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les portes de huit cents bibliothèques et cabinets de lecture.

En ces dix-huit mois, les souscriptions bénévoles en faveur de l'œuvre ont atteint trois millions de francs. Après la dissolution inattendue de la Maternelle scolaire, les Polonais ne se découragèrent pas (1). Lorsque quelques mois furent écoulés, on vit avec quelle souplesse ils s'étaient maintenus dans la légalité; à la place d'une seule Maternelle scolaire, il y eut toute une série d'organisations, scolaires. On fit divers Cours pour adultes. Des écoles normales furent formées; et elles fonctionnèrent indépendamment les unes des autres. L'œuvre difficile de la Maternelle scolaire avait été administrativement supprimée; par l'initiative féconde des Polonais, mais sous d'autres formes, elle subsista quand même.

Sur ce terrain encore, par une active diffusion des études, par un enseignement libre et patriotique, on préparait une résurrection, nationale, sans se soucier de la date, ni de la nature de l'événement libérateur.

Enseignement supérieur

Dans le domaine du haut enseignement, le gouvernement austro-hongrois, longtemps manœuvré par les deux autres puissances co-partageantes, en est venu à concéder plusieurs libertés aux Polonais, dont l'aptitude scientifique avait été plus d'une fois utilisée au profit de tout l'Empire. Les Universités de Cracovie et de Leopol en ont bénéficié. En 1895, elles n'avaient en tout que 532 étudiants. En 1907-1908 elles en comptaient plus de 8 000.

Le gouvernement prussien est toujours demeuré tyrannique, tandis que les administrations russes ont

(1) M. Noir et Z. L. Zaleski ; p. 29.

plusieurs fois subi les fluctuations de la politique générale.

Toutes les fois que des entraves furent mises à la liberté, surgirent, dans les Universités, deux sortes de résistances aux oppresseurs.

Du côté des étudiants, ce fut l'esprit de corps entre Polonais et simultanément l'esprit de contradiction, puis d'opposition, et enfin de révolte contre les oppresseurs, révolte libératrice et studieuse, nullement nihiliste, ni anarchique, pas même destructrice.

Du côté des professeurs, ce fut cette manière d'indépendance irréductible, qu'inspire la notion claire des vérités certaines. Il en résulte un mépris insondable pour tous ceux, quels qu'ils soient qui entravent les expressions et les manifestations de la vérité. Et c'est. ainsi qu'il s'est trouvé des professeurs polonais, débarrassés du souci des contingences, pour enseigner avec éclat, non seulement à Cracovie et à Leopol, mais encore en Suisse, en Amérique, en France et partout où ils trouvaient une chaire pour professer sans ambages leur part de vérité technique exempte de compromission ou d'arrivisme.

A Varsovie, il y avait, au temps du Duché créé par Napoléon (1808-1814), une école de droit et une école de médecine. Après le Congrès de Vienne (1815), ce groupe devint une Université, qui, à dater de 1818, sc composa des cinq Facultés, qui sont d'usage régulier. Après l'insurrection de 1831, toutes les Universités de Pologne furent fermées, celle de Varsovic comme les autres.

Après la guerre de Crimée de 1854-1855, la Russie reconstitua, non pas une Université, mais une simple. école de droit et simultanément une école de médecine et de chirurgie. En 1862, ces deux écoles devinrent des Facultés de la « haute école », en polonais Szkoła Glowna (équivalent du terme Université). Après l'insurrection

de 1863, les tracasseries furent renouvelées; les mécon tentements aussi.

En 1869, l'Université polonaise de Varsovie fut remplacée par une Université russe. On y favorisa les étudiants originaires de la Grande-Russie. « Des facilités leur furent consenties aux examens... >>

(1).

Ce fut un avantage pour les arrivistes, un fatal abaissement du niveau des études.

Ainsi qu'on pouvait s'y attendre, ce système se heurta à une opposition acharnée de la part des étudiants polonais. Beaucoup d'entre eux, échappant au système pédagogique russe, se rendirent dans les Universités étrangères. Ceux qui restèrent firent entendre de fréquentes protestations, qui, au début surtout, demeurèrent absolument vaines... Seuls les bouleversements de l'Empire russe, en 1905, firent aboutir le mouvement protestataire des étudiants.

