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une première fois son diocèse, les dames du Sacré-Coeur furent également expulsées, et les ministres Buoncompagni et Ratazzi se distinguèrent par leurs empiétements sur les droits spirituels des évêques et du clergé. L'année 1849 ne fut pas meilleure pour la religion. La licence de la presse était devenue telle, que vingt-deux curés de Gênes durent réclamer contre ses excès; la Chambre des députés vota un ordre du jour injurieux pour l'archevêque de Turin et l'évêque d'Asti, et le ministère osa envoyer une note au SaintSiége, dans laquelle il menaçait de refuser l'exequatur aux dispenses matrimoniales sur le premier degré d'affinité. En 1850, le ministre Siccardi présenta et fit passer sa loi contre les immunités ecclésiastiques, et contre l'observation de certains jours de fête. C'était une violation manifeste du concordat de 1841: elle amena le départ du nonce du Saint-Siége. La même année vit l'emprisonnement du vénérable archevêque de Turin, qui alla ensuite passer en France des années d'exil dont on ne peut encore prévoir le terme ; tout le clergé fut mis en suspicion on emprisonna des prêtres, sous prétexte d'excitation à la révolte contre les lois, on retira aux religieux l'administration des paroisses, on priva de leurs chaires des professeurs qui défendaient les droits de l'Église. Les affaires avaient pris une si déplorable tournure, que le pape se plaignit hautement, dans son allocution du 1er novembre, de la violation des droits de l'Église dans les États du roi de Sardaigne. Mais cela ne pouvait arrêter la conjuration, qui redoubla d'audace, sans se laisser effrayer par la perspective d'un schisme, que l'illustre maréchal de la Tour annonçait ainsi dans le Sénat piémontais: « Messieurs, il faut avant tout éviter le schisme et nous ne l'évitons pas avec des maximes absolues et tranchantes ; nous ne l'évitons pas en voulant obliger le Saint-Siége à faire pour nous ce qu'il n'a jamais fait pour personne. » Ce n'était pas le schisme qui pouvait effrayer les auteurs du mouvement anti-religieux ; ils ne craignaient que de dévoiler trop tôt leurs plans, parce que cela aurait pu les faire échouer.

L'année 1851 ressemble à la précédente. Le 13 mai, le ministre des cultes prétendit régler par une circulaire l'enseignement de la théologie. Au mois de juin, le député Bertolini proposa à la Chambre un projet de loi sur le mariage civil, et ce projet fut pris en considération. C'était un pas de plus fait en avant pour séparer l'Église et l'État. Le discours du roi, que nous venons de rapporter, faisait allusion à ce projet. En même temps la presse avait toute licence contre le clergé et contre la religion. On laissait insulter le pape de la façon la plus ignominieuse ; l'enseignement était perverti, les couvents étaient inquiétés par de continuelles perquisitions, les évêques

XXIX.

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étaient accusés de rébellion, parce qu'ils résistaient à des ordres injustes et attentatoires à leurs droits. L'histoire de l'Église dans le Piémont, depuis l'année 1847, n'est que l'histoire de ses douleurs.

9. Décret du prince-président de la république française sur l'instruction publique. Ce décret modifie la loi du 15 mars 1850, qui avait donné la liberté d'enseignement, en réorganisant, dans un sens plus favorable à l'autorité, la hiérarchie dans le corps enseignant. Toutefois, aucune atteinte sérieuse n'est portée à l'enseignement libre.

29.

Ouverture solennelle de la session des grands corps de l'État en France, et fin de la dictature accordée au prince LouisNapoléon.

Décret qui établit en communauté des prêtres pour desservir l'église de Sainte-Geneviève (Panthéon) à Paris. Cette communauté se compose de six membres, qui prennent le titre de chapelains de Sainte-Geneviève. Les chapelains sont institués, aux termes du décret: 1° pour prier Dieu pour la France et pour les morts inhumés dans les caveaux de l'église ; 2o pour se former à la prédication. Le doyen est nommé directement par l'archevêque de Paris, et agréé par le chef de l'État ; il est nommé pour cinq ans, et ne peut être renommé qu'après cinq autres années révolues. Les chapelains sont nommés pour trois ans, et au concours. Pour concourir, il faut être prêtre, âgé de moins de trente-cinq ans, et être autorisé par l'évêque de son diocèse.

