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métatarse et s'infiltre dans les interstices qui séparent les deux portions de l'os brisé. Aucune trace de régénération; ce qui s'explique par la date récente de la blessure. Si le membre est, malgré tout, rigide, il faut l'attribuer, sans doute, à la coagulation du sang.

Le reste de la patte est intact; le pouce est appliqué contre les autres doigts.

Quant au pansement, il est formé de terre et de plumes. agglutinées. Le manchon qu'il constitue autour du membre brisé n'est pas continu. En écartant légèrement les plumes sur la face externe de la patte, on peut suivre le tarsomé atarse sur toute sa longueur (FIG. 1, B). Il n'est pas inutile de faire remarquer que cette région est, pour l'oiseau, la plus difficile à atteindre avec le bec. La coupe longitudinale révèle l'existence d'un vide entre le manchon protecteur et l'os brisé,vide peut-être dû à la dessiccation. Pas de couche d'argile à l'intérieur du manchon qui est formé d'un feutrage serré de plumes mélangées avec de la terre; il a une épaisseur moyenne de 1 mm. et n'adhère au membre qu'en un seul point, celui qui correspond au niveau de la fracture. Les plumes sont des plumes de Bécasse. A part deux petites plumes dont le tube est visible, en A, au voisinage de la jointure supérieure et à droite, toutes les plumes ont la même orientation le tube est en bas, les barbes en haut. A moins d'y voir un effet du hasard, il faut, pour expliquer cette particularité, faire appel à une intervention de l'oiseau. Une difficulté surgit cependant. Pour disposer ces plumes avec une telle régularité, la Bécasse a dû les ramasser par terre ou se les arracher. La première hypothèse est peu vraisemblable. A supposer que l'animal ait été « plumé »> par le coup de fusil, les plumes seraient tombées sur place. Si la Bécasse les a arrachées, il reste à expliquer comment elle s'y est prise pour leur donner une orientation aussi régulière. Il y a plus, les plumes qui forment la masse principale du manchon sur la face supérieure et sur la

face extérieure de la patte (FIG. 1, A), sont de grandeur régulièrement décroissante en allant de bas en haut ; ce qui suppose que la bête a arraché la touffe d'un seul coup de bec et l'a déposée tout entière sur la blessure! Quand bien même il serait prouvé que le bec long et flexible de la Bécasse est capable d'un pareil effort, il faut avouer qu'une autre explication se présente à l'esprit, beaucoup plus vraisemblable. Les plumes dont il s'agit sont intactes comme le sont des plumes fraîchement arrachées; elles ont une longueur décroissante; elles reposent par leur face convexe les unes sur les autres et, enfin, elles recouvrent surtout le côté externe de la patte. Tout ceci s'explique par la supposition suivante : l'oiseau blessé, après s'être soigné ou non, s'est blotti dans un fourré, et les chasseurs savent combien il est difficile de faire lever une Bécasse qui vient d'être tirée ; — dans cette position, la patte s'est glissée, encore toute saignante, entre les plumes qui recouvrent les parois latérales du corps; le sang a agglutiné les plumes immédiatement en contact avec la blessure et, en se desséchant, les a fixées par leur extrémité libre. Quand le surlendemain, l'oiseau, surpris, a brusquement quitté sa retraite, les plumes ont été arrachées en touffe, conservant sur la patte la disposition et l'emplacement qu'elles avaient sur le corps.

et il semble qu'elle

Si cette interprétation est la vraie, n'est pas dénuée de fondement, il n'est pas inutile de faire remarquer qu'elle est insuffisante pour expliquer tous les détails du pansement et, en particulier, la solution de continuité que présente ce dernier dans la région du tarso-métatarse inaccessible au bec de l'oiseau. Suffitelle à l'explication de tous les cas cités plus haut et relatifs à la Bécasse ? Il semble que non.

Le récit de W. J. Long, à la fois si précis et si réservé, a des caractères d'authenticité difficilement conciliables avec l'erreur. Il est vrai que l'auteur a pu mal voir et IVe SÉRIE. T. V.

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mal interpréter; il n'en est pas moins étrange que toutes les observations recueillies après la sienne, concordent avec son récit et se rapportent toutes au même oiseau. Mais si la question de l'autochirurgie chez la Bécasse n'est pas totalement résolue, les faits allégués jettent assez de lumière pour justifier la réhabilitation de l'oiseau dont le nom est devenu synonyme de « sotte ». Aller plus loin, lui décerner un brevet d'intelligence, serait oublier que l'instinct n'est pas l'unique mode de l'activité animale. Les Oiseaux, tout spécialement, sont doués d'un système nerveux et d'organes des sens d'une perfection remarquable. Il résulte des recherches de A. Rochon-Duvigneaud (1) que leurs yeux, en particulier, leur assurent une étendue de champ visuel, une acuité de vision, une netteté de perception des couleurs que ne possède peutêtre aucun mammifère.

