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REVUE

DES RECUEILS PÉRIODIQUES

ETHNOGRAPHIE

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Outillage lithique tertiaire. Nous avons à signaler deux articles relatifs aux silex trouvés par M. J. Reid Moir. On sait que, comme quelques autres archéologues, ce chercheur anglais attribue ces silex au Pliocène. Le premier article est de M. Reid Moir lui-même (1). Il continue ses recherches et ses études sans paraître se douter des objections qu'elles soulèvent.

Il s'agit d'un nouveau gisement que l'auteur vient de découvrir et d'explorer à proximité de Cromer (Norfolk).

Ce gisement situé sur une bande de plage très rapprochée de la côte est visible à marée basse. Long d'environ 150 m. et large d'environ 100 m., il contient de nombreux silex.

On peut lire dans le beau Traité de Géologie de M. Haug que les dépôts de la formation du Forest Bed de Cromer reposent sur le crag de Weybourn. M. Reid Moir analyse longuement la nature et la position de ces deux assises.

Il suppose qu'avant la formation des dépôts du Forest Bed le crag de Weybourn fortement raviné a été habitable. Les Cromériens primitifs pouvaient atteindre le gravier sur lequel repose le crag de Weybourn et ce cailloutis leur procurait les matériaux de leur industrie.

(1) J. Reid Moir, On an early Chellian-Palaeolithic Workshop-Site in the Pliocene Forest Bed of Cromer, Norfolk, dans THE JOURNAL OF THE ROYAL ANTHROPOLOGICAL INSTITUTE OF GREAT BRITAIN AND IRELAND, vol. LI, 1921, July to December, p. 385.

M. Reid Moir a recueilli dans ce gisement beaucoup de silex caractérisés par la teinte d'ocre jaune des faces éclatées et qui sont antérieurs aux grands glaciaires du Pliocène. Ses abondantes récoltes contiennent des pointes, des racloirs allongés et discoïdes et des tranchets, qu'il rapporte à l'aurore des temps chelléens.

Au sujet de ces silex l'auteur a reçu un témoignage de M. l'Abbé Breuil, qui s'exprime comme suit : « On peut constater sur vos trouvailles les effets d'un débitage intentionnel, différent de l'éclatement qui résulte de l'action des vagues et très différent de celui qui est dû à la compression qui s'exerce à l'intérieur du sol ».

Le second article a été rédigé par M. Capitan ; il contient une étude sur les silex d'Ipswich (Suffolk) (1). Le savant professeur de l'École d'Anthropologie de Paris nous apprend que ces fameux silex d'Ipswich proviennent d'un habitat établi à la partie inférieure du crag rouge, à la base du pliocène supérieur. Des vingt pièces que M. Reid Moir lui avait envoyées, M. Capitan en a retenu cinq et il y a relevé les marques d'une taille authentique. M. Breuil est convaincu comme lui qu'on peut y discerner les vestiges d'un travail intentionnel. M. Capitan termine par la conclusion suivante:

« L'existence de l'homme tertiaire est donc de ce fait ainsi établie et cette fois sur des preuves et au moyen d'arguments autrement solides que ceux présentés jadis. Par suite, l'antiquité de l'homme se trouve terriblement reculée. Mais il n'y a qu'à s'incliner devant les faits observés

«Nous ne nous dissimulons pas que toutes ces observations vont être violemment critiquées. Des critiques théoriques, il n'y a à faire aucun cas. Aux critiques techniques, nous essaierons de répondre en poursuivant de plus près encore l'étude de cette passionnante question. »>

Nombre de savants réservent leur opinion. C'est prudent. Au sujet de ces silex tertiaires, nous pensons comme M.Boule. Exposant les théories des géologues anglais opposés à la thèse de M. J. Reid Moir, voici comment s'exprime le savant directeur de l'ANTHROPOLOGIE (2) :

(1) L. Capitan, Les silex tertiaires d'Ipswich. Dans REVUE ANTHROPOLOGIQUE. T. XXXII, 1922, p. 126.

(2) ANTHROPOLOGIE. T. XXXII, 1922, p. 135..

<< En Angleterre même, les éolithes et les silex rostro-carénés du Crag ont de sérieux adversaires en M. M. Haward et Hazzledine Warren qui, après avoir beaucoup observé et expérimenté, sont arrivés, tout à fait indépendamment l'un de l'autre, aux mêmes conclusions négatives.

« Dans la présente brochure, M. Haward traite d'abord des caractères de la fracture et de la taille du silex par l'homme et par les forces naturelles, passant successivement en revue les actions thermales, les fractures par tension, par clivage, par concussion, par percussion, par pression, etc. Il discute ensuite les caractères de la taille offerts par les silex du Crag et des basement beds du Norfolk qui sont du même ordre. Son exposé, très sobre, nourri de faits, accompagné d'un tableau comparatif des caractères de la taille humaine, et de la taille naturelle, présentés, les premiers par les vrais silex taillés du Paléolithique ancien et, les seconds, par les silex en discussion est des plus démonstratifs. Il est suivi d'une lettre d'un géologue, M. Kennard, déclarant qu'aucune personne raisonnable ne peut douter que ces éolithes soient les résultats de forces naturelles. »

Dans un gisement paléolithique, tous les silex qu'on découvre proviennent des occupants de l'habitat, soit comme matière première apportée, soit comme outils, soit comme déchets de taille ! Dans un gisement éolithique, nulle trace de travail humain ou d'occupation humaine. On n'a que des retouches pour fixer son jugement et ces retouches peuvent résulter d'un grand nombre de causes. On fait un choix arbitraire et indépendant du situs, parmi les matériaux du cailloutis. Ce n'est pas le gisement qui procure l'outillage, c'est la sélection.

