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des Français était de ravir au pape et au SaintSiége sa souveraineté et son pouvoir temporel. Néanmoins on conservait à Rome et dans les provinces l'espérance flatteuse que ce projet ne serait pas mis à exécution, et qu'on trouverait un moyen d'éloigner la tempête. Mais l'entrée hostile des troupes françaises à Rome le 2 février 1808, l'insulte faite au palais apostolique, au milieu même d'une cérémonie solennelle, l'incorporation des troupes pontificales dans les troupes françaises, l'arrestation et l'emprisonnement de la garde noble de sa sainteté, l'expulsion à main armée des cardinaux napolitains du royaume d'Italie, et surtout la prise de possession et la réunion du duché d'Urbin et des marches d'Ancône au royaume d'Italie, suivie d'un décret très-injurieux pour le pape, dans lequel il était dit que le souverain de Rome s'étant uni avec les ennemis de la religion, on lui ôtait les États qui avaient été donnés à l'Église romaine pour l'avantage de cette même religion; tous ces outrages et tous ces actes de violence firent croire, à juste titre, que l'on était arrivé au temps de ce changement de gouvernement dont nous étions menacés. A tout cela s'ajoutait encore un autre événement révoltant, inconnu même dans l'histoire des siècles moins policés et moins civilisés que le nôtre. Le 16 juin, deux ou trois officiers français, si je ne me trompe, entrèrent,

sans se faire annoncer, dans l'appartement de son éminence le cardinal Gabrielli, secrétaire d'État, et non-seulement lui déclarèrent son arrestation et l'ordre de quitter Rome, mais aussi commirent l'attentat inouï de fouiller dans son secrétaire, qui pouvait contenir des papiers touchant les secrets de l'État et les affaires les plus délicates de l'Église universelle. Dans la soirée du même jour, le Saint-Père me fit savoir, dans les termes les plus obligeans, qu'il m'appelait à succéder à son éminence le cardinal Gabrielli. Je reçus le billet le samedi 18 juin, un peu après midi, et le même soir je me rendis au palais Quirinal, pour signer les dépêches et les lettres qui devaient partir la nuit.

Avant de continuer mon récit, je dois faire remarquer que je commençai à m'asseoir devant mon bureau de ministre sans avoir cette tranquillité d'âme et cette sécurité qui sont si nécessaires quand on doit écrire des choses importantes. Je pouvais d'un moment à l'autre être surpris dans ma chambre, comme il était arrivé au cardinal Gabrielli; de plus, il me fallait trouver des cachettes pour dérober aux regards les papiers à peine écrits, ne pouvant plus me fier aux secrétaires ni aux armoires.

Maintenant, pour revenir à mon sujet, je ferai le tableau du gouvernement et de l'État pontifical, tels que je les trouvai au commence

ment de mon ministère. Pour conserver dans u État la tranquillité publique, pour retenir da leur devoir les malveillans, les têtes exaltées turbulentes, pour disposer la population en f veur du gouvernement, il est nécessaire de pe suader au public que le gouvernement est fon sur des bases solides, qu'il ne court pas le da ger de changemens politiques, et que, dans que que état d'oppression et d'avilissement qu'il trouve, il pourra promptement se relever reprendre sa première vigueur. Cette opinio si nécessaire au repos public, manquait al absolument au gouvernement pontifical; car, jour en jour, on craignait une révolution et prise de possession des Français.

A ce grave inconvénient s'en joignait un au peut-être encore plus grand; c'était le manq de forces réelles pour se faire obéir des révolt Les Français tenaient garnison dans le fort Sai Ange, et, au moyen de personnes de leur pendance, disposaient entièrement des pris et les gardaient. Ils avaient ôté au pape no seulement ses troupes de ligne, mais aussi archers qui avaient passé à leur service, qu que payés par l'argent du pape, de mani que je n'avais dans Rome aucune personne mée à qui confier l'exécution de mes ordr sauf un petit nombre de Suisses qui gardaient portes du palais apostolique. Dans les provinc

on laissait en apparence les archers sous les ordres des prélats et des gouverneurs; mais, dès qu'un acte était contraire aux desseins des Français, ceux-ci arrêtaient et destituaient les chefs, et les faisaient emprisonner ou les délivraient selon leur bon plaisir; ils se créaient ainsi un parti dans la lie du peuple, qu'ils enrôlaient secrètement sous le titre de garde civique.

Au manque de force armée se joignait aussi celui d'un autre ressort bien puissant pour gouverner les hommes, c'est-à-dire l'argent. Le passage des troupes françaises à travers le royaume pendant plusieurs années, et les dépenses exorbitantes faites pour leur subsistance et pour l'entretien des troupes logées dans chaque ville, avaient épuisé le trésor pontifical. On s'était soutenu jusque-là au moyen de contributions excessives et d'impôts inouïs, mais rendus indispensables par la nécessité. On avait aussi vendu les biens de la chambre apostolique. Mais, après la perte des Marches et du duché d'Urbin, qui étaient le nerf des états pontificaux, comment soutenir longtemps des frais si considérables avec les seules provinces qui restaient et qui étaient les moins fertiles et les moins cultivées? Cet excès de maux occasionés par le séjour des troupes françaises dans l'État et par la conduite de leurs chefs qui tendaient au renversement du gouvernement du pape, était encore aggravé par les désordres de l'administra

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tion intérieure. Les peuples, et Rome particulièrement, abhorraient les Français, et tremblaient à la seule idée d'un changement de gouvernement; mais les peuples et Rome se plaignaient hautement des différens ministres du pape.

Quelques mois avant l'entrée des Français, le mécontentement était arrivé au point que, Sa Sainteté passant un jour dans les rues, on ne lui avait pás rendu ces témoignages de respect et de vénération que le peuple de Rome rend ordinairement avec effusion de cœur aux papes régnans; dans des temps calmes et tranquilles, on aurait dů chercher aussitôt quelque remède pour se réconcilier avec l'opinion publique, et réveiller l'antique affection des peuples pour le gouvernement. Mais que pouvait-on faire dans ces tristes circons→ tances? était-ce le temps de faire rendre compte aux ministres, d'entamer en quelque sorte un procès contre les officiers de la secrétairerie, et de découvrir ainsi les désordres qui régnaient alors dans le gouvernement pontifical? Les sages auraient, avec raison, taxé d'imprudence et de témérité ceux qui eussent tenté une pareille mesure, et les malveillans en auraient profité pour discréditer le gouvernement. Il fallait s'armer de l'héroïque patience de Fabius Maximus, « qui cunctando restituit rem... non ponebat enim rumores ante salutem. » Il fallait se soumettre à la triste condition de voir et de connaître tous les désordres

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