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Bilan de la Protistologie"

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:

Pour dresser un bilan, il faut connaître les éléments à évaluer il ne sera sans doute pas superflu de définir ce qu'est la Protistologie ou plutôt ce que sont les Protistes dont cette science s'occupe.

Pour saisir la portée d'un bilan, il est utile de connaître la situation antérieure à celle de l'exercice envisagé il sera utile d'exposer quelles étaient il y a vingt ans les prétentions de la protistologie.

Puis il importe de tracer un tableau, très résumé, de la situation en l'occurrence, quelles sont les connaissances acquises et les énigmes qui subsistent.

Enfin l'on conclut.

Les protistes sont un groupe d'êtres vivants qui englobe tous les organismes dont la masse n'est pas cloisonnée en cellules. Presque tous les êtres vivants, soit animaux soit végétaux, généralement connus sont cloisonnés en cellules, c'est-à-dire que leur corps est divisé en une infinité de petites loges dont chacune contient un peu de protoplasme et un noyau. Les cellules d'un même

(1) Conférence faite à Bruxelles, le 27 avril 1922, à l'assemblée générale de la Société scientifique.

IV. SÉRIE. T. II.

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organisme sont extrêmement variées de forme et de structure et à chaque variété échoit l'exercice d'une fonction propre par exemple, dans un animal quelque peu différencié, il y a des cellules nerveuses, des musculaires, des squelettiques, des sécrétrices, des tégumentaires, des reproductrices, et bien d'autres ; les cellules de même valeur anatomique et fonctionnelle s'associent en tissus et forment des muscles, des ganglions nerveux avec leurs nerfs, des glandes, des téguments, etc. Bref, beaucoup d'êtres vivants sont cellulaires, et, suivant qu'il s'agit de végétaux ou d'animaux, ils sont dits métaphytes ou métazoaires. Mais il existe aussi des êtres vivants qui ne sont pas cloisonnés en cellules, qui ne possèdent donc pas de tissus différenciés leur corps, de dimensions presque toujours microscopiques, parfois à la limite de visibilité des plus puissants instruments, est formé d'une petite masse de protoplasme contenant un noyau, parfois plusieurs, ou tout au moins de la substance nucléaire diffuse ; on les appelle des protistes.

Quelques exemples serviront à illustrer cette définition trop abstraite.

Les Amibes sont des protistes fréquents dans l'eau ou les milieux humides, libres ou parasites. Leurs dimensions se chiffrent en centièmes, même en millièmes de millimètre; leur corps, petite masse de protoplasme et noyau, est de forme très variable parce que soumis à de continuelles et actives déformations; celles-ci comportent la production de prolongements tentaculaires, les pseudopodes, qui, par leur développement, leur fixation et leur rétraction, assurent les déplacements de l'animalcule. Les Amibes s'alimentent en englobant par une portion quelconque de leur protoplasme des particules alimentaires, en les digérant, en rejetant par un point quelconque de la surface du corps les déchets de la digestion.

Les Euglenes pullulent dans les eaux putrides et, à la bonne saison, elles apparaissent en plaques vertes formées

par l'accumulation de millions d'individus, sur le fond boueux des flaques d'eau ou à la surface spumeuse des purins. Leur corps protoplasmique uninucléé est tout infiltré de pigment vert, la chlorophylle; il est de forme régulière et porte un long flagelle dont les battements continus assurent la locomotion du petit organisme. L'Euglène s'alimente en assimilant des produits organiques dissous, et elle est de plus capable de fixer l'acide carbonique, grâce au concours de la chlorophylle dont elle est chargée.

Les Paramécies abondent dans les eaux chargées de détritus organiques; ce sont de grands protistes, qui mesurent deux ou trois dixièmes de millimètre. Leur corps en amande est formé d'une masse de protoplasme et d'un appareil nucléaire complexe à deux masses chromatiques distinctes. Toute la surface du corps est marquée de nombreuses crêtes régulières longitudinales chargées de milliers de petits cils courts et l'organisme se meut avec agilité grâce aux mouvements qui se propagent en onde dans ce revêtement cilié. Les Paramécies présentent une vaste dépression de la surface du corps, s'enfonçant dans la profondeur du protoplasme en un entonnoir à paroi ciliée; c'est un pseudo-pharynx qui sert à l'alimentation. Des particules alimentaires charriées au fond du pseudopharynx s'y accumulent puis sont ingérées dans le protoplasme par une espèce de déglutition, parcourent dans le corps un trajet compliqué mais constant au cours duquel elles sont digérécs; leurs résidus sont enfin expulsés en un point constant de la surface du corps.

