Sayfadaki görseller
PDF
ePub

au moins ont passé dans ses écrits. On lit dans le Reggimento (1) une nouvelle relative à une dame d'Espagne qui a été racontée à l'auteur par un chevalier du royaume de Castille, et c'est à Paris que le chevalier castillan et l'écrivain florentin se sont rencontrés. On trouve enfin dans le commentaire des Documenti un écho de la rue du Fouarre autrement assuré que celui qu'on a voulu voir, sans beaucoup de raison, dans les vers de Dante. Barberino déclare avoir assisté à Paris à une dispute solennelle entre deux «< grands clercs, » et il est vraisemblable qu'il fit chorus aux sifflets et aux huées qui accueillirent dans les écoles le champion malheureux (2). Si ce passage n'autorise pas à dire que Barberino ait suivi les cours de l'Université de Paris au même titre que ceux de Bologne et de Padoue, il montre au moins qu'il ne voulut pas passer dans cette ville sans visiter ses écoles devenues depuis longtemps célèbres, en Italie comme en France.

C'est toutefois dans le comtat Venaissin et en Provence que notre auteur paraît avoir fait le séjour le plus prolongé. C'est là, d'après son propre témoignage (3), que, retenu par des affaires très ardues et se sentant envahir par la mélancolie, il résolut de terminer ses Documenti, texte et commentaire, et d'y faire entrer tous les matériaux nouveaux que les circonstances venaient de mettre à sa disposition. Il est probable qu'il dut suivre en même temps les cours de droit civil et canonique que des professeurs renommés faisaient dans les différentes villes où résidait la cour pontificale (4). Aussi, lorsqu'il put enfin retourner dans sa patrie, il obtint de la chancellerie de Clément V une bulle adressée aux évêques de Bologne, de Padoue et de Florence, qui l'autorisait à recevoir de l'un de ces prélats, après examen, la licence en droit civil et canonique (5).

(1) Page 238.

(2) Comm., fo 18d.

(3) Ibid., fo 4a.

(4) Renazzi (Storia dell' Università romana) distingue, avec raison, cette université curie Romane de l'université de Rome créée dans cette dernière ville, en 1303, par Boniface VIII.

(5) La bulle de Clément V est datée d'Avignon, le 29 mars 1313. Elle se trouve transcrite aux archives du Vatican, registre de Clément V, côté 60, pièce no 319. Elle a été publiée par Ubaldini d'après ce registre

CHAPITRE III.

FRANCESCO DA BARBERINO DEPUIS SON RETOUR DE FRANCE

JUSQU'A SA MORT (1313-1348).

Le 8 août 1313, Piero Giovanni da Friena, procureur de Barberino, présenta la bulle du pape Clément V, dont nous venons de parler, à monseigneur Antonio d'Orso, évêque de Florence, dans le palais Guadagni, où l'évêque faisait sa résidence habituelle. C'est à ce jour-là qu'Ubaldini rapporte la remise solennelle du bonnet de docteur en l'un et l'autre droit à Francesco da Barberino; mais, en vérité, il m'est impossible de voir rien de semblable dans l'acte notarié dont nous possédons la copie (1). Cet acte constate simplement la présentation à l'évêque de la bulle pontificale, dont il reproduit le texte; ce n'est évidemment qu'une formalité préliminaire par laquelle Barberino, choisissant entre les trois exécuteurs auxquels la bulle était adressée, affirmait son intention de vouloir passer devant l'évêque de Florence l'examen exigé pour l'obtention de la licence et du doctorat. Nous ne savons donc la date exacte, ni de l'examen proprement dit, ni de la cérémonie solennelle dans laquelle le récipiendaire fut promu au grade de docteur (2); mais nous pouvons affirmer que ce ne fut qu'assez longtemps après son retour à Florence, puisque dans le manuscrit des Documenti, terminé vers la fin de cette année 1313, Barberino prend simplement le titre de scolaris utriusque juris. Dans un compromis entre particuliers qui le choisissent pour

(1) Arch. di Stato, carte Strozziane, vol. 356, p. 84.