31.- Décret du prince-président, qui statue qu'un aumônier sera placé à bord de tout vaisseau portant pavillon d'officier général, ou guidon de chef de division navale, de même qu'à bord des navires destinés à une expédition de guerre. Le même décret crée un aumônier général de la flotte; cet aumônier doit s'entendre avec les évêques, pour le choix des ecclésiastiques destinés à être embarqués sur la flotte; ceux-ci reçoivent leurs pouvoirs spirituels de l'évêque du diocèse auquel ressortit leur port d'embarquement.

10.

Avril.

Nouveau décret sur l'instruction publique en France. En voici les principales dispositions : l'enseignement dans les lycées est partagé en deux divisions, celle de grammaire (6o, 5o et 4° classes),

et celle des humanités. Cette dernière se partage en deux sections, l'une littéraire, l'autre scientifique. Des conférences sur la religion et sur la morale doivent être faites par l'aumônier ou sous sa direction, et ces conférences font nécessairement partie du plan d'études des lycées; le programme doit être dressé directement par l'évêque diocésain. Cette nouvelle organisation de l'enseignement public a reçu le nom de bifurcation des études : c'était un coup de mort porté aux études classiques et purement littéraires, si l'on n'avait pas bientôt corrigé en partie ce que cette organisation avait de trop exclusivement favorable aux études purement scientifiques.

19.- Lettre de monseigneur Dupanloup, évêque d'Orléans, aux ecclésiastiques chargés de l'enseignement dans son diocèse, sur l'emploi des auteurs profanes dans les colléges. Une vive discussion s'était engagée, dès l'année 1851, au sujet des auteurs qu'il est bon de mettre entre les mains des enfants, et surtout au sujet des auteurs païens. Le journal l'Univers, d'un côté, avec plusieurs feuilles des départements, et le journal l'Ami de la religion, de l'autre, avec toutes les feuilles plus ou moins hostiles à la religion, soutenaient les deux opinions opposées, entre lesquelles l'épiscopat luimême se trouva partagé. Le fond de la discussion n'était pas nouveau: il y avait longtemps que des hommes expérimentés avaient signalé la difficulté de former des chrétiens avec un enseignement dont les modèles sont tous païens. Il semble aussi que l'expérience de l'histoire était là pour trancher la question. Mais la pratique de plusieurs siècles, pratique suivie par les maîtres les plus religieux, et, entre autres, par l'une des sociétés religieuses qui ont rendu le plus de services au catholicisme, semblait montrer qu'on s'exagérait le mal. C'est dans cette disposition des esprits, rendus attentifs aux questions d'éducation soulevées par la longue polémique relative à la liberté d'enseignement, par la récente loi sur l'instruction publique et par les changements arrivés dans le monde politique, que parut à Paris, en 1851, un livre écrit par un ecclésiastique recommandable à plus d'un titre, et digne d'être écouté dans la question. L'écrit, était intitulé le Ver rongeur des sociétés moderne ou le Paganisme dans l'éducation, par l'abbé J. Gaume. La sensation causée par ce livre fut immense. Tout le corps universitaire, tout le corps des incrédules prit parti contre les doctrines du Ver rongeur; les catholiques se divisèrent en deux camps, et l'épiscopat lui-même, comme on vient de le dire, vit ses membres accorder les uns plus, les autres moins à la thèse soutenue par M. l'abbé Gaume. Atin de ne pas scinder cette question, dont la discussion se prolongea jusqu'en 1853,

avec une grande vivacité, nous allons immédiatement mettre sous les yeux du lecteur les principales pièces du procès, savoir : 1° l'opinion des catholiques contraires à la réforme demandée par l'auteur du Ver rongeur; 2o l'opinion opposée ; 3° le sentiment de l'Église. Il est inutile de s'occuper de l'opinion de ceux qui sont en dehors de l'Église : évidemment leur autorité ne peut ici être invoquée; tout au plus pourrait-on l'alléguer contre la cause des auteurs païens, qui doit paraître suspecte par cela même qu'elle a été plus ardemment défendue par ceux qui ne font pas profession d'aimer la religion.