Les Plasmodium sont des protistes parasites. Ils se rencontrent dans les globules rouges du sang de l'homme, chez lequel ils provoquent la fièvre paludéenne. Extrêmement petits, —- les stades les plus ténus mesurent environ deux millièmes de millimètre, ils sont formés eux aussi d'une petite masse de protoplasme et d'un noyau, ou, à certains stades, de plusieurs et jusqu'à vingt noyaux

dans un protoplasme unique non cloisonné. Ces parasites qui végètent dans le sang humain évoluent sexuellement dans le corps d'un moustique: absorbés lors de la succion du sang, ils se modifient dans l'estomac du moustique où ont lieu des processus de fécondation, puis ils se multiplient énormément dans la cavité générale du corps suivant un mode compliqué et se logent dans les glandes salivaires de l'hôte d'où ils seront expulsés et réinjectés à un homme lors d'une nouvelle piqûre. Le Plasmodium présente l'exemple d'une évolution extrêmement fréquente chez les protistes, l'évolution par cycle; il serait trop long d'insister sur ses détails.

Faut-il citer comme dernier exemple les Bactéries que certains auteurs prétendent ranger parmi les protistes ? Leur dimension tend vers des limites inaccessibles, on en connaît d'un millième de millimètre, on en devine de plus petites et l'on en soupçonne d'invisibles. Elles sont formées d'un peu de protoplasme et, si pas d'un noyau, au moins de substance nucléaire éparpillée.

Des protistes furent observés dès l'invention des microscopes les plus rudimentaires, c'est-à-dire depuis deux ou trois siècles; cependant ils n'éveillèrent vraiment la curiosité des chercheurs que lorsque les perfectionnements croissants des appareils optiques permirent d'analyser un peu mieux leur structure. On en découvrit alors des milliers d'espèces et, en 1866, Haeckel a groupé cette multitude éparse et l'a baptisée en forgeant le nom de Protistes. Nom très mal construit d'ailleurs, à consonance baroque qui n'est d'aucun dialecte, à étymologie obscure et n'évoquant qu'une seule idée, celle de premier ou de primitif, et cette seule idée est elle-même fort discutable.

Mais l'influence d'un nom, quel qu'il soit, est considérable l'indifférence distraite qui plane sur des isolés devient attention et parfois hantise quand une étiquette commune et facile les groupe. Tel fut le cas pour les pro

tistes, le nom a fait fortune et la protistologie a recruté et passionné des milliers d'adeptes.

Les morphologistes, qui étudient la structure des organismes, ont regardé les infiniment petits, un peu rapidement parfois, car ces matériaux neufs que le microscope leur permettait d'analyser livraient à leur activité un champ trop vaste à défricher: ils y ont aperçu, à côté de processus aberrants et souvent déroutants, des phénomènes apparemment d'une simplicité parfaite. Tantôt ce sont des noyaux ne comportant qu'un simple granule chromatique et se divisant par un élémentaire étranglement; tantôt c'est un noyau qui s'éparpille en centaines de petits grains (chromidies) qui régénèrent chacun un noyau ; tantôt ce sont des réductions chromatiques qui consistent en la simple expulsion d'un petit granule de substance nucléaire.

Forts de l'affirmation des morphologistes qui voyaient parmi les protistes des organismes simples, les phylogénistes, qui recherchent la filiation des espèces, tout imprégnés des premières conceptions évolutionnistes, n'ont pas hésité à faire des protistes les êtres vivants primitifs, les ancêtres de tous les autres vivants; c'est d'eux que dériveraient d'une part les métaphytes, d'autre part les métazoaires. Comme les protistes sont des ancêtres déjà relativement différenciés puisqu'ils possèdent du protoplasme et un noyau, Haeckel crée le mot «< crée >> n'est pas injustifié les monères, qui seraient les plus primitifs des primitifs protistes, car ils ne présentent pas encore la différenciation en protoplasme et noyau.

Les biologistes, qui scrutent les phénomènes de la vie, ravis qu'on leur livre des organismes simples et primitifs, y ont trouvé matière aux plus exubérantes généralisations. A leurs yeux les protistes sont des «unicellulaires »> ; ils représentent en quelque sorte l'un des rouages de cette merveilleuse machine que sont les « pluricellulaires »>, et doivent révéler les mécanismes élémentaires et primitifs

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