Sayfadaki görseller
PDF
ePub

Carlo Strozzi, de Florence (1), qu'il composa la biographie qui est en tête de l'édition de 1640. L'apparition de ce volume ne souleva pas dans le public un enthousiasme que l'œuvre était peu faite pour exciter. Elle eut du moins comme résultat de mettre un texte intéressant à la portée des savants et des lettrés, amis des origines de la langue et de la littérature italiennes, et de leur permettre de l'étudier. Francesco da Barberino prit rang parmi les auteurs dont l'Académie de la Crusca invoqua le témoignage. Son œuvre devint un testo di lingua, et Crescimbeni lui consacra une attention spéciale au point de vue de la métrique dans son Istoria della vulgar poesia.

En publiant les Documenti, Ubaldini déplorait la perte d'un autre ouvrage de Barberino, mentionné par Filippo Villani et intitulé: Il Reggimento e costumi di donna. L'infatigable Carlo Strozzi, au cours de ses recherches, ne tarda pas à découvrir un manuscrit de cette œuvre, et il se hâta de l'offrir au cardinal Francesco (17 septembre 1667). Le cardinal paraît avoir songé à faire publier le Reggimento comme il avait fait publier les Documenti. Le manuscrit fut transcrit par ses ordres; et cette copie, arrivée on ne sait comment aux mains du marquis Alessandro Gregorio Capponi, se trouve aujourd'hui, avec les autres manuscrits de Capponi, à la bibliothèque du Vatican. Toutefois, pour une raison ou pour une autre, la publication projetée n'eut pas lieu. C'est seulement en 1815 que parut à Rome l'édition de monsignor Manzi, d'après le manuscrit du Vatican. Cette publication, faite avec beaucoup de légèreté sur une copie assez défectueuse, laissait énormément à désirer (2). Aussi l'édition récente (1875) du comte Baudi di Vesme, qui a pour base le manuscrit de Carlo Strozzi conservé à la bibliothèque Barberine, et qui a été exécutée avec un soin louable, a-t-elle été la bienvenue. On peut la considérer comme définitive, sauf le cas peu probable où, pour le Reggimento comme pour les Documenti, on retrouverait le manuscrit original de l'auteur. L'éditeur d'ailleurs s'est borné à la publication du

(1) Voyez sur ce grand collectionneur florentin (1587-1670), qui fait songer à notre Peiresc, son contemporain, l'édition de Dino Compagni donnée tout récemment par M. Isidoro Del Lungo, tome I, p. 760 et suiv. Nous aurons plusieurs fois à renvoyer à cette belle publication, dont une grande partie, consacrée à l'histoire de la chronique de Dino Compagni depuis sa rédaction jusqu'à nos jours, est une véritable histoire de l'érudition italienne pendant les quatre derniers siècles.

(2) Voyez, pour les détails de tous ces fais, la préface de l'édition Baudi di Vesme.

texte; sa préface ne porte que sur l'histoire des manuscrits et sur la valeur des éditions antérieures. Quant à l'œuvre elle-même, il a laissé au lecteur le soin d'en apprécier le caractère et l'intérêt et de deviner les nombreuses allusions obscures qui s'y rencontrent.

Ces deux ouvrages imprimés sont, avec quelques chansons dont il est inutile de parler ici, les seules compositions en langue vulgaire de Francesco da Barberino qui nous aient été conservées. Mais il a également écrit en latin. Le manuscrit original des Documenti d'Amore, conservé encore aujourd'hui à la bibliothèque Barberine, renferme non seulement le texte italien de cette œuvre, mais une traduction latine dans laquelle il est comme enchâssé, et ces deux textes sont eux-mêmes encadrés d'un commentaire latin écrit d'une écriture microscopique (1). Ce commentaire, beaucoup plus considérable que le texte qu'il est destiné à gloser, est, comme tout le reste du manuscrit, l'œuvre de Barberino Federigo Ubaldini y a puisé bon nombre de faits qu'il a insérés dans la biographie de l'auteur en les défigurant plus d'une fois et sans en indiquer jamais la provenance exacte.

