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frères et fils bien-aimés, n'est-elle pas une preuve manifeste de l'affection singulière que vous porte, à vous et à tout ce qui vous touche, le Siége apostolique?

« Du reste, vous savez déjà, vénérables frères et très-chers fils, comment, pour mieux veiller à vos affaires religieuses, nous nous aidons des travaux de cette congrégation des cardinaux de la sainte Église romaine qui tire son nom du but pour lequel elle est établie, apropaganda fide. Mais beaucoup d'autres encore, dans notre illustre cité, soit Romains, soit étrangers, travaillent dans vos intérêts. Ainsi quelques évêques du rite latin, joints à quelques évêques des rites orientaux et d'autres personnes religieuses, ont formé il n'y a pas longtemps, sous l'autorité de la congrégation dont nous venons de parler, une pieuse association dont le but est de contribuer de toutes manières, à l'aide de prières quotidiennes et d'aumônes, au progrès et au développement de la religion catholique parmi vous. Dès que nous avons connu ce pieux dessein, nous l'avons loué et approuvé, invitant ses auteurs à mettre sans retard la main à l'œuvre.

« Ce que nous venons de dire s'adresse à tous nos fils de l'Orient, mais notre parole se tourne maintenant d'une manière toute particulière vers vous tous qui avez autorité sur les autres, et quelle que soit votre dignité, ô vénérables frères, évêques des catholiques de ces contrées! que cette exhortation vous soit comme un aiguillon, qu'elle excite encore votre zèle et le zèle de votre clergé. Nous vous exhortons donc, dans le Seigneur notre Dieu, à veiller pleins de confiance dans le secours céleste, et avec une ardeur encore plus grande à la garde de votre cher troupeau, d'être sans cesse sa lumière par la parole et par l'exemple, afin qu'il marche dignement selon le plaisir de Dieu, et produisant les fruits de toutes sortes de bonnes cuvres. Que les prêtres qui vous sont sounis se donnent tout entiers aux mêmes soins; pressez surtout ceux qui ont la charge des âmes, afin qu'ils aient à cœur la décence de la maison de Dieu, qu'ils excitent la piété du peuple, qu'ils administrent saintement les choses saintes, et que, sans négliger leurs autres devoirs, ils mettent toute leur attention à instruire les enfants des éléments de la doctrine chrétienne et à distribuer aux autres fidèles le pain de la divine parole, selon la capacité de chacun. Ils doivent, et vous devez vous-mêmes déployer la plus grande vigilance pour que tous les fidèles soient jaloux de conserver l'unité de l'esprit dans le lien de la paix, rendant grâces au Seigneur des lumières et au Père des miséricordes de ce qu'il a daigné permettre, par un effet de sa grâce, dans un si grand bouleversement de toutes choses, qu'ils soient demeurés fermes

dans la communion catholique de l'unique Église du Christ, ou qu'ils y soient rentrés, pendant qu'un si grand nombre de leurs compatriotes sont encore errants hors de l'unique bercail du Christ, abandonnés par leurs frères depuis un si long temps.

« Après vous avoir parlé, nous ne pouvons nous empêcher d'adresser des paroles de charité et de paix à ces Orientaux qui, quoique se glorifiant du nom de chrétiens, se tiennent éloignés de la communion du Siége de Pierre. La charité de Jésus-Christ nous presse, et suivant ses avertissements et ses exemples, nous courons après les brebis dispersées par des sentiers ardus et impraticables, nous efforçant de porter secours à leur faiblesse, pour qu'elles rentrent enfin dans le bercail des troupeaux du Seigneur.

« Écoutez notre parole, ô vous tous qui, dans les contrées de l'Orient ou sur ses frontières, vous faites gloire de porter le nom chrétien, et qui cependant n'êtes point en communion avec la sainte Église romaine; et vous surtout qui, chargés des fonctions sacrées ou revêtus des plus hautes dignités ecclésiastiques, avez autorité sur les peuples. Rappelez-vous l'ancien état de vos Églises, lorsqu'elles étaient unies entre elles et avec les autres Églises de l'univers catholique par le lien de l'unité. Examinez ensuite à quoi ont servi les divisions qui ont suivi et dont le résultat a été de rompre l'unité soit de la doctrine, soit du régime ecclésiastique, non-seulement avec les Églices occidentales, mais encore entre vos propres Églises. Souvenezvous du symbole de la foi, dans lequel vous confessez avec nous croire l'Église une, sainte, catholique et apostolique, et voyez s'il est possible de trouver cette unité de l'Église catholique, sainte et apostolique, au sein d'une pareille division de vos Églises, lorsque vous refusez de la reconnaître dans la communion de l'Église romaine, sous l'autorité de laquelle un si grand nombre d'Églises sont unies, et le furent toujours dans toutes les parties du monde. Et pour bien comprendre ce caractère de l'unité qui doit distinguer l'Église catholique, réfléchissez sur cette prière rapportée dans l'évangile de saint Jean (XVII, 11, 20, et seqq.), par laquelle le Christ, Fils unique de Dieu, prie son Père pour ses disciples: « Père très-saint, conservez dans « votre nom ceux que vous n'avez donnés, afin qu'ils soient un « comme nous-mêmes; » et il ajoute immédiatement : « Je ne prie << pas seulement pour eux, mais aussi pour ceux qui croiront en « moi, par le moyen de leur parole, afin que tous soient un, comme « toi, Père, en moi, et moi en toi, et afin qu'eux-mêmes soient un « en nous, pou rque le monde croie que tu m'as envoyé. La gloire a que tu m'as donnée, je la leur ai donnée, afin qu'ils soient un, « comme nous sommes un moi en eux et toi en moi, afin qu'ils

