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à de la résine. Un chasseur de l'île Vancouver aurait, paraît-il, observé le même fait à plusieurs reprises chez le Castor et une fois chez l'Ours. Ce dernier trait est d'ailleurs confirmé par une observation personnelle de l'auteur. Un ours, atteint d'un coup de fusil qui l'avait blessé à la patte après avoir déchiré profondément la peau, avait tamponné sa blessure avec de l'argile et recouvert la peau déchirée d'une boue épaisse prise sur le bord d'une rivière.

On devine la part laissée à l'imagination dans l'interprétation de pareils traits; nul n'ayant observé l'animal sur le fait, il est impossible de dire le rôle qu'il a joué dans la fabrication du pansement, d'ailleurs très grossier, qui recouvre sa blessure.

Il en est tout autrement d'un cas extraordinaire raconté par l'auteur américain dans les plus petits détails et concernant, cette fois, un oiseau, la Bécasse. Un jour, Long, étant assis sur le bord d'un ruisseau, à l'angle du bois de Bridgewater, vit une Bécasse se poser sur la rive à un endroit où se trouvait une bande de boue épaisse et d'argile. Intrigué par les allures étranges de l'oiseau, il se glissa le plus près possible de lui, de manière à le bien voir et à être absolument sûr de la signification de ses moindres mouvements.

Il vit alors la Bécasse prendre de l'argile molle dans son bec et l'étendre sur une de ses pattes. Elle arracha ensuite de minces racines et des brins d'herbe qu'elle assujettit dans la gaine de terre. Puis elle reprit de l'argile et l'étendit sur les fibres en couches si épaisses que l'on pouvait voir le membre augmenter peu à peu de diamètre. L'opération dura un quart d'heure, après quoi l'oiseau se tint immobile durant une heure, frottant seulement de son bec et polissant le bandage d'argile.

(1) Le « Rat-Musqué » (Fiber zibethicus L.) est un rongeur de l'Amérique du Nord. Il se construit des cabanes à la manière des castors. Sa fourrure est très recherchée.

Ce laps de temps écoulé, il s'envola et disparut dans l'épaisseur des bois.

Long ne se méprend pas sur l'originalité de son observation : il qualifie d'« incredible action » l'acte de l'oiseau. Son avis personnel est que l'animal, ayant eu une patte brisée, l'avait délibérément emprisonnée dans une gaine d'argile, pour maintenir les os en place et leur permettre de se réunir; mais il ajoute, et ce détail n'est pas de nature à diminuer son crédit, — « naturally I kept my own counsel, knowing that no one would believe in my theory (l. c. p. 104).

Sans se départir de sa prudente réserve, Long eut, dans. la suite, l'occasion d'interroger beaucoup de chasseurs ; il en rencontra deux qui avaient tué des Bécasses portant aux pattes les traces de fractures anciennes et parfaitement consolidées. Lui-même en découvrit une autre dans le même cas sur un marché, après en avoir examiné des centaines dans différentes localités. Enfin, parlant un jour gibier dans une réunion, un auditeur vint à lui et lui raconta avoir tué une Bécasse portant sur une de ses pattes une motte d'argile durcie. Poussé par la curiosité, ce chasseur avait fait sauter l'argile à l'aide de son canif et mis à nu un os qui, après avoir été brisé, s'était reconstitué et était devenu plus solide qu'auparavant.

Les observations de l'auteur américain ne sont pas restées isolées; elles ont été, depuis 1903, confirmées par plusieurs observations du même genre qui toutes, chose étonnante, se rapportent également à la Bécasse.

M. Mérite mentionne le cas d'une Bécasse qui, enfermée dans une cage dont le dessus était tendu d'un grillage, s'était, dans des bonds déordonnés, fait une plaie béante au crâne ainsi que des blessures nombreuses sur les autres parties du corps. Laissée dans l'obscurité complète et nourrie à la main, la bête survécut à ses blessures. Elle fut entravée des deux ailes et placée dans une grande volière où un abri lui permettait de se cacher. Peu à peu, n'étant jamais dérangée, elle accepta son sort.

Un jour que M. Mérite l'avait dans la main, il s'aperçut que les plaies s'étaient complètement refermées et que les plumes repoussaient. Au ventre, un véritable cataplasme, fait de plumes duveteuses et de fragments de feuilles, recouvrait une ancienne blessure. Ce cataplasme enlevé, la peau apparut parfaitement saine.

