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blème monothéiste aux temps pléistocènes » (p. 5 du tirage à part); le monothéisme est « la thèse que le P. Mainage pousse méthodiquement à travers tout son livre » (p. 9); à cette thèse, j'ai subordonné le rajeunissement de l'homme de Chelles (p. 10) ; j'ai écrit (p. 372), que le monothéisme quaternaire est une «< induction fondée sur la foi en une révélation primitive », et « cette petite phrase est peut-être l'explication de tout le volume » (p. 18).

Il y a là, certainement, un malentendu que je tiens à dissiper.

J'aurais donc écrit un volume grand in-8° de 450 pages (non 1500, cf. p. 11); j'aurais condensé les résultats acquis depuis une soixantaine d'années à la préhistoire ; j'aurais promené mes lecteurs, durant d'interminables chapitres, à travers les cultes étranges, sauvages en un sens, de nos ancêtres de l'âge de la Pierre ; j'aurais, d'après mes guides, rendu, rappelé à la vie les rites magico-religieux des grottes, les sorciers, les danses masquées, dans quel but ? Pour établir que nos vieux paléolithiques avaient gardé des survivances de la révélation primitive?

Car enfin, c'est bien le reproche que le R. P. m'adresse. Le monothéisme que j'attribue aux quaternaires est un anneau dont je me serais servi pour attacher la religion paléolithique aux croyances du premier couple humain. Système dangereux ne donne-t-il pas à supposer aux incrédules que les apologistes chrétiens défendent toujours la thèse concordiste des survivances? Il est vrai que cet inconvénient est inséparable, au moins dans l'esprit des gens prévenus contre la foi, de tous les systèmes apologéiques. Le R. P. Charles et moi, nous serons, par eux, taxés de concordisme aussi souvent que nous nous proposerons d'accorder le dogme chrétien des origines humaines avec les données de l'anthropologie préhistorique. Cela n'empêche pas que certaines trouvailles concordistes ont plus de chance de répondre, sinon aux incrédules dont le siège est fait, du moins aux exigences actuelles de la science. Pour ma part, je souhaite sincèrement et sans arrière-pensée, que l'hypothèse esquissée à grands traits par le R. P. Charles dans les dernières lignes de son article, prenne corps et consistance, surtout si quelques anthropologues catholiques

jugent à propos d'entr'ouvrir les portes à l'hypothèse transformiste.

Au surplus, si je m'étais rallié à la thèse des « survivances », je me serais rencontré en bonne et docte compagnie. Quoi qu'en dise le R. P. Charles, cette thèse est au bout de la théorie développée par le P. Schmidt dans la Révélation primitive (ch. IV). Elle est, aussi, nettement affirmée par Mgr Le Roy, dans la Religion des primitifs (conclusion).

Et pourtant j'ai l'honneur d'informer mon aimable contradicteur que cette thèse n'a jamais été, n'est point, et ne sera probablement jamais la mienne. L'opinion d'après laquelle il serait possible de recueillir, soit chez les Primitifs de la Préhistoire, soit chez les Primitifs actuels, un écho affaibli de la Révélation surnaturelle, je ne la partage pas. Je ne la partage pas parce qu'elle m'a toujours paru fragile et, surtout, invérifiable. Que la divine parole communiquée à Adam avant la chute ait pu laisser quelques traces dans l'âme des premiers hommes, il n'y a là rien que de très vraisemblable. Retrouver ces traces, avec les moyens d'investigation dont nous disposons aujourd'hui, me paraît une entreprise chimérique. Autant chercher la trace d'un navire sur la surface du mobile océan. Trop de distance sépare quel que soit d'ailleurs le système chronologique adopté les premières humanités accessibles à la science, ethnographique ou préhistorique, de l'humanité primitive au sens absolu de ce terme ; trop d'événements ont passé, que nous ignorons; trop de tendances nouvelles, que nous sommes incapables de caractériser, se sont fait jour pour que nous puissions entretenir l'espoir de jeter «< un pont de lianes sur l'abîme ». Voilà toute ma pensée, et je n'en ai pas d'autre que celle-là.

Lors donc que le R. P. Charles écarte ma thèse des survivances, il se donne un mal inutile. Lorsqu'il écrit : « Essayer de découvrir expérimentalement (chez les hommes préhistoriques) des traces de la révélation primitive, sous forme de souvenirs conservés de traditions tribales ou de rites religieux, c'est sans doute entreprendre une étude impossible, comme d'établir géographiquement les limites du Paradis perdu, ou de rechercher le tombeau d'Ève » IV. SÉRIE. T. 1.

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il prêche à un homme convaincu d'avance, car je suis tout à fait de son avis.

Et maintenant je mets au défi le R. P. Charles de citer un seul texte de mon livre où j'aie pris position en faveur de cette thèse.

Le monothéisme quaternaire, aurais-je affirmé, est « une induction fondée sur la foi en la révélation primitive ». Ce texte, je le rétablis dans son intégrité : « L'existence d'un monothéisme paléolithique n'est pas seulement une induction fondée sur la foi en une révélation primitive. Il rentre de plein droit dans le champ de la perspective scientifique. Il est la conclusion logique des principes de la méthode ethnographique. A ce dernier titre, nous l'admettons au moins comme une hypothèse très vraisemblable ». Voilà ce que j'ai dit. Cette manière de m'exprimer ayant induit mon critique en erreur, j'ajoute ici un commentaire. Certains apologètes catholiques, partant de l'idée de révélation primitive, se croient autorisés, partout où ils saisissent les vestiges des croyances monothéistes, à rattacher ces croyances à la révélation elle-même. Cette opinion étant professée par des savants remarquables, éminents, je ne me crois pas en droit de la biffer d'un trait de plume, parce qu'elle n'est pas vérifiée par les résultats des fouilles.