<< soient consommés dans l'unité, et pour que le monde connaisse « que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. »

« Or, l'auteur même du salut de l'homme, le Christ Notre-Seigneur, a posé le fondement de son unique Église contre laquelle ne prévaudront pas les portes de l'enfer, dans le prince des apôtres, Pierre, à qui il a donné les clefs du royaume des cieux (Matth., XVI, 18, 19); pour qui il a prié, afin que sa foi ne défaillit jamais, lui commandant, en outre, de confirmer ses frères dans cette même foi (Luc., XXII, 31, 32); à qui il a confié la charge de paître et ses agneaux et ses brebis (Jean, XXI, 15 et seqq.), c'est-à-dire toute l'Église que composent les agneaux et les brebis véritables du Christ. Et ces prérogatives appartiennent pareillement aux évêques romains, successeurs de Pierre; car, après la mort de Pierre, l'Église ne peut être privée du fondement sur lequel elle a été bâtie par le Christ, elle qui doit durer jusqu'à la consommation des siècles. C'est pourquoi saint Irénée, disciple de Polycarpe, qui avait lui-même reçu les enseignements de l'apôtre Jean, Irénée, ensuite évêque de Lyon, que les Orientaux aussi bien que les Occidentaux comptent parmi les principales lumières de l'antiquité chrétienne, voulant, pour réfuter les hérétiques de son temps, constater la doctrine transmise par les apôtres, crut inutile d'énumérer les successions de toutes les Églises d'origine apostolique; il lui parut suffisant d'alléguer contre les novateurs la doctrine de l'Église romaine, parce que, dit-il, « c'est « une nécessité que toute l'Église, c'est-à-dire les fidèles répandus << dans tout l'univers, convienne à cause de sa suprématie suprême << avec cette Église romaine, dans laquelle, selon le témoignage uni<< versel, a toujours été conservée la tradition qui vient des apô« tres 1.

« Vous tenez tous, nous le savons, à conserver la doctrine gardée par vos ancêtres. Suivez donc les anciens évêques et les anciens chrétiens de toutes les contrées de l'Orient; d'innombrables monuments attestent que, d'accord avec les Occidentaux, ils respectaient l'autorité des Pontifes romains. Entre les documents les plus remarquables que l'antique Orienta laissés sur ce sujet (outre le témoignage d'Irénée que nous venons de citer), nous aimons à rappeler ce qui se passa, au quatrième siècle, dans la cause d'Athanase, évêque d'Alexandrie, non moins illustre par sa sainteté que par sa doctrine et son zèle pastoral. Condamné injustement par des évêques de l'Orient, surtout dans le concile tenu à Tyr, et chassé de son Église, il vint à Rome, où se rendaient aussi d'autres évêques des contrées orientales, comme lui

Iren. Contra hæreses, lib. III, cap. ш.

injustement dépouillés de leurs siéges. « L'Évêque de Rome (c'était « Jules, notre prédécesseur) ayant examiné la cause de chacun a d'eux, et les trouvant tous fidèles à la doctrine de la foi de Nicée, « et d'accord en tout avec lui-même, les reçut dans sa commua nion. Et parce que, à cause de la dignité de son Siége, le soin de <«< tous lui appartenait, il rendit son Église à chacun de ces évêques. « Il écrivit aussi aux évêques de l'Orient, les réprimandant, parce « qu'ils n'avaient pas jugé selon la justice dans la cause de ces pon« tifes et parce qu'ils troublaient la paix des Églises 1. » — Au commencement du cinquième siècle, Jean Chrysostome, évêque de Constantinople, non moins illustre qu'Athanase, condamné à Chalcédoine, dans un concile, par une souveraine injustice, eut recours, par ses lettres et par ses envoyés, à notre Siége apostolique, et fut déclaré innocent par notre prédécesseur saint Innocent Ier 2.

