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Enseignement technique

Dès le début de leur formation, toutes les sociétés polonaises professionnelles réclamèrent l'introduction de la langue polonaise dans leur vie administrative. Il en fut de même pour les sociétés d'assistance et pour les institutions économiques entre Polonais. Les paysans, appuyés sur leurs organisations clandestines, demandèrent davantage. Malgré les sourdes menées de s commissaires du gouvernement, ils demandèrent l'introduction de la langue polonaise dans l'administration des communes, des justices de paix et des écoles.

Il ne saurait être question de reprocher aux groupements professionnels une sorte d'ingérence dans les affaires scolaires. Il y a longtemps que la plus grande partie des écoles libres de Pologne se trouve sous la protection des institutions sociales, qui leur garantissent l'existence matérielle : Société d'agriculteurs, Société des Ingénieurs. Conjointement il y a des organisations spécialement fondées dans le but de faire fonctionner les écoles libres. Sur ces bases il y eut des progrès, qu'il ne faut ni méconnaître, ni exagérer.

En 1905, vingt mille élèves environ fréquentaient les écoles officielles de la Pologne du Congrès. Le « boycottage », qui toucha surtout les classes supérieures, leur en enleva plus de sept mille.

En 1913, l'école polonaise s'était organisée sur des bases nouvelles. Le succès lui est tellement venu, que le chiffre des élèves est monté à quarante mille pour les écoles libres, tandis que celui des écoles officielles n'a pas pu dépasser le retour au chiffre de vingt mille. A la même époque, le nombre des écoles officielles était 69; celui des écoles libres 158 (1).

(1) REVUE HEBDOMADAIRE, 9 juillet 1914; p. 158.

Il n'est pas jusqu'au Parti socialiste polonais, qui n'ait subi l'influence du grand mouvement de régénération. «Tout ce mouvement de toutes les nuances politiques, depuis l'internationalisme jusqu'au nationalisme, reste comme enveloppé d'une teinte idéaliste, qui s'exprime dans un travail fervent d'autodidactisme, d'instruction en général, en même temps qu'il garde la faculté de se sacrifier pour l'idéal politique de toute la nation »> (1).

Mettant à profit de nouvelles lois, les Polonais ont fondé neuf écoles supérieures, des cours divers, une Université libre, des Cours scientifiques, des Cours supé-. ricurs pour jeunes filles, une École supérieure d'agriculture. L'ensemble forme comme les diverses Facultés d'une Université. Le nombre des élèves dépasse 2 300. Ainsi la grève scolaire, loin de nuire (comme certains l'ont prétendu) à l'instruction générale du pays, contribua puissamment à son développement.

En outre, elle a poussé les forces latentes de la société à se révéler, à s'organiser et à fonder, dans les conditions. les plus difficiles, l'édifice solide de l'école polonaise (2). Ces actes d'initiative, échelonnés de 1905 à 1914, préparaient les esprits aux perspectives d'une Pologne indépendante.

L'agriculture, qui a toujours été le fond même des ressources nationales de la Pologne, profita, naturellement la première, du développement de l'instruction et de la relative liberté d'association. Tout un système de coopératives et de cercles agricoles fut établi et couronné par la vaste organisation de la Société centrale des agriculteurs, qui dirige toute la vie rurale en Pologne.

La même puissance a déterminé une sorte d'enseignement ambulatoire pour les agriculteurs au moyen des coopératives (3).

(1) M. Noir et Z. L. Zaleski ; p. 34.

(2) Ibid., p. 29.

(3) Ibid., p. 30.

A mi-chemin entre Lwow et Varsovie se trouve un centre agricole de grande importance. C'est Lublin où M. Edmond Privat a le mieux senti battre le coeur de vieille cité pittoresque, où l'on vit en

la Pologne, famille (1).

Trois fois la guerre de 1914-1918 a menacé Lublin, au Sud, à l'Est et à l'Ouest. Les habitants ont vu le ciel rouge des batailles flamboyer devant leurs fenêtres. La canonnade leur imposa de rudes veilles ; et l'invasion leur parut imminente. Un jour même ils virent partir les fonctionnaires russes, et ils formèrent leur Comité municipal pour administrer la ville avec le gouverneur qui restait à son poste. Le péril engendrait presque l'autonomie. Cependant l'orage s'éloigna. Alors l'administration impériale revint au complet; mais le Comité resta pour s'occuper des indigents et des chômeurs.