A cet ensemble organique correspond nécessairement une vie sensible très développée. Ayant la sensation, l'Oiseau peut produire les actes de connaissance inférieure qui en dérivent; les associations d'images lui font poser des actes, contracter des habitudes qui, à la longue, constituent pour lui un savoir-faire acquis aussi précieux que le savoir-faire naturel, l'instinct proprement dit.

C'est à ce savoir-faire acquis, surajouté à l'instinct fondamental et immuable, c'est à cet instinct secondaire, formé d'habitudes individuelles devenues ou non héréditaires et, dès lors, essentiellement variable, qu'il faut rattacher, si toutefois elle est confirmée par l'observation, la merveilleuse aptitude attribuée à la Bécasse.

P. CAPPE De Baillon,

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Docteur ès sciences.

(1) LA NATURE, nos 2560-2565, 1923. LA PRESSE MÉDICALE, n® 67, 1923,

LE RENDEMENT

DU

CAPITAL INDUSTRIEL

CONSÉQUENCES INDUSTRIELLES ET SOCIALES

L'étude que nous avions entreprise sous les auspices de la Société scientifique est donc à son terme. Elle nous a montré que le rendement du capital industriel belge, au cours des treize années qui ont précédé la guerre, n'avait pas dépassé 5,8 % ; si l'on en déduit les pertes, ce rendement tombe même à 3 1/2 %. Ces conclusions présentent, croyons-nous, une réelle importance au point de vue économique et social; nous allons nous efforcer d'en établir les conséquences.

I

Le dividende servi par l'industrie, qu'on avait pu croire très élevé, n'est en réalité qu'un simple intérêt, variable à la fois d'après l'époque et le genre d'entreprise. Le rôle de l'intérêt et de ses variations est trop marquant dans l'économie contemporaine pour ne pas retenir notre attention.

L'intérêt a pour mission de provoquer l'épargne ; le mot d'épargne éveille en nous l'idée de conservation, de non-dépense, et c'est bien ainsi qu'elle se présentait autrefois.L'avare de Molière avait sa cassette, ses meubles, et probablement son argenterie. Harpagon n'a plus

aujourd'hui que des titres. L'épargne ne consiste plus dans l'accumulation des richesses, mais dans l'achat de nouveaux instruments de production. Chacun place aujourd'hui ses économies, et, sauf le casde guerre, elles sont immédiatement mises à la disposition du commerce et de l'industrie. Les dépôts en banque vont à l'industrie par l'escompte, les valeurs mobilières plus directement encore; il n'est pas jusqu'aux prêts à l'État qui n'y soient employés sauf le cas fréquent de gaspillage, par des travaux publics et en particulier par les chemins de fer.

Il s'est donc produit un changement radical dans la façon dont il faut considérer l'épargne et l'intérêt. On épargnait autrefois pour soi, on économise aujourd'hui pour les autres. L'avantage que l'on retire personnellement de l'épargne est bien peu de chose à côté de ce que les autres y gagnent. En prenant un billet de chemin de fer de 10 francs, je donne 1 franc 50 centimes à celui qui autrefois se priva de consommer une partie de ses revenus. Quel est le plus avantagé des deux, de lui qui reçoit 1 franc 50, ou de moi qui fais 70 kilomètres en wagon au lieu de les faire à pied ou en diligence?

On comprend la sévérité des philosophes et des théologiens, de saint Thomas en particulier, envers l'intérêt. Mais les temps ont radicalement changé. Les anciens moralistes prêchaient aux riches le devoir de la munificence aujourd'hui elle devient un défaut. Celui qui croit rendre service à autrui en dépensant tout son revenu, lui cause un tort énorme, et le vrai mauvais riche n'est pas celui qui possède beaucoup, mais celui qui dépense beaucoup. Si les ouvriers mineurs (comme la classe ouvrière en général) jouissent aujourd'hui de plus de bien-être, c'est qu'ils disposent du matériel et des machines qu'ils doivent à l'épargne. Le XIXe siècle a vu, disait M. J. M. Keynes, la réconciliation de Dieu et de Mammon; M. J. M. Keynes exagérait, mettons simplement que Mammon a changé de figure.

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