«Le concile de Chalcédoine, tenu en 451, est un autre et célèbre monument de la vénération de vos ancêtres pour l'autorité des Pontifes romains. Les six cents évêques qui le composaient, presque tous de l'Orient (sauf quelques rares exceptions), après avoir entendu, dans la seconde session, la lecture d'une lettre du Pontife romain saint Léon le Grand, s'écrièrent tous d'une voix: Pierre a parlé par la bouche de Léon. Et l'assemblée, que présidaient les légats pontificaux, s'étant ensuite séparée, les Pères du concile, dans la relation des faits par eux envoyée à saint Léon, affirment que lui-même, dans la personne de ses légats, avait commandé aux évêques réunis, comme la tête aux membres 3.

« Et ce n'est pas seulement les actes du concile de Chalcédoine, mais encore les actes de tous les autres anciens conciles de l'Orient, que nous pourrions alléguer et par lesquels il est constant que les Pontifes romains ont toujours eu la première place dans les conciles, surtout dans les conciles œcuméniques, et que leur autorité a été invoquée et avant la célébration des conciles et après leur dissolution. Du reste, en dehors des conciles, nous avons grand nombre des passages des écrits des Pères et des anciens auteurs de l'Orient, ainsi que beaucoup d'actes de leur histoire, par lesquels il est évident que l'autorité suprême des Pontifes romains a toujours été en vi

1 Sozomène, Hist. ecclés., liv. III, ch. vII. Voy. aussi saint Athanase, dans son Apologie contre les Ariens, passim.

2 Voy. les Lettres de saint Innocent Ier à saint Jean Chrysostome, et celle de saint Chrysostome à Innocent, au clergé et au peuple de Constantinople, t. III, des Euvres de saint Chrysostome, p. 515 et suiv., édition des Bénédictins de SaintMaur.

3 Labbe, t. IV, p. 1235, édit. de Venise.

gueur dans tout l'Orient, du temps de vos ancêtres. Mais il serait trop long de rapporter ici tous ces témoignages; ceux que nous avons indiqués suffisent, d'ailleurs, pour montrer la vérité; nous nous contenterons donc de rappeler comment, au temps même des apôtres, se conduisirent les fidèles de Corinthe, à l'occasion des dissensions qui avaient si gravement troublé leur Église. Les Corinthiens s'adressèrent à saint Clément, qui, peu d'années après la mort de Pierre, avait été fait Pontife de l'Église romaine; ils lui écrivirent à ce sujet et chargèrent Fortunat de lui porter ces lettres. Clément, après avoir mûrement examiné l'affaire, chargea le même Fortunat, auquel il adjoignit ses propres envoyés, Claudius Éphèbe et Valère Viton, de porter à Corinthe cette fameuse lettre du saint Pontife et de l'Église romaine 1, à laquelle les Corinthiens et tous les autres Orientaux attachaient tant de prix que, dans les siècles suivants, on la lisait publiquement dans beaucoup d'églises 2.

« Nous vous exhortons donc et nous vous conjurons de ne plus tarder à rentrer dans la communion du Saint-Siége de Pierre, dans lequel est le fondement de la véritable Église du Christ, comme l'attestent et la tradition de vos ancêtres, ainsi que la tradition des anciens Pères, et les paroles mêmes de Notre-Seigneur Jésus-Christ contenues dans les saints Évangiles et que nous avons rapportées. Car il n'est pas, il ne sera jamais possible que ceux-là soient dans la communion de l'Église une, sainte, catholique et apostolique, qui veulent être séparés de la solidité de la pierre sur laquelle l'Eglise a été divinement édifiée.

« Aucune raison ne peut donc vous excuser de ne pas revenir à la véritable Église et à la communion de ce Saint-Siége. Vous le savez bien, dans les choses qui touchent à la profession de la religion divine, il n'est rien de si dur qu'on ne doive supporter pour la gloire du Christ et pour le prix de la vie éternelle. Quant à nous, nous vous en donnons l'assurance, rien ne nous serait plus doux que de vous voir revenir à notre communion; bien loin de chercher à vous affliger par quelque prescription qui pourrait paraître dure, nous vous recevrons avec une bienveillance toute paternelle et avec le plus tendre amour, selon la coutume constante du Saint-Siége. Nous ne vous demandons que les choses absolument nécessaires: revenez à l'unité; accordez-vous avec nous dans la profession de la vraie foi, que l'Église catholique retient et enseigne; avec l'Église même, gardez la communion du Siége suprême de Pierre. Pour ce qui est de vos

1 Bibliotheca veterum Patrum, a Gallandio edita, t. I, p. 9 et seqq.

2 Eusèbe, Hist. ecclés., liv. III, ch. xvi.

Voy. encore dans Eusèbe, liv. IV

ch. XXIII, le témoignage de Denys, évêque de Corinthe.

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