(2) L'examen privé, bien que ne conférant que le titre de licencié, était en somme la base du doctorat, lequel n'était qu'une cérémonie d'apparat revenant fort cher au récipiendaire, et dont, pour cette raison, il retardait souvent la célébration. (Voyez Corpi, Le università italiane nel medio evo. Firenze, 1880, p. 195.)

arbitres, le 10 octobre 1317 (1), il est appelé « dominus Franciscus de Barberino, judex. » Mais, quoi qu'en pensent Crescimbeni (2) et plusieurs autres auteurs, ce titre de judex n'est pas absolument synonyme de docteur, attendu que nous le voyons déjà appliqué en 1300 à notre personnage, alors simple notaire de l'évêché (3). La première pièce où je l'aie vu qualifié de utriusque juris doctor est du 16 novembre 1318 (4).

Il semble que les pérégrinations de Francesco n'aient pas pris fin avec son retour de France: c'est du moins ce que donnent à penser deux passages de son commentaire qu'il a pris soin de dater, l'un de Bologne (5) et l'autre de Mantoue (6), et qui ne peuvent se rapporter qu'à l'époque de sa vie où nous sommes arrivés. Un autre passage du même ouvrage (7) et une nouvelle du Reggimento (8) nous le montrent encore à Venise; mais il est possible qu'il soit allé dans cette ville au temps où il étudiait à Padoue, et où il s'en trouvait par conséquent très rapproché. Au milieu de ces voyages, qui sans doute ne furent pas de longue durée, il trouva moyen de mettre la dernière main aux Documenti et au Reggimento, qui durent être terminés à peu de distance l'un de l'autre, vers 1314 ou 1315.

L'achèvement de ces deux ouvrages fut le dernier adieu de Barberino à ces études purement littéraires qui avaient été le culte de sa jeunesse et de son âge mûr. Au moment où il allait atteindre la cinquantaine il perdit sa femme, dont la mort doit être arrivée en 1313, comme l'explique justement Ubaldini; de ce premier mariage lui étaient nés cinq fils. Il ne tarda pas à

(1) Arch. di Stato, extraits des titres de la cathédrale de Florence, par Carlo Strozzi, Titres généal., vol. 344, p. 306.

(2) Istoria della volgar poesia (Venezia, 1731), tome III, p. 90-92. (3) Pièce citée plus haut.

(4) J'en dois l'indication à l'obligeance de M. Cesare Paoli, le savant professeur de paléographie de l'école supérieure de Florence : c'est un acte par lequel notre auteur est choisi pour arbitre par le couvent des Camaldoli, d'une part, et Francesco et Gherardo, fils et héritiers de Lapo di Bene di Faffi, de l'autre. La sentence arbitrale fut prononcée le 28 décembre suivant, et débute ainsi : « In Christi nomine, amen. Nos Franciscus de Barberino, utriusque juris doctor, licet indignus, arbiter et arbitrator... » Elle fut promulguée «< in domo dicti arbitri posita in populo sancti Florentii. » Ces deux pièces sont à l'Arch. di Stato, pergamene, Camaldoli, aux dates.

(5) Comm., fo 43d.

(6) Ib., fo 63b.

(7) lb., fo 10a.

(8) Reggim., p. 33: « Fui a Venetia... >>

se remarier avec une dame Barna, dont on ignore la famille, et cette seconde union ne fut pas stérile. L'âge et le souci d'élever une nombreuse famille devaient le pousser désormais vers des occupations plus positives et plus fructueuses.

Le titre de docteur en droit dut créer immédiatement à Barberino une situation assez élevée; ce n'est pas toutefois ce qui pouvait lui ouvrir la carrière politique. Le gouvernement de la république florentine était aux mains d'une aristocratie de familles patriciennes au milieu desquelles il était difficile de faire brèche; leur influence se mesurait à leur nom, et ce nom même à l'ancienneté de leur établissement à Florence; un modeste homme de loi, comme Barberino, venu tout récemment d'un village du contado, n'avait rien à espérer de ce côté. Ubaldini a voulu voir une autre cause à cette exclusion de Francesco des charges publiques; non seulement à cause de ses ancêtres il était suspect de ghibellinismo, mais il se serait compromis Ini-même gravement en écrivant à l'empereur Henri VII, au moment où celui-ci était déjà un ennemi déclaré des Florentins. L'existence de cette lettre serait en effet un fait fort grave et ferait penser à la célèbre lettre de Dante, datée du 16 avril 1311, dans laquelle il excite le roi des Romains à la destruction de Florence. Mais, quand l'auteur de la Divina Commedia écrivait cette lettre, il était exilé depuis plus de dix ans et il savait bien qu'il n'avait plus rien à espérer de Florence; la situation de Barberino, au contraire, était si différente qu'on ne s'explique pas une démarche semblable. Voici ce qu'il y a de vrai à ce sujet.