Du 28 janvier 1905 date un des plus vigoureux événements qui amena l'enseignement supérieur et le haut travail scientifique à participer à l'effort commun en vue de la future résurrection de la Pologne. Ce jour-là toute la jeunesse universitaire de la Pologne du Congrès décréta la grève générale. Chaque étudiant y risquait son avenir; mais il y apportait sa foi patriotique et son ardeur juvénile. A la suite de cette énergique mesure, on répandit la nouvelle que l'administration russe avait décidé d'ordonner la « repolonisation » des Universités. Le gouvernement n'en fit rien; il se borna simplement à créer à l'Université de Varsovie une chaire de langue polonaise et une de littérature polonaise. Les étudiants ne furent pas dupes de cette demi-mesure et les Universités restèrent fermées pendant des années entières.

(1) La Pologne. Paris et Lausanne, Payot, 1918; p. 677.

Lorsqu'on les rouvrit, les bancs des auditoires étaient presque exclusivement occupés par des auditeurs venus de l'intérieur de la Russie, et particulièrement par ceux, qui, faute de capacités suffisantes, n'avaient pu être admis dans l'Université de leur pays d'origine; ce fut une cause surajoutée pour l'abaissement du niveau des études. On réussit de la sorte à rendre l'Université de la Pologne du Congrès entièrement étrangère à la population. Après avoir annoncé la « repolonisation »>, on arrivait au résultat opposé. Les étudiants polonais se sont abstenus de fréquenter l'Université (1).

Le boycottage a ainsi porté sur 10 l'Université de Varsovie, à laquelle sont rattachés, depuis 1911, des cours spéciaux pour jeunes filles; 2o le polytechnicum (école polytechnique, créée en 1894 par souscriptions polonaises privées); 3o l'institut vétérinaire, qui fut russifié après l'insurrection de 1863; 4° l'institut agronomique et forestier de Pulawy (en russe Nowaja Alexandrija), modifié, après 1863, par la russification de l'ancienne Académie Polonaise d'agronomie.

Les Polonais avaient ainsi combattu pour obtenir la « repolonisation » de ces institutions d'enseignement supérieur ; ils n'y avaient pas réussi; mais ils ne furent pas résignés au statu quo. Ils se résolurent à entreprendre la lourde tâche de fonder, à leurs propres frais, des Universités populaires privées, libres.

On n'attendit pas longtemps après que les étudiants eurent abandonné l'Université de Varsovie. En peu de temps on se mit à l'œuvre pour édifier une haute école de même genre. Ainsi, à Varsovie prirent naissance les «< cours scientifiques ». Il n'était pas possible, évidemment, de fonder en un tour de main une Université conçue d'après le type habituel. Ce que l'on fit se rapprochait plutôt du type des « Universités libres » de l'Ouest. Les

(1) La Pologne. Paris et Lausanne, Payot, 1918; p. 677.

Facultés de cette Université, de Lettres, de Sciences naturelles, de Technique et d'Horticulture se développèrent très vite. Durant le semestre d'été 1914, les cours étaient enseignés par 70 professeurs ; ils réunissaient 1100 étudiants (1).

Deux autres Universités, pédagogiques celles-là, et destinées aux femmes, furent créées, grâce à des souscriptions privées. L'une d'elles est entretenue par l'essociation catholique.

Également à titre privé (libre), on fonda des cours commerciaux universitaires; ils furent fréquentés d'emblée par des centaines d'étudiants.

L'Université d'agronomie, succédant à l'Académie polonaise d'agronomie, a été séparée, en 1912, de l'Association des cours scientifiques. Elle a pris le nom de << Cours industriels agronomiques ». Elle a une importance utilitaire de premier ordre parmi les institutions d'enseignement supérieur libre. Avant la guerre de 1914-1918, elle comptait environ 600 étudiants.

A la même époque, il y avait aussi, à Varsovie, l'école de mécanique et de technique de MM. Wawalberg et Rotwand d'une part; les « cours commerciaux pour femmes » d'autre part, qui contribuaient, chacun dans sa sphère, à préparer la reconstitution éventuelle de la Pologne libérée.

Dans l'ordre de l'enseignement supérieur, ce qui était facile en Galicie, encore très manifeste en Russie, ne pouvait être préparé ostensiblement en Silésie, en Posnanie, ni en Prusse occidentale. Il faut cependant bien admettre que la libération de la Pologne y était espérée autant qu'ailleurs, puisque l'Université polonaise de Poznan surgit, magnifique et prospère, provoquant l'admiration et les vœux des Français, qui en ont vu

(1) La Pologne ; p. 678.

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