Les doctrines du Ver rongeur trouvèrent de grands adversaires dans l'épiscopat, dans plusieurs membres du clergé enseignant 1, et dans l'ordre des jésuites. Le cardinal-archevêque de Lyon, les évêques d'Orléans et de Chartres étaient à la tête. Monseigneur l'évêque d'Orléans prit vivement à partie M. l'abbé Gaume et l'Univers, qui défendait avec une grande vivacité la réforme de l'enseignement classique. Voici les principaux passages de sa lettre adressée aux professeurs ecclésiastiques de son diocèse :

« L'étude respectueuse des saints livres et l'explication des auteurs chrétiens, grecs et latins, ont dans votre enseignement la place qui leur convient, celle qu'on leur a toujours réservée dans la plupart des petits séminaires et des maisons d'éducation chrétienne. Vous faites sur ce point, Messieurs, ce qu'il est bon de faire, et vous le faites dans la mesure commandée par l'âge de vos élèves. Vous usez d'ailleurs, dans l'instruction que vous leur donnez, chrétiennement des auteurs profanes; et, dans la sollicitude attentive qui me préoccupe constamment pour tout ce qui intéresse l'éducation de ces chers enfants, je ne me suis jamais aperçu qu'aucun de vous ait négligé les précautions nécessaires à prendre, soit pour le choix des éditions et des textes, soit pour les explications convenables à donner en chaque classe. Ce n'est là, du reste, pour vous, Messieurs, qu'un mérite fort simple, et que vous partagez avec tout ce qu'il y a jamais eu d'instituteurs vraiment religieux. Il vous suffit de lire le Traité des Etudes de Rollin et les plans d'études qui nous restent du dixseptième siècle pour voir que les auteurs chrétiens n'ont jamais été bannis de l'enseignement classique dans les maisons d'éducation où la religion présidait, et qu'on s'y est toujours appliqué à enseigner chrétiennement les auteurs profanes. Il y a même eu de pieux et savants hommes, tels que le P. Thomassin, qui ont fait des traités exprès pour apprendre à étudier d'une manière chrétienne les histo

1 M. l'abbé Landriot, aujourd'hui évêque de la Rochelle, doit être cité ici parmi les plus distingués.

riens et les poètes du paganisme. Vous n'ignorez pas que le grand saint Basile de Césarée a laissé un célèbre discours sur cet intéressant sujet. Je sais bien que derrière ces graves autorités vous ne serez pas à l'abri des accusations dont le bruit vous a émus; mais du moins vos consciences pourront rester en paix sur le fond de ces accusations elles-mêmes. Sans doute, il y a quelque chose de pénible à les entendre, mais si en les examinant attentivement, on trouve qu'elles sont sans valeur, qu'il devient aisé de se rassurer sur le bruit qu'elles font, vous ne tarderez pas à être sur ce point aussi tranquilles que je le suis moi-même, lorsque je vous aurai indiqué quelques-unes des autorités et des raisons qui vous absolvent.

« Quelles sont donc ces accusations? En apparence, il faut le dire, elles ne sauraient être plus graves; on accuse l'enseignement littéraire, tel qu'il s'est donné depuis trois siècles dans les maisons d'éducation chrétienne, d'avoir « rompu dans toute l'Europe, manifestement, sacrilégement, malheureusement, la chaîne de l'enseignement catholique. » On proclame, en empruntant aux divines Écritures leurs anathèmes contre les idoles païennes, on proclame qu'une telle culture des esprits « est la cause, le commencement et la fin de tous les maux » dont souffre la société moderne: Infandorum idolorum cultura omnis mali est et initium et finis. On accuse les instituteurs les plus religieux, les congrégations enseignantes les plus célèbres, les Bénédictins, les Jésuites, les Oratoriens, et « d'autres en grand nombre d'avoir coulé les générations dans le moule du paganisme et d'avoir fait les générations païennes » que nous voyons. On les nomme des « novateurs, qui ont introduit le paganisme dans l'éducation, des hommes à imagination qui saturent les générations de paganisme, et leur laissent ignorer le christianisme. » Les maisons d'éducation, même celles qui sont tenues par des ecclésiastiques ou des religieux, et « dans lesquelles règne le paganisme classique, » sont flétries comme les sources premières du communisme et de l'irréligion. Certes, je le répète, il faut avouer que les accusations ne pouvaient être plus violentes; mais votre bon sens, Messieurs, a suffi pour vous avertir que cette violence même est ce qui doit le moins vous troubler. La raison et la vérité ne vont pas à de tels excès. C'est là sans doute aussi ce qui fait que jusqu'à ce jour les colléges tenus par des congrégations religieuses et les petits séminaires continuent simplement à enseigner comme par le passé, sans que les supérieurs de ces congrégations, soit en France, soit à Rome, ni les évêques, ni les chefs d'ordre aient cru devoir accomplir dans l'enseignement classique la révolution réclamée. Je dis la révolution, car c'est une révolution qu'on réclame, je cite textuellement ce mot et le

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