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ANNÉE 1857

Janvier.

3. Un crime épouvantable inaugura à Paris la nouvelle année. Monseigneur Sibour, archevêque de Paris, officiait pontificalement à l'Église Saint-Étienne-du-Mont pour l'ouverture de la neuvaine de sainte Geneviève, patronne de Paris. Il était cinq heures du soir; la procession qu'il présidait rentrait dans la nef, et le prélat venait de tourner du bas-côté droit dans cette nef, lorsqu'un malheureux prêtre interdit, nommé Verger, lui porta un coup de poignard dans la poitrine. L'assassin fut aussitôt arrêté. L'archevêque expira presque à l'instant, et l'on ne rapporta à la sacristie que le cadavre du pontife, encore revêtu de ses ornements pontificaux. La consternation fut générale dans tout Paris, quand on apprit cet horrible forfait, et cette consternation se communiqua de la capitale dans les provinces, dans le monde entier. Un amour désordonné de célébrité, la haine de l'Immaculée-Conception de la sainte Vierge, à la proclamation de laquelle Monseigneur Sibour avait assisté à Rome, et l'on ne sait quel esprit de vengeance satanique avaient poussé le misérable assassin à tuer un pontife qui n'était pas même l'auteur de son interdit, et qui venait tout récemment de lui accorder un généreux secours. Monseigneur Sibour s'était distingué, dans son épiscopat, par un grand amour pour les pauvres ; étant évêque de Digne, il avait écrit des Institutions diocésaines qui attirèrent sur lui l'attention publique.

4.- Monseigneur Clausel de Montals, évêque de Chartres, célèbre apologiste de l'Église, et l'un des plus courageux champions de la liberté d'enseignement, meurt à Chartres d'une attaque d'apoplexie oudroyante.

17.

Mort de M. l'abbé Jammes, directeur de l'OEuvre de la Sainte-Enfance à Paris.

24 Nomination de Son Éminence le cardinal Morlot, arche vêque de Tours, à l'archevêché de Paris.

29. Lettre dans laquelle Son Éminence le cardinal Mathieu, archevêque de Besançon, expose à son clergé les démarches qu'il a faites au sujet du rétablissement de la liturgie romaine dans son diocèse. La lettre suivante, en date du 26 août 1856, écrite à l'archevêque de Besançon, par le cardinal Patrizi, préfet de la Sacrée Congrégation des Rites, résume toutes les négociations relatives à cette affaire :

« Révérendissime et Éminentissime Seigneur, de toutes les choses exposées avec une grande érudition parVotre Éminence à la Sacrée Congrégation des Rites, relativement à l'histoire et aux livres de l'ancienne liturgie de Besançon, deux faits paraissent ressortir clairement. Le premier, c'est que le diocèse de Besançon, à l'époque où saint Pie V publia ses Constitutions concernant le Bréviaire et le Missel romains, jouissait depuis plusieurs siècles d'un Bréviaire et d'un Missel propres, et pouvait, d'après l'exception mentionnée dans ces mêmes Constitutions, les conserver légitimement, et qu'il les a en effet conservés. Le second, c'est qu'après l'époque de saint Pie V, les archevêques de Besançon ont fait, dans le cours des siècles, dans ces mêmes livres de l'Eglise de Besançon, tant d'additions, de retranchements et de variations, qu'il faut avouer que le Missel et le Bréviaire dont se sert aujourd'hui cette Église ont fini par être différents du Bréviaire et du Missel primitifs conservés sous saint Pie V.

« Ces choses étant constatées en fait, il est facile de déduire ce qui s'ensuit en droit, si on se rappelle cette règle qu'énonçait Grégoire XVI dans un bref adressé à l'archevêque de Reims le 6 août 1842. Il écrivait que saint Pie V « n'avait voulu exempter « de l'obligation de reprendre le Bréviaire et le Missel romains que « ceux-là SEULS qui, depuis au moins deux cents ans, avaient cou« tume de se servir d'un Missel et d'un Bréviaire différents du Bré<< viaire et du Missel romains, et dans ce sens qu'ils pourraient, non pas « selon leur gré, changer à plusieurs reprises les livres de ce genre, « mais qu'ils pourraient, s'ils le voulaient, conserver ceux dont ils se a servaient. » Or, de cette règle il résulte que l'Église de Besançon, après les nombreuses variations qu'elle a apportées de sa propre autorité dans ses livres liturgiques, est déchue de toute espèce de privilége qu'elle tirait des Constitutions de saint Pie V. Ainsi donc, en se plaçant au point de vue du droit, Votre Eminence voit déjà que le diocèse de Besançon ne peut nullement retourner à ses anciens livres liturgiques qu'il a abandonnés.