M. J. Reid Moir est un homme heureux. Quand il découvre un gravier quelconque, il est sûr d'y rencontrer des traces de l'industrie humaine. Cependant toutes ses tentatives n'ont d'autre résultat que de jeter le discrédit sur les recherches préhistoriques.

Statuette de femme stéatopyge découverte à Lespugue. La plus remarquable découverte effectuée récem

ment dans les gisements paléolithiques est celle de la statuette de femme stéatopyge (1).

La grotte des Rideaux de Lespugue, où M. René de SaintPérier l'a recueillie le 9 août 1922, est située dans la HauteGaronne. Le foyer et le niveau archéologique unique, dans lesquels cette statuette a été rencontrée, correspondent à l'Aurignacien supérieur; on voit déjà apparaître les traces de la taille solutréenne du silex.

La statuette est sculptée en ronde bosse, dans un fragment de défense de mammouth. Elle est très patinée et présente de larges surfaces noires; elle mesure 148 millimètres de longueur sur une largeur de 60 millimètres et une épaisseur maximum de 36 millim. M. de Saint-Périer la rattache au groupe aurignacien homogène formé par les figurines de Brassempouy dans les Landes, de Grimaldi à Menton et de Willendorf dans la Basse-Autriche et par les bas-reliefs à figuration humaine de Laussel (Dordogne). Il est juste de reconnaître que, par la belle venue et le fini de son exécution, elle surpasse toutes ces sculptures aurignaciennes et même celle de Willendorf (2).

Entre tous les caractères, il faut noter l'espace libre ménagé entre les bras et le thorax, détail important par lequel ce curieux spécimen artistique de l'âge du renne se distingue des autres figurines qui ont les bras serrés contre le corps. Une autre particularité, c'est le vêtement postérieur, couvrant les cuisses: une série de bandes longitudinales attachées en haut à un cordon vertical; elles sont traversées par des stries horizontales; puis elles descendent presque jusqu'aux pieds comme des franges.

Tous les caractères morphologiques, nommément l'excessive steatopygie, permettent de prendre en considération le type ethnique qu'elle représente et de la rattacher à la race Boshimane. Celle-ci semble offrir une survivance d'une

(1) Dr René de Saint-Périer, Statuette de Femme steato pyge, découverte à Les pugue. Dans ANTHROPOLOGIE, tome XXXII, 1922, p. 361 et suiv. Fascicule paru en février 1923.

(2) Dr Hugo Obermaier, Der Mensch der Vorzeit. Wien, 1912, P. 293.

vieille race africaine de la même souche que les Aurignaciens de l'Europe occidentale et centrale (1).

Beaucoup d'ethnographes rapprochent ces figurines aurignaciennes des figurines préhistoriques analogues de l'Égypte Malgré l'opinion contraire de M. Déchelette, qui n'admettait pas de connexion possible entre l'âge du renne et les temps néolithiques de l'Égypte, nous estimons avec M. Boule que toute idée de ressemblance et de comparaison de la statuette de Lespugue avec les femmes stéatopyges de Negadah ne doit pas être exclue (2).

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La race américaine. Les auteurs américains estiment que la race qui a peuplé l'Amérique, depuis la frontière du pays des Esquimaux jusqu'à la Patagonie, constitue un tout homogène, se distinguant par des caractères uniformes; ils avouent toutefois qu'on peut reconnaître encore les traces des divers types asiatiques qui se sont fusionnés pour former cette race.

Cette question de la race aborigène a été traitée par M. W. H. Holmes, dans un mémoire publié par le rapport annuel de la Smithsonian Institution (3).

L'auteur se base sur les seuls caractères de la face: tels sont le profil du visage, l'aspect des yeux, la forme des pommettes et les traits de la physionomie; nous croyons qu'il y a là un critérium excellent pour discerner les races, quand on peut observer les sujets vivants ou quand on dispose de bonnes phototypies.

A considérer d'une part les types mongoloïdes de l'Asie septentrionale figurés par M. Holmes et d'autre part les visages des indigènes de l'Amérique du Nord, nous en apercevons le contraste; mais nous distinguons aussi les traits qui les rapprochent et qui dénotent l'origine asiatique de la race américaine du Nord. Le courant d'émigration a passé

(1) Institut français d'Anthropologie. Séance du 15 novembre 1922. Dans ANTHROPOLOGIE, t. XXXII, 1922, p. 519 et suiv.

(2) Cfr. Jean Capart, Les Débuts de l'Art en Egypte. Dans ANNALES DE LA SOC. D'ARCHÉOL. DE BRUX. Tome 18, 1904, p. 74 et suiv.

(3) W. H. Holmes, On the race history and facial characteristics of the aboriginal Americans, dans ANNUAL REPORT OF THE SMITHSONIAN INSTITUTION FOR THE YEAR 1919. Washington, 1921. Avec 14 planches, p. 247 et suiv.

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