On peut lire dans le SAINT-HUBERT-CLUB ILLUSTRÉ du 1er juillet 1923, un article de M. G. Benoist où il est fait allusion à une Bécasse blessée par S. A. le Prince de Monaco et tuée quatre jours après. L'oiseau portait au croupion trois blessures recouvertes d'emplâtres composés de terre, de duvet et d'herbes agglomérées.

A l'occasion de cet article, M. F. Quentin (1) rappelle qu'il y a plusieurs années, il envoya à la Feuille des JEUNES NATURALISTES une note concernant une Bécasse dont la patte portait un pansement analogue à celui que décrit W. J. Long. La note, ajoute l'auteur, ne fut sans doute pas prise au sérieux car elle ne fut jamais insérée. La bête, tuée vers 1889 ou 1890, avait eu une patte cassée qui était pansée et « raccommodée dans la perfection » (p. 229). Partant de la naissance du pouce, des fibres d'herbes, provenant peut-être de la grande ortie grise, entouraient le membre blessé jusque près de la jointure supérieure. Ces ligatures, superposées sur de multiples épaisseurs, donnaient au membre le diamètre d'un gros crayon. Elles étaient fixées au moyen d'une matière agglutinante, « très résistante et très dure » (ibid.) qui ressemblait à de la glaise mélangée à une substance sirupeuse; cette substance, ramollie dans l'eau froide, poissait les doigts.

Pour clore cette liste de documents, voici une observation personnelle qui, si elle ajoute peu de chose aux données précédentes, aura, du moins, l'avantage d'être faite pièce en main et, pourrait-on dire, sous les yeux du lecteur.

(1) Contribution à l'article de M. G. Benoist. Vitalité et prévoyance. Gibier blessé; LE SAINT-HUBERT-CLUB ILLUSTRÉ, 1er septembre

1923.

Il s'agit encore d'une Bécasse tuée vers 1875 ou 1876 par le Baron E. de Vilmarest dans le bois de Bomy (Pas-de-Calais) (1). La bête avait été probablement tirée deux jours auparavant et blessée. Elle portait à la patte droite un pansement fait de plumes et de terre dont les photographies ci-jointes donnent une idée assez exacte (FIG. 1). La patte est vue, en A, par sa face latérale interne, en B, du côté opposé.

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Le tarso-métatarse est entouré de plumes mélangées avec de la terre.
En A, face interne; en B, face externe.

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(Grandeur naturelle).

Sur la photographie A, le manchon de plumes recouvre la base des doigts, mais la gaine de terre durcie sur laquelle sont fixées les plumes, commence, en réalité, à la

(1) Cette pièce m'a été obligeamment offerte par Madame la Baronne de Vilmarest.

naissance du pouce et cesse à un demi-centimètre de la jointure supérieure.

Les plumes superficielles, surtout visibles en A, ne sont enrobées dans la terre durcie que par leur sommet ; sur la face postérieure du tarso-métatarse, elles sont complètement enfouies.

Essayons de déterminer la part qui revient à l'animal dans la confection de ce simili-pansement en faisant abstraction de toutes les données précédentes. Pour cela, deux points sont à établir: l'existence d'une blessure ou d'une fracture, la nécessité de l'intervention de l'oiseau dans la fabrication de l'appareil.

En examinant avec soin le tarso-métatarse sur toute sa longueur visible, on aperçoit, au voisinage de sa base inférieure, un caillot formé par une substance homogène, très dure et de couleur brunâtre. Traité par les réactifs utilisés en hématologie pour l'étude du sang desséché, ce caillot ne fournit aucun renseignement précis ; ce n'est pas une gomme végétale, il est insoluble dans l'eau ; ce n'est pas une résine, il n'est pas dissous par le toluène, le xylène, etc... Les plumes superficielles ont leur extrémité supérieure agglutinée par la même substance.

Pour acquérir la certitude au sujet de l'existence d'une blessure, il faut pratiquer la section longitudinale du tarso-métatarse à l'aide d'une scie fine. L'os apparaît alors brisé à 4 mm. de son extrémité inférieure. La partie supérieure, longue de 23,5 mm., se termine par une pointe qui, sous le poids du corps, a glissé sur la partie inférieure, déchiré l'épiderme et fait saillie au dehors. Il en résulte un raccourcissement notable du membre et la formation d'une plaie assez étendue pour fournir une certaine quantité de sang.

Il existe, en effet, tout autour de l'os, au niveau de la fracture, un caillot de substance brunâtre, celui dont il a été question plus haut ; ce ne peut être que du sang, car il remplit les anfractuosités de la partie saillante du tarso

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