonctionnaires russes n'avaient rien de ce qu'il faut pour donner aux enfants polonais l'instruction primaire, dont leurs parents éprouvaient le besoin. Il fallait y pourvoir en dehors des administrations publiques.

Les initiatives polonaises se sont trouvées seules pour donner cet enseignement et pour mener l'éducation des générations nouvelles. Il leur était naturel d'y introduire le caractère de la tradition nationale; c'était une sorte de continuité, presque spontanée, dans l'intimité des familles, où on avait commencé à parler polonais en disant la prière et en apprenant le catéchisme.

Après l'acte impérial de 1905, le gouvernement russe se décida à satisfaire une partie des revendications de la jeunesse.

L'école libre polonaise, enfin autorisée, fut immédiatement constituée par l'effort de la Société. Elle fut polonaise au point de vue de la langue, sauf pour quelques matières, ainsi qu'au point de vue de la direction et du personnel enseignant (2). Malgré les obstacles accumulés avec persistance par les sphères dirigeantes, elle n'a pas cessé de se développer jusqu'à la guerre.

(1) M. Noir et Z. L. Zaleski, l. c., p. 57.

(2) Varsovie, 9 juillet 1914. Revue HEBDOMADAIRE.

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