<< Mais comme Votre Éminence, à la fin de sa lettre adressée à la Sacrée Congrégation, en émettant le vœu qu'il soit permis au dio

cèse de Besançon de reprendre le Bréviaire et le Missel édités en 1667 et 1673 par l'archevêque Antoine-Pierre de Grammont, et réimprimés en 1692 et 1694, en conservant seulement quelques nouvelles proses du cardinal de Choiseul, avoue franchement qu'elle demande cela, non en s'appuyant sur quelque droit ou coutume, mais en comptant uniquement sur la bonté du Saint-Siége, la Sacrée Congrégation n'a pas omis d'examiner, au point de vue de l'opportunité, la demande de Votre Éminence, à laquelle elle avait déjà pensé que le droit est contraire. Or, elle n'a pu se dissimuler quels graves inconvénients s'ensuivraient, si, par une dérogation à une disposition générale du droit faite en faveur de Votre Eminence seule, on accordait au diocèse de Besançon ce qui, jusqu'ici, a été refusé à tous les évêques de France qui sont retournés à la liturgie romaine, bien que plusieurs eussent pu faire valoir les mêmes titres et les mêmes circonstances que le diocèse de Besançon. Par ces faits, Votre Éminence comprend les motifs pour lesquels, en tenant compte et du droit et de l'opportunité, la Sacrée Congrégation n'a pas pensé pouvoir satisfaire à sa demande.

« Après cette délibération de la Sacrée Congrégation, que, sur le rapport du secrétaire soussigné, Sa Sainteté le pape Pie IX a daigné ratifier et confirmer, il ne reste plus à Votre Éminence, eu égard à cette révérence et à cette soumission filiale qui la distinguent envers le Saint-Siége apostolique, que de s'efforcer de rattacher par des liens plus étroits de communion avec elle le diocèse de Besançon qui lui est confié ; or, elle le fera certainement, si elle ramène ce diocèse à l'unité de la liturgie romaine le plus tôt possible.

« Tel est le vœu le plus ardent de Sa Sainteté. En faisant connaître ces choses à Votre Éminence, comme mon devoir me le prescrit, et en lui baisant humblement les mains, je demande de tout mon cœur au souverain Dispensateur de tout bien qu'il Lui accorde de vivre longtemps dans le bonheur et la paix.

30. Exécution de Verger, assassin de l'archevêque de Paris. L'assassin avait résisté presque jusqu'aux derniers moments aux exhortations qui l'invitaient au repentir; il ne se rendit que lorsqu'il n'eut plus aucun espoir d'éviter la mort. Alors, cependant, la foi reprit le dessus, après un dernier accès de violence et de fureur. La Gazette des Tribunaux a raconté ainsi ses derniers moments: « Une fois arrivé dans l'avant-greffe, dès que les aides de l'exécuteur lui coupèrent les cheveux et le col de sa chemise, en sentant le froid de l'acier, le condamné fut saisi comme d'un frisson. Sa face, rouge de colère, sc couvrit d'une pâleur effrayante; sa fureur sem

