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la période post-glaciaire, requiert une série de 40 à 50 millénaires, je n'y vois aucun inconvénient. Ma théorie des survivances n'en sera pas atteinte, puisque cette théorie je ne l'ai jamais soutenue.

Mon contradicteur me dira peut-être : « Quel intérêt y avait-il à écrire ce malencontreux chapitre, du moment que vous n'admettez plus la possibilité de découvrir la trace de la révélation « primitive»?» Si, mon Révérend Père, il y avait un intérêt, et cet intérêt n'est pas aussi étranger que vous pourriez le croire à vos propres préoccupations.

Je l'avoue sans honte, si la théorie des survivances n'en-. trait nullement dans la perspective de mon « stupéfiant labeur », il existe, en revanche, une autre théorie qu'il me paraît beaucoup plus opportun de déloger de l'histoire des Religions. Et cette théorie, c'est l'application rigide, féroce, des principes de l'évolution à la vie religieuse de l'humanité.

Croyez-vous, mon Révérend Père, qu'un historien des Religions, appelé, par le plan général de ses travaux, à s'occuper de Préhistoire, puisse perdre de vue une théorie qui, si elle était vérifiée, justifierait l'hypothèse prélogique d'un Lévy-Bruhl et les théories préanimistes de plusieurs ethnographes étrangers, anglais ou allemands? La thèse des survivances de la Révélation primitive? Hélas! nous n'en sommes pas encore là, et pour l'instant, il s'agit de savoir si la structure mentale de l'homme est une depuis l'époque reculée où elle nous devient accessible. Et si, d'aventure, cette unité de la structure mentale de l'homme était brisée, il ne nous servirait à rien d'avoir ébauché un nouveau système de concordisme pour réconcilier l'anthropologie avec la Bible. Entre l'époque de la chute, que vous reculez à perte de vue, dans l'abîme insondable des millénaires, et nous, un hiatus se creuserait, durant lequel l'homme n'aurait pas été spécifiquement un homme. Et je ne crois pas qu'il y ait un seul penseur catholique qui consentirait à souscrire à cette conception, singulièrement neuve, des effets de la chute originelle. Or, j'estime, à ce point de vue, qu'il est préférable, sur l'abîme, de jeter « un pont de lianes >>> plutôt que de ne rien jeter du tout. A condition, toutefois, que le « pont de lianes » ne soit pas un fil d'araignée. L'ar

chéologie préhistorique, pour les époques les plus reculées, n'offre, à cet égard, qu'une prise bien insuffisante Son silence ne me convainc pas, car, chacun le sait, l'archéologie ne dit pas tout. D'autre part, l'ethnographie, loyalement interrogée, semble révéler, dans les couches les plus profondes de la civilisation humaine, des tendances religieuses assez élevées. J'en conclus que, sur un domaine nettement caractérisé, l'unité mentale de l'espèce humaine, du haut en bas de l'échelle civilisatrice, se trouve réalisée. Je constate, par ailleurs, l'accord à peu près unanime des préhistoriens touchant la similitude, en bloc, des Primitifs actuels et des Primitifs de la Préhistoire. L'unité de l'esprit humain, réalisée dans l'espace, se trouve donc réalisée dans le temps. Qu'il y ait, dans ce travail inductif, une part incontestable de conjectures, je le reconnais. Il y en a tout de même un peu moins que dans les inductions téméraires d'un partisan de la doctrine piélogique ou préanimiste. Et s'il m'arrive de citer mes sources à travers un livre de M. Lévy-Bruhl, par exemple, c'est parce que ces sources, citées par M. LévyBruhl, se retournent parfois, agréablement, contre le système soutenu par l'auteur. En tout cas, le « pont de lianes » est jeté. Et le monde savant sera averti, une fois de plus, qu'en dehors des grands pontifes de l'évolutionnisme religieux, il existe d'autres autorités dont l'opinion peut être consultée avec profit. Car si je cite M. Lévy-Bruhl et ses semblables, je cite, parallèlement, les ethnographes de l'autre camp, dont je me garde, pourtant, d'adopter, s'ils l'ont enseignée, la théorie des survivances (1).

Et voilà le secret de ce malheureux chapitre sur le monothéisme quaternaire. Certains préhistoriens me sauront peut-être mauvais gré de l'avoir écrit, parce qu'il n'est pas <<< une leçon de la pioche ». Les historiens des religions seront sans doute moins sévères.

En tout cas, le malentendu, j'ose l'espérer, est maintenant dissipé entre le R. P. Charles et moi. Sur le fond, nous som

(1) C'est dans ce sens que j'ai cité, dans la dernière note du Ch. III, l'excellent onvrage du P.Schmidt, I.a revelation primitive et les données actuelles de la Science. Pour autant qu'il souligne la continuité de l'esprit humain, d'où résulte, pour les temps primitifs, la possibilité d'une révélation surnaturelle, ce livre garde tous mes suffrages.

mes parfaitement d'accord. L'étude sur le monothéisme se rattache à une préoccupation étrangère à celle qu mon critique, dont je tien à reconnaître ici la haute compétence scientifique, a cru pouvoir m'attribuer.

TH. MAINAGE, O. P.. Professeur d'Histoire des Religions à l'Institut catholique de Paris.

Laissons de côté les détails et ne parlons ni des personnes ni des intentions.