On semblait avoir perdu de vue le commentaire des Documenti, lorsqu'en 1870, M. Karl Bartsch, le romaniste allemand bien connu, se trouvant de passage à Rome, eut l'idée d'en examiner les premières pages; la publication (2) des extraits qu'il avait pris montra quelles révélations inattendues il y avait à en tirer pour l'histoire de la littérature provençale. Ce sont, je pense, ces extraits qui attirèrent l'attention de M. Paul Meyer, l'érudit assurément le plus versé dans la connaissance de tout ce qui touche de près ou de loin à la langue d'oc (3), et M. P. Meyer voulut bien m'indiquer comme

(1) Francesco da Barberino décrit lui-même ce manuscrit, auquel il renvoie, dans son Reggimento (éd. B. di Vesme, p. 90):

«Ivi è un testo volgar per la giente

C'a più non è intendente

E intorno a quello un testo letterale

Per chi più sa e vale,

E poi intorno ancor di questi due

Son chiose letterali... >

(2) Jahrbuch für romanische und englische Literatur, t. XI, p. 43 et suiv. (3) Le comte Baudi di Vesme avait aussi l'intention d'étudier et peut-être d'éditer ce commentaire; il en avait fait prendre une copie plus ou moins complète, dont M. Zambrini a publié quelques fragments relatifs à Ugolino Buzzuola, dans son ouvrage bibliographique intitulé: Le opere volgari a stampa dei sec. XIII e XIV (Bologna, 1878, 4° éd.). M. I. Del Lungo en a extrait un fragment relatif à Dino Compagni (La Cronica di Dino Compagni, t. I, p. 413),

objet d'études, pendant mon séjour à Rome, le manuscrit de la bibliothèque Barberine. Grâce à l'obligeance du vénérable bibliothécaire, l'abbé Sante Pieralisi, j'ai pu étudier ce commentaire, inédit pour la plus grande partie. Mon intention n'était d'abord que de continuer le travail commencé par M. Bartsch, c'est-à-dire de copier et de publier tous les passages où Barberino cite des auteurs provençaux. Puis, en recueillant peu à peu tous les matériaux accumulés par messer Francesco, j'ai senti que je contractais envers lui une dette de reconnaissance. N'y avait-il pas ingratitude, en effet, à mettre en œuvre tous ces documents sans s'occuper de l'homme à qui nous les devons? J'ai donc voulu étudier Francesco da Barberino en lui-même, dans sa vie et dans ses œuvres, et je n'ai pas tardé à voir combien cette étude préliminaire est indispensable pour bien comprendre la valeur du contingent précieux de renseignements qu'il nous fournit sur la littérature provençale.

Ce travail comprend donc deux parties distinctes. Dans la première, consacrée à la vie et aux œuvres de Francesco da Barberino, j'ai cherché à être aussi complet que possible. Je n'ai négligé aucun des travaux publiés en Italie dont j'ai pu avoir connaissance; j'ai refait sur les sources la biographie de Barberino ; j'ai étudié par moi-même les Documenti et le Reggimento, et j'ai cherché à donner une idée aussi exacte que possible de leur forme, de leur caractère, de leurs sources. Ce n'est donc pas seulement un résumé de ce qui a été fait en Italie que j'offre aux lecteurs français, mais une œuvre personnelle, où les compatriotes de Francesco da Barberino trouveront eux-mêmes beaucoup à apprendre. Dans la seconde partie, consacrée à l'examen minutieux des documents que nous fournit le manuscrit de la Barberine sur la littérature provençale, j'ai voulu exploiter à fond la carrière ouverte par M. Bartsch. Je crois n'avoir négligé dans le commentaire aucun fragment de quelque importance.

Mais les documents que j'ai exhumés soulèvent plus d'une question difficile, et de toutes ces questions il en est bien peu as

fragment déjà en partie publié par M. Bartsch. Enfin, j'ajouterai que M. Antognoni, élève de M. Monaci, travaille depuis près de trois ans à faire la copie de ce commentaire qui, espérons-le, trouvera enfin en lui un éditeur. Je saisis cette occasion pour remercier M. Antognoni de l'obligeance qu'il a mise à me faciliter l'étude du manuscrit, en me cédant quelques-unes des heures de travail, trop peu nombreuses, dont on peut disposer à la bibliothèque Barberine.

surément que je puisse croire avoir résolues d'une façon définitive. Je souhaite que d'autres plus compétents les reprennent après moi, s'il y a lieu, et avec plus de succès. Je m'estimerai encore heureux d'avoir attiré l'attention sur un coin peu connu du domaine provençal, et d'avoir rendu ainsi quelques services à des études vers lesquelles on voudrait voir enfin les savants français se porter avec autant et plus d'ardeur que les savants étrangers.

PREMIÈRE PARTIE

VIE ET ŒUVRES DE FRANCESCO DA BARBERINO

« ÖncekiDevam »