Et voilà pourquoi j'écris : «L'existence d'un monothéisme paléolithique n'est pas seulement une induction fondée sur la foi en la révélation primitive », et cet adverbe « seulement » contient une réserve à l'endroit d'une méthode qui me semble, dans l'espèce, sujette à caution. J'ai dit tout à l'heure mes raisons ce sont celles-là mêmes que le R. P. Charles se donne la peine, bien superflue, de me rappeler. Et comme je n'adhère pas à l'opinion précitée, je me hâte d'ajouter : « Il rentre de plein droit dans le champ de la perspective scientifique ». Y rentre-t-il parce que son existence est prouvée ? Nullement. Un objet rentre de plein droit dans le champ de la perspective scientifique lorsqu'il peut, à un titre défini, se réclamer d'une science légitimement fondée. Et l'échelle de la probabilité scientifique comporte des degrés à l'infini. Mais quelle est cette science? Est-ce l'archéologie ? J'ai dit assez nettement, je suppose, que l'archéologie n'apportait aucun témoignage positif. Cette science, c'est l'ethnographie.

Ici, le R. P. Charles me blâme de substituer le « livre au document », le « système au réel ». Je ne substitue pas le livre au document, le système au réel. Je supplée, dans la mesure où cela est permis, à la réalité archéologique en carence, par la réalité ethnographique, qui peut-être fournira des indications utiles. Je ne m'illusionne pas, d'ailleurs, sur la valeur du critérium ethnographique. En préhistoire, l'ai-je assez répété ? - le document ethnographique, séparé du document archéologique, perd une grande partie de son autorité. En tout état de cause, la réalité d'un monothéisme quaternaire sera donc une hypothèse. Et à supposer que cette hypothèse se présente comme « très vraisemblable », elle ne sera telle qu'au seul point de vue ethnographique, c'està-dire dans un ordre de probabilités inférieur à l'ordre des probabilités archéologiques.

Il y a là, on le voit, une série de nuances qui ont dû échapper au R. P. Charles. Qu'après cela, il m'ait échappé, à moi aussi, quelques expressions qui, sorties de leur contexte, pourraient donner prise à des malentendus, cela est possible. La critique ne doit-elle pas toujours garder présents à l'esprit les principes de la discussion, et, à ces principes dûment établis, rapporter tout le reste ?

J'ai proposé, me dit-on, «< la solution du problème monothéiste aux temps pleistocènes ». Encore un passage qui, séparé de son contexte, donne prise à l'équivoque. J'ai écrit : « Voyons, pour terminer, les conséquences qu'implique cette solution du problème monothéiste aux temps pléistocènes ». Je n'ai donc pas proposé la solution du problème, comme si ma solution était la seule possible. J'ai proposé plus modestement une solution, dont je vais tirer les conséquences. Mais, puisque cette solution est hypothétique, toutes les conséquences qu'on en pourra tirer seront également hypothétiques. Alors, je ne comprends plus le sens de ces lignes du compte rendu (p. 5): « Nous sommes encore dans les pures hypothèses sans consistance: mais voici que, sans transition aucune, on nous propose « la solution du problème monothéiste aux temps pléistocènes ».

Le R. P. Charles suppose en outre que j'ai établi un lien entre ma «< thèse » des survivances, et mon «système » chronologique. « Ce monothéisme quaternaire, c'est bien à la

révélation primitive qu'il le rapporte. Il l'appelle « une induction fondée sur la foi ». Dès lors, il y a un intérêt capital à raccourcir autant que possible la série des siècles qui séparent nos moustériens des origines de l'humanité ». Ce dès lors est pour moi très rassurant. Car si la révélation primitive n'a rien à voir avec mes considérations hypothétiques sur le monothéisme quaternaire, le raccourcissement de la chronologie n'est plus solidaire de ce malencontreux dessein. Mettons donc que j'ai été trop timide dans mes évaluations de la durée probable des temps pléistocènes. Là encore je me trouve en bonne compagnie. Dans son ouvrage sur les Premières civilisations, M. J. de Morgan, qui est un géologue, qui a fait des fouilles, et qui, au surplus, ne professe pas la théorie des survivances, réduit, par comparaison avec la vitesse des glaciers du Groënland, l'évolution du phénomène glaciaire tout entier, à une période d'un millier d'années. Et il ajoute : « On voit combien ce nombre de 1.000 années est peu en rapport avec l'idée que, fréquemment, on s'est faite de la durée des temps glaciaires. Il ne peut, il est vrai, être pris que comme un minimum, en supposant que le premier mouvement d'extension a de suite précédé le mouvement définitif de recul, ce qui n'a pas eu lieu; mais en accordant 2.000 ans à ces oscillations, on n'obtient encore qu'un nombre de 3.000 années pour la durée totale de l'évolution complète dans nos pays » (1). Cette opinion extrêmement modérée n'est pas éloignée de celle que professait un autre géologue, M de Lapparent (2). Si donc j'avais entretenu le vain espoir de faire triompher, sur le terrain de la Préhistoire, la théorie des survivances, j'aurais eu beau jeu pour invoquer des autorités compétentes. Je n'ai pas même cité les noms de ces deux savants, dent l'opinion m'était pourtant bien connue. Et je ne les ai pas cités parce que, dégagé de toute théorie préconçue, j'ai employé, pour obtenir une date acceptable, un procédé de simples moyennes. Ce procédé a paru sommaire. Je n'y tiens pas. Si les géologues estiment que le déroulement des périodes glaciaires, depuis l'interglaciaire Riss-Würm, jusqu'à

(1) Op. cit., pp. 88-89.

(2) Les silex taillés et l'ancienneté de l'homme, p. 118.

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