Même en temps de paix les meilleurs citoyens de Lublin savent grouper leurs efforts; et, malgré des obstacles inouïs, l'initiative privée et collective a su créer, d'une manière admirable, les services publics et sociaux que l'État néglige d'organiser. Après avoir admiré la société agricole, que préside l'ancien député Jean Stecki, M. Edmond Privat a visité des hospices, des asiles de vieillards, un orphelinat, des garderies d'enfants, des dispensaires et d'autres institutions, qui témoignent de ce que pourrait faire une municipalité polonaise, à laquelle on permettrait d'exister librement. La race polonaise a le goût et le génie de l'activité sociale. Avec son intelligence rapide et claire, doublée d'un sens artistique raffiné, je crois, ajoute M. Edmond Privat, qu'elle pourra faire de grandes choses quand on lui rendra sa place au soleil parmi les nations de l'Europe moderne (2).

(1) La Pologne sous la rafale. Paris, sans date; p. 30. · (2) Ibid., p. 31.

L'avenir s'éclaire davantage quand on sait la collaboration de la femme polonaise. Il y a longtemps que les nécessités de la vie publique et celles de la vie guerrière, en absorbant l'activité de l'homme, ont obligé la femme à s'occuper entièrement des affaires de famille en Pologne. Sa responsabilité y était devenue plus grande que dans les autres pays. Cette responsabilité implique une certaine mesure d'indépendance; elle impose une sorte de résolution ferme et persévérante, non pour le sentiment, mais pour l'action. Au moment des désastres, la femme polonaise est devenue une aide et un soutien pour tout son entourage. Il s'est passé, en Pologne, quelque chose d'analogue à ce qui s'est passé en Belgique et en France envahies pendant la grande guerre de 1914-1918.

Après l'insurrection de 1863, le pays se trouvait démuni d'hommes. Les hommes avaient été tués ou déportés en Sibérie. La vie économique traversait une crise profonde et compliquée. Il fallut dès lors utiliser les énergies féminines... La femme prit la direction des affaires et la gérance des biens, tout en accomplissant son œuvre de charité et de dévouement. Plutôt timide par tempérament quant à l'initiative, mais par contre douée d'une endurance plus grande, et avantagée par un sens de l'économie basé sur l'habitude de l'épargne, la femme polonaise fut tout d'abord un élément de sauvétage, puis un facteur puissant de conservation nationale. Durant cette période de transition difficile et brusque, elle sauva du rachat ou de la ruine en Lithuanie et en Ruthénie, de nombreux biens et propriétés.

Plus tard, élargissant son champ d'action, et diversifiant ses moyens dans le domaine intellectuel, riche de l'expérience d'une lutte prolongée, elle entra comme facteur décisif dans le combat contre la dénationalisation elle défendit au foyer la langue nationale (1).

(1) Pp. 35-36.

Grâce à une certaine faculté d'inadaptation, elle soutint la continuité de la tradition polonaise; elle forma un puissant élément de résistance. Ce fut elle qui, en fondant les écoles, monopolisa pendant de longues années l'enseignement des jeunes filles pour les protéger contre le contact de l'école russe.

Ainsi, par l'importance de son rôle économique, par son travail, par son dévouement à la cause patriotique, la femme polonaise devint émancipée presque sans le savoir. Quand toutes les forces nationales se levèrent, vers 1905, la femme entra dans la lutte avec une certaine vitesse acquise. Consciente de son rôle, instruite de ses droits comme de ses devoirs, elle n'apporte pas avec elle ces tâtonnements, ces essais extrêmes, que l'on rencontre dans les revendications féminines des autres pays; car elle a acquis d'avance la liberté de ses mouvements.

Profitant d'une certaine liberté d'association, et tout en prenant une part active dans les organisations d'ordre général, les femmes de Pologne ont fondé des Cercles, des Sociétés, où elles s'occupent exclusivement des intérêts féminins. Un syndicat des ouvrières de l'aiguille existe à Varsovie; et bien d'autres groupes semblables sont établis dans les villes de province.

En 1906, il fut fondé une Maternelle scolaire; mais elle fut dissoute dès 1907 par décision des autorités administratives russes (1). Pendant les dix-huit mois de son existence légale, la Maternelle scolaire a établi, dans les six gouvernements du royaume de Pologne, huit cents écoles primaires fréquentées par plus de 63 000 enfants; elle a formé une Université populaire; et, dans treize localités de province, elle a organisé des cours pour adultes. Elle a dirigé quatre cents asiles et ouvert au public

(1) On prétend que le gouvernement russe ne l'a prononcée que sous la pression du gouvernement allemand.

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