Notre auteur nous apprend (1) qu'il avait rédigé au nom de la couronne romaine » une lettre adressée à « Auguste » ; il y renvoie comme à un modèle de style et en cite le début et la phrase suivante: « Et erimus omnes in sedibus nostris, nec erit invidia in minori nec superbia in majori. » Nous n'en savons pas davantage sur ce document, et nous ne pouvons deviner par conséquent quel en était le but et quelles idées s'y trouvaient développées; mais, ce qui saute aux yeux, c'est qu'il ne faut y voir qu'un pur exercice de rhétorique, et que ni Henri VII ni la politique n'ont rien à faire ici.

Barberino parle deux fois du célèbre empereur, et l'on peut se rendre compte de ses sentiments réels à son égard. Dans le premier passage, il nous montre (2) le prince répondant habi

(1) Comm., fo 94°.

(2) Ib., fo 38°.

tuellement à ceux qui lui disaient que l'ennemi avait des forces supérieures aux siennes : « Mais nous, nous avons Dieu, car nous avons la justice avec nous. » Et il ajoute : « Il est certain que dans la plupart des cas il a une fortune qui tient du miracle. » Il faut se rendre compte que ce passage a été écrit en Provence, à un moment où les intentions de Henri VII n'avaient rien d'hostile contre Florence; Barberino ne fait d'ailleurs qu'enregistrer d'après les on-dit, secundum quod fertur, une pensée fort belle, et sur le prince lui-même il se tient dans une grande réserve. Il n'en est pas de même dans le second passage. L'auteur commente en ces termes la règle CXVI de ses Documenti (1) : « Une partie de cette règle trouve son application en Toscane et particulièrement à Florence. Lorsque les Allemands vinrent autour de la ville, en assez petit nombre, les Florentins surent temporiser et ne pas s'exposer aux dangers de la guerre, car l'issue d'une guerre est toujours douteuse; aussi, en traînant les choses en longueur ils y trouvèrent leur profit, car le chef des Allemands mourut et ils occupèrent sa terre. Quelqu'un sans expérience disait que c'était une grande honte pour les Florentins de ne pas combattre quand ils avaient une armée supérieure; mais, quand la mort du chef fut arrivée, on vit bien que l'opinion contraire était celle des sages. » Ces Allemands devant Florence, c'est l'armée impériale; leur chef, c'est l'empereur Henri VII, qui assiégea la ville du 19 août au 31 octobre 1312, et qui, le 24 août de l'année suivante, alla mourir à Buonconvento, dans la Maremma. Est-ce en ces termes qu'un ghibelin, aussi modéré qu'on le fasse, aurait parlé de ces événements qui furent l'anéantissement, au moins temporaire, des dernières espérances du parti?

On peut donc dire que Barberino, après son retour à Florence comme avant son départ, eut toujours soin de se tenir à l'écart des passions politiques. Dans la dernière partie de sa vie, il fut tout entier à la jurisprudence et aux affaires. Nous le voyons en relations très intimes avec l'évêque Antonio d'Orso, qui lui emprunte de l'argent pour faire des aumônes, et qui, au moment de sa mort (1322), le nomme un de ses exécuteurs testamentaires: comme tel, Francesco s'occupa des funérailles du prélat et lui fit ériger un tombeau. L'évêque étant mort sans payer au trésor pontifical les sommes dont il était redevable comme percepteur des décimes ecclésiastiques votés par le con

(1) Comm., f 50.

« ÖncekiDevam »