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il n'y a rien qui puisse faire supposer que cette composition ait servi de modèle à l'ouvrage perdu de Barberino, car, autant qu'on peut en juger avec les secours dont nous disposons, les deux livres étaient d'une nature très distincte.

Les Fiori di Novelle, comme on pouvait, sans trop de crainte de se tromper, le conjecturer d'après le titre, étaient un choix de nouvelles c'est ce qu'indiquent bien clairement les allusions faites par Barberino, dans son commentaire des Documenti, aux histoires de messer Beriola et du comte de Flandre. Ces allusions ont un intérêt de plus et nous permettent d'entrevoir les différents matériaux que l'auteur avait utilisés. L'histoire du comte de Flandre a pour source le troubadour Miraval, et il est probable qu'un assez grand nombre d'autres nouvelles venaient également du provençal. Mais l'allusion à messer Beriola et au comte Malvicino chevauchant vers Rimini montre que Barberino n'avait pas été chercher tous ses sujets de récits au delà des Alpes, et qu'il avait mis par écrit beaucoup d'anecdotes qui devaient courir de bouche en bouche en Toscane, en Romagne ou en Lombardie. C'est, en somme, ce qu'a fait l'auteur inconnu du Novellino; mais il est bon d'avoir une preuve certaine que les Fiori di Novelle n'étaient pas une simple traduction d'une compilation d'origine provençale. Ce qui peut paraître singulier, au contraire, c'est l'avertissement que Barberino croit devoir donner à propos du document VII, et où il dit qu'il avait traité ce sujet dans les Fiori. On ne s'explique pas très bien que, dans un choix de nouvelles, il y ait place pour un traité sur la façon de voyager en compagnie, surtout pour un traité sous forme de préceptes, car c'est ce qui semble résulter du parallèle qu'il établit entre cet ouvrage antérieur et les Documenti.

Cette circonstance ferait croire que notre auteur, très amateur, comme on sait, de l'ordre méthodique, au moins dans la forme, avait appliqué son système favori à son recueil de nouvelles ; on comprendrait ainsi qu'ayant groupé ses récits sous un certain nombre de divisions, il ait trouvé à propos de mettre en tête de chaque partie des considérations et des préceptes didactiques appropriés à la nature des récits qui devaient suivre. Cette disposition rappellerait par plusieurs points celle du Reggimento (1);

publié et exactement interprété par M. Bartsch, M. D'Ancona s'est laissé entraîner lui-mème par Ubaldini à répéter cette erreur qui repose sur un contre

sens.

(1) C'est ici le lieu de mentionner l'opinion de Bottari, admise, ou du moins reproduite, par Mazzuchelli (Scrittori d'Italia, art. Barberino) et Tiraboschi (Sto

il est même permis de croire que ce rapport de forme n'était pas le seul qui existât entre les deux ouvrages. Qu'on se souvienne des termes dans lesquels Barberino parle pour la première fois des Fiori in libro Florum novellarum quas ad brevitatem reduxi in multis aliis dictis meis. Or il n'est pas fait mention à cet endroit du Reggimento, bien que nous sachions qu'à l'époque dont il s'agit le livre fût à peu près terminé; il rentre donc bien dans la catégorie des aliis, quoique le mot dictis ne lui convienne pas parfaitement. Il est, somme toute, assez vraisemblable que quelques-unes des nouvelles que nous lisons aujourd'hui dans le Reggimento, quelques-unes aussi de celles qui sont en si grand nombre insérées dans le commentaire des Documenti, viennent des Fiori di Novelle dont la perte se trouve ainsi, sinon complètement, au moins en partie comblée (1).

ria lett. it., XIV s., lib. 3, cap. 15); qui voulait identifier l'ouvrage perdu mentionné par Ubaldini avec le Reggimento, qui n'était pas encore publié. Les passages du Commentaire que j'ai cités ne permettent pas cette identification, car ni messer Beriola, ni Jean de Branselve, ni le comte de Flandre ne sont mentionnés dans le Reggimento, comme ils devaient l'être dans les Fiori di Novelle.

(1) Il n'entre pas dans notre plan de consacrer une étude approfondie à la forme matérielle des œuvres de Barberino, à la langue, au style, à la métrique. Voici seulement quelques indications à ce sujet. Au commencement du Reggimento, Honnêteté, traçant le plan de l'ouvrage à Barberino, lui dit (p. 15) : E parlerai sol nel volgar toscano,

E porrai mescidar alchun volgari
Consonanti con esso,

Di que' paesi dov' ai più usato,

Pigliando i belli, e non belli lasciando.

Notre auteur a largement usé de la permission, car l'on trouve chez lui, - et particulièrement dans les Documenti, beaucoup de mots et de formes qui n'appartiennent pas au volgar toscano (Voyez l'ouvrage de M. N. Caix, Le origini della lingua poetica italiana, Firenze, 1880). Il n'emprunte pas seulement aux dialectes italiens, mais au provençal, et il justifie l'expression donna Medicina, au lieu de Madonna Medicina, que réclame l'usage italien, en rappellant que c'est en Provence qu'Amour a promulgué ses Documenti (voyez plus haut, p. 71). Le style du Reggimento est généralement clair et facile, celui des Documenti plus embarrassé. On y trouve souvent un latinisme qui consiste à séparer l'adjectif du substantif, et qui, transporté en italien, ne produit pas un heureux effet E danno ognun leggero | Chi sa portar Maggior riporta laude Hom che non à in sua ordine vita, etc. Le Reggimento est écrit en vers libres qui ne riment qu'exceptionnellement; cet emploi du vers blanc est, semble-t-il, une innovation de Barberino. La rime est, au contraire, la règle des Documenti, mais chaque partie a une formule métrique différente. L'étude des différentes strophes employées par Barberino a donné lieu à un travail, resté manuscrit, de Bernardo Filippini, qui le dédia au comte Ubaldini le 28 septembre 1641 (voyez Crescimbeni, Ist. della volg. poesia, III, 92).

SECONDE PARTIE

BARBERINO ET LA LITTÉRATURE PROVENÇALE

SECONDE PARTIE

LIVRE PREMIER

La littérature provençale en Italie

CHAPITRE PREMIER.

LES TROUBADOURS EN ITALIE.

Parmi les différentes littératures qui sont nées au moyen âge dans les pays romans, au moment où le latin, passant définitivement à l'état de langue morte, n'a plus été un obstacle insurmontable à leur apparition au grand jour, aucune peut-être n'est plus digne d'intérêt que la littérature provençale. En possession d'une langue qui, de très bonne heure, prend conscience d'ellemême, qui est familière aux clercs les plus instruits comme aux laïques de la plus haute condition, tandis que dans les autres pays romans la langue vulgaire est encore dédaignée et délaissée, cette littérature produit, dès le dixième siècle, le Poème de Boèce. Plus tard, vers la fin du siècle suivant, avec le comte Guilhem de Poitiers et le vicomte Eble de Ventadour, retentissent les premiers accents lyriques; partis du Poitou et du Limousin, les chants trouvent un écho dans tout le midi de la France, et de tous côtés on voit se former des essaims de troubadours. Pendant un siècle environ, le mouvement littéraire s'accentue et se développe. La lyrique n'est plus la seule forme sous laquelle la poésie se manifeste; les récits historiques ou de pure imagination, les

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