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à Paris une copie exacte d'un de mes collègues. Je crois bon de la rapporter ici :

CONCORDAT.

«Sa majesté l'empereur et roi et sa sainteté, voulant mettre un terme aux différends qui se sont élevés entre eux, et pourvoir aux difficultés survenues sur plusieurs affaires de l'Église, sont convenus des articles suivans, comme devant servir de base à un arrangement définitif.

«ART. 1. Sa sainteté exercera le pontificat en France et dans le royaume d'Italie, de la même manière et avec les mêmes formes que ses prédé

cesseurs.

2. Les ambassadeurs, ministres ou chargés d'affaires des puissances près le Saint-Père, et les ambassadeurs, ministres ou chargés d'affaires que le pape pourra avoir près des puissances étrangères, jouiront des immunités et priviléges dont jouissent les membres du corps diplomatique.

« 3. Les domaines que le Saint-Père possédait, et qui ne sont pas aliénés, seront exempts de toute espèce d'impôt; ils seront administrés par ses agens ou chargés d'affaires; ceux qui seraient aliénés seront remplacés jusqu'à la concurrence de deux millions de francs de revenu.

4. Dans les six mois qui suivront la notifica

tion d'usage de la nomination par l'empereur aux archevêchés et évêchés de l'Empire et du royaume d'Italie, le pape donnera l'institution canonique conformément aux Concordats et en vertu du présent indult. L'information préalable sera faite par le métropolitain. Les six mois expirés sans que le pape ait accordé l'institution, le métropolitain, et à son défaut, ou s'il s'agit du métropolitain, l'évêque le plus ancien de la province procèdera à l'institution de l'évêque nommé, de manière qu'un siége ne soit jamais vacant plus d'une année.

5. Le pape nommera, soit en France, soit dans le royaume d'Italie, à dix évêchés qui seront ultérieurement désignés de concert.

« 6. Les six évêchés suburbicaires seront rétablis; ils seront à la nomination du pape. Les biens actuellement existans seront restitués, et il sera pris des mesures pour les biens vendus à la mort des évêques d'Anagni et de Rieti; leurs diocèses seront réunis auxdits six évêchés, conformément au concert qui aura lieu entre Sa Majesté et le Saint-Père,

(( 7. A l'égard des évêques des États romains absens de leurs diocèses par les circonstances, le Saint-Père pourra exercer en leur faveur son droit de donner des évêchés in partibus. Il leur sera fait une pension égale aux revenus dont ils jouissaient,

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et ils pourront être replacés aux siéges vacans,

soit de l'Empire, soit du royaume d'Italie.

« 8. Sa Majesté et sa sainteté se concerteront en temps opportun sur la réduction à faire, s'il y a lieu, aux évêchés de la Toscane et du pays de Gênes, ainsi que pour les évêchés à établir en Hollande et dans les départemens Anséatiques.

«g. La propagande, la pénitencerie, les archives, seront établies dans le lieu du séjour du Saint-Père.

10. Sa Majesté rend ses bonnes grâces aux cardinaux, évêques, prêtres, laïcs, qui ont encouru sa disgrâce par suite des événemens actuels.

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11. Le Saint-Père se porte aux dispositions ci-dessus par considération de l'état actuel de l'Église, et dans la confiance que lui a inspirée Sa Majesté qu'elle accordera sa puissante protection aux besoins si nombreux qu'a la religion dans les temps où nous vivons. »

On ne peut décrire la sinistre impression et le mauvais effet que produisit la publication de ce Concordat. Les bons catholiques de Paris en furent inconsolables, et plusieurs dames parisiennes qui, regardant le pape comme un saint, gardaient son portrait au chevet de leur lit, le déchirèrent aussitôt, et quelques-unes d'entre elles, par un excès

de vivacité qui est dans le caractère de cette nation, et que les Italiens appellent furia francese, le jetérent au feu. Dans le reste de la France quoique le gouvernement fit annoncer cet événement dans toutes les Églises avec un Te Deum solennel, on n'y ajouta point foi, et, dans toute la partie de la France que je traversai l'année suivante lors de mon voyage de Fontainebleau à Uzès, en Languedoc, je trouvai cette opinion presque universellement établie, que la publication du Concordat était une nouvelle imposture du gouvernement. La même chose arriva en Allemagne et en Italie. A Rome, la nouvelle du Concordat fut accueillie au milieu des rires et des sifflets, et beaucoup de gens, en entendant les articles, répétaient cette phrase qu'on dit ordinairement à Rome quand on croit une chose non-seulement fausse mais impossible: « Si cela est vrai, allons dans la juiverie pour nous faire Hébreux. » Le peuple de Rome était tellement persuadé que le pape n'avait pas approuvé cette étrange convention, que, malgré des lettres de France, où des personnes dignes de foi assuraient avoir vu de leurs propres yeux la signature même du pape sur l'acte du Concordat, on trouva ingénieusement un moyen d'expliquer cette contradiction: on imagina que le Saint-Père, avant d'être arraché violemment du Saint-Siége, avait remis à M. Dominique Sala, préfet de la Daterie, quelques feuilles de papier

blanc déjà signées par lui, afin qu'il en fit usage pour certaines affaires, que ces papiers étaient tombés au pouvoir du gouvernement français lorsque Sala fut arrêté et conduit à Fenestrelle, et que, sur l'une de ces feuilles, on avait écrit les articles du prétendu Concordat, pour faire croire au monde qu'ils avaient été approuvés et signés par le pape *.

Les Parisiens qui, même dans les choses les plus sérieuses, et au milieu des plus tristes événemens, trouvent encore des sujets de plaisanterie, firent alors à ce propos ce qu'ils appellent un calembourg, c'est-à-dire un jeu de mots. Ils avaient remarqué sur les visages des cardinaux la désapprobation, la honte même, à la vue des articles signés par le

* Dans la troisième partie de ces Mémoires je raconterai les artifices et les fourberies qu'on mit en œuvre pour engager et contraindre à ces étranges concessions l'excellent pontife, digne plutôt de pitié que de blâme. Je ferai également connaître comment il rétracta le Concordat dans une lettre apostolique, pleine d'humilité et de loyauté, qu'il adressa à l'empereur Napoléon; je rapporterai tant d'autres actes de vertu exercés par lui dans ces funestes circonstances, et qui nonseulement effacèrent la tache du Concordat, mais lui acquirent tant de gloire et de réputation, qu'en traversant, l'année suivante, une grande partie de la France et de l'Italie, il fut partout accueilli comme un saint, avec enthousiasme, au milieu des applaudissemens des peuples et des plus grandes démonstrations de respect.

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