1o Je retiens avec une sincère gratitude la déclaration très nette du P. Mainage : « Trop de distance sépare les premières humanités accessibles à la science ethnographique ou préhistorique, de l'humanité primitive au sens absolu du terme... pour « que nous puissions entretenir l'espoir de jeter un pont de lianes sur l'abîme ». Il nous dit que c'est là toute sa pensée, et qu'il n'en a point d'autre. Pas de pont de lianes possible entre les origines et nous; ni l'ethnographie ni l'archéologie n'y suffisent et seule la foi pourra nous en parler.

Pourquoi le P. Mainage n'a-t-il pas arrêté là sa réponse ! La suite me brouille un peu la vue. En nous expliquant la genèse laborieuse de son dernier chapitre et la subtile stratégie dont il a usé vis-à-vis de M. Lévy-Bruhl, il avertit «< une fois de plus, le monde savant » que le « pont de lianes est jeté » par la méthode ethnographique. Il s'agit bien d'un pont jeté par la science expérimentale et reliant l'humanité des origines aux primitifs d'aujourd'hui.

« Le pont est impossible » — « Le pont est jeté » ; nous craignons que des esprits chagrins, trop dédaigneux des nuances, ne se scandalisent de ce qu'ils appelleront peutêtre une antinomie.

2o Et leur embarras augmentera quand ils entendront mon savant contradicteur affirmer que la thèse des survivances est «< au bout de la théorie ethnographique du P. Schmidt, « quoi qu'en dise le P. Charles ». Cette doctrine du P. Schmidt, le P.Mainage la fait sienne; il nous dit qu'elle entraîne comme conséquence la thèse des survivances; dès lors suis-je vraiment coupable de lui avoir attribué cette thèse ? Il doit y avoir là quelque finesse qui m'échappe.

30 J'avoue aussi qu'il m'est impossible de voir pourquoi le dernier chapitre d'un livre est moins important que les autres, ou pourquoi le titre « Au-delà de l'archéologie >> ne peut recouvrir que des idées auxquelles l'auteur n'attache pas grande importance. En toute bonne foi, je me suis imaginé tout juste le contraire et j'ai vu (serais-je le seul ?), dans ce titre, un point culminant et dans la conclusion du livre le terme auquel il s'achemine. Ne dit-on pas dans nos écoles thomistes primum in intentione, ultimum in executione? et la Résurrection n'est-elle pas au bout de l'Évangile ?

Dès lors, puisque dans ce chapitre, le P. Mainage nous dit que le « monothéisme quaternaire n'est pas seulement une induction fondée sur la foi», c'est qu'il est en outre vérifié par l'expérience. Mon savant contradicteur me déclare que ce mot « seulement » indique une réserve, une restriction. Ici je ne comprends plus. C'est la négation qui me gêne. «Non seulement... mais encore »... est-ce une restriction ou une progression? En tout cas, c'est toujours dans ce dernier sens que nous l'entendons en Belgique quand nous essayons de nous exprimer en français et c'est bien. certainement ce que l'auteur de ces lignes a voulu dire, lorsque, s'occupant ailleurs (1) des Religions de la Préhistoire, il a écrit qu'il fallait « non seulement féliciter,mais remercier » le P. Mainage.

PIERRE CHARLES, S. J.

Aux arguments nouveaux et déjà plus lointains, du R. P. Charles, je vois peu de chose à répondre :

1o Primum in intentione est ultimum in executione. Soit. Mais à une condition: c'est que cet ultimum in executione soit, vraiment, primum in intentione. Et puis, mon aimable contradicteur ne décide-t-il pas, en première ligne, de ne point parler des « intentions » ?

2o Entre le « pont de lianes » dont je me sers pour relier si possible la structure mentale de l'homme actuel, à la structure mentale de l'homme primitif, et le « pont de lianes » par lequel j'aurais voulu relier la religion paléolithique

(1) Cfr. la REVUE BIBLIOGRAPHIQUE, Nov. 1921, p. 616.

à la religion révélée, il y a toute la distance qui sépare l'investigation d'un fait naturel, de l'investigation d'un fait surnaturel. Le R. P. est certainement trop bon « thomiste » pour oublier que ces deux ordres de faits ne se prêtent plus au même traitement. On peut donc jeter l'un de ces « ponts de lianes » sans prétendre jeter l'autre.

3o Pour le reste, la discussion étant ramenée à préciser une nuance de la langue française, je préfère ne pas insister. Cette abstention ne m'empêche point, d'ailleurs, d'offrir mes remerciements, non seulement au R. P. Charles, mais à Pierre de Bézoart, pour les bienveillants éloges qu'ils ont décernés à mon modeste ouvrage.

TH. MAINAGE, O. P.

Je ne vois plus d'intérêt scientifiqne à prolonger ce débat.

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Depuis qu'au XVIIe siècle il est entré dans la littérature de vulgarisation scientifique, le problème de la baguette divinatoire a suscité périodiquement des polémiques sans grand résultat. A plusieurs reprises des enquêtes ont été annoncées, des documents sollicités; puis le découragement ou le scepticisme des chercheurs a ramené le silence. Peutêtre la complexité de la question n'était-elle pas toujours suffisamment aperçue de ceux qui avaient hâte de prononcer un jugement définitif, pour ou contre les sourciers. Peut-être la crainte de ressusciter je ne sais quel mesmérisme, de favoriser les occultistes, détermina une sommaire condamnation de principe, fit déclarer qu'il n'y a pas de problème de sourciers.

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