bla faire place à un profond abattement. Puis il déclara qu'il se soumettait et n'entendait opposer aucune résistance. L'aumônier profita de ce moment pour recommencer ses exhortations. Cette fois, Verger l'écouta sans l'interrompre, si ce n'est par des marques d'assentiment. Une révolution soudaine s'était opérée dans l'âme du condamné. Cette voix de la conscience, qu'il avait niée si longtemps, venait de se faire entendre, et, en s'éveillant, le remords faisait naître en lui le besoin du pardon. Ses traits devinrent plus calmes, et, après un moment de silence et comme de recueillement intérieur, il se leva tout à coup. « Messieurs, dit-il, je déplore la scène de violence dont « je viens de vous rendre témoins ; c'est la nature qui se révolte con<< tre une fin prématurée. Dès ce moment, je n'écoute plus que mon « âme, je ne m'occupe plus que d'elle, je la remets entre les mains « de notre digne aumônier. Écoutez, ô vous tous que j'ai scanda«lisés, je rétracte tout ce que j'ai dit; je déclare, dans toute la plé<< nitude de ma raison, que je veux mourir en chrétien, en catho« lique, en prêtre..., autant que cela peut encore dépendre de moi. « Je demande pardon à Dieu et aux hommes du crime odieux que « j'ai commis. J'offre librement, sincèrement, ma vie en expiation de « tout le mal que j'ai fait. » Après avoir prononcé ces paroles, il témoigna le premier à M. l'aumônier le désir de l'entretenir seul dans un angle de la pièce. Tous les assistants se pressèrent dans l'angle opposé. Verger se jeta à genoux, se confessa et reçut l'absolution; puis, lorsque M. l'aumônier récita les prières des agonisants, il les écouta avec recueillement et fit lui-même les réponses en latin. Quand il fut relevé, au bout de huit à dix minutes, il remercia affectueusement, et les larmes aux yeux, tous les employés de la prison, et leur demanda pardon de toutes les peines qu'il leur avait occasionnées. Pendant le court trajet de la chambre de la toilette au lieu de l'exécution, cinquante pas au plus, Verger a marché soutenu, d'un côté par l'aumônier, et de l'autre par l'exécuteur. Il ne cessait de répéter: « Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de moi ! » A la vue de l'échafaud, il a crié plusieurs fois à haute voix : « Vive Jésus-Christ! » Il a prié l'aumônier de l'accompagner jusque sur la plate-forme. « Mon ami, mon seul ami, lui a-t-il dit, ne m'abandonnez pas encore dans ce dernier moment; vous seul pouvez me soutenir jusqu'au bout. » Il a demandé à se mettre quelques instants à genoux pour se recueillir; puis il a dit : « Monsieur l'aumônier, mon frère, je vous charge de faire « en mon nom amende honorable à tous mes supérieurs ecclésias« tiques, que j'ai contristés ou offensés; dites-leur que je leur de« mande pardon, comme je leur pardonne moi-même. J'offre ma

<< vie en expiation de mes fautes. » Il a baisé avec ferveur, à plusieurs reprises, le crucifix; puis, après avoir embrassé l'aumônier, il s'est livré aux exécuteurs.

Février.

8. Monseigneur Menjaud, évêque de Nancy et de Toul, annonce le rétablissement, en principe, de la liturgie romaine dans son diocèse.

16. L'Empereur Napoléon III fait l'ouverture de la session législative de 1857. Son discours ne contient aucune allusion aux affaires religieuses. On y remarque cette phrase, à l'occasion des inondations qui avaient afflige la France l'année précédente: « Je tiens à honneur qu'en France les fleuves, comme la révolution, rentrent dans leur lit, et qu'ils n'en puissent plus sortir. »

Mars.

14. Mort du cardinal Riario-Sforza, de la création de Pie VII, en 1823.

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16 Rupture des rapports diplomatiques entre l'Autriche et le Piémont.

19.

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Consistoire dans lequel Son Éminence le cardinal Morlot est préconisé archevêque de Paris.

Lettre adressée par la Congrégation des évêques et réguliers aux supérieurs des communautés, relativement à la profession des vœux solennels de religion. Cette lettre témoigne de l'attention continuelle portée par Pie IX à la réforme des ordres religieux. En voici la traduction :

« Mon Révérend Père, personne ne peut ignorer que, dans ces temps si malheureux où les ennemis de la Croix font tous leurs efforts pour troubler l'ordre des choses divines et humaines et pour corrompre les mœurs, il faut apporter le plus grand soin, une sollicitude et une attention extrêmes à éprouver comme il convient, de quel esprit sont animés ceux qui demandent à se consacrer à Dieu par des vœux solennels, afin que l'on n'admette jamais ceux qui, entachés des vices du siècle, ne pourraient que porter la corruption dans le bercail privilégié de Jésus-Christ, ou qui, méconnaissant

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