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(QUARANTE-TROISIÈME ANNÉE; TOME LXXXV de la colleCTION)

LOUVAIN

Secretariat de la Societe Scientifique

(MM. F. Willaert et H. Dopp)
II, RUE DES RÉCOLLETS, II
Compte chèques postaux 38022

PARIS

Les Presses Universitaires de France

(Société coopérative)

49, BOULEVARD S' MICHEL, 49
Chèques postaux 392-33

Problèmes financiers
d'après guerre

La grande guerre, par l'extension de l'aire de combats, par les masses de combattants, par l'immense destruction de richesses de toutes sortes au cours de sa longue durée, a ébranlé le monde économique. Ses suites sont comparables aux effets d'un tremblement de terre. Les séismes sont essentiellement une rupture d'équilibre des forces naturelles qui assurent la stabilité et l'existence même du Globe. Pareillement, l'inflation fiduciaire, les secousses des changes, le gouffre des dépenses publiques sont des ruptures d'équilibre, tout comme le chaos de l'économie allemande qui dans l'état présent des choses rend insoluble le problème des réparations.

Je vais essayer de montrer l'enchaînement de ces phénomènes financiers comme le ferait un géologue pour les manifestations variées d'une secousse sismique. Que de fois depuis la guerre ai-je entendu affirmer la faillite de la science économique, alors qu'en réalité tout le mal vient de la méconnaissance et de la violation des lois économiques, plus particulièrement de l'abus du crédit ! Car le crédit ne crée pas de capitaux. C'est la vérité à laquelle contredit l'émission du papier-monnaie. Et que de conséquences, graves ici, ailleurs terribles!

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I

La vie de la planète que nous habitons, j'entends le fait qu'elle continue d'exister, dépend de l'équilibre des forces naturelles qui maintiennent la cohésion de l'écorce terrestre. Les tremblements de terre, avec leur cortège catastrophique, sont la rupture de l'enveloppe du globe en quelqu'une de ses parties.

L'inflation, dont j'ai à vous parler d'abord (1), est une rupture d'équilibre entre la quantité de choses et de transactions d'une part, et les moyens de payer de l'autre. Il y a excès de moyens de paiement.

A première vue, cela paraît peu de chose. En fin de compte, l'inflation, provoquant naturellement une inflation plus ample, mène au chaos tout simplement.

Car la vie économique d'un milieu donné est comme enveloppée de son système monétaire. De façon apparente ou cachée, sous les espèces métalliques ou autrement, la monnaie mesure toutes les transactions. Vient-elle à s'altérer, l'altération va-t-elle s'aggravant, le mètre ayant perdu sa stabilité cesse d'être une mesure sans cesser cependant d'être employé comme s'il était demeuré une mesure. Il suffit d'énoncer le fait pour que son absurdité éclate. Sous le régime de l'inflation nous vivons dans l'incohérence, c'est certain.

Dans la très belle étude que M. R. Georges-Levy a consacrée récemment à la leçon du mark, il appelle la monnaie la plus belle conquête de l'économie sociale. C'est élégamment dit, c'est justement dit (2).

A l'origine de l'inflation d'ordinaire il y a les besoins de l'État qui trouve commode de fabriquer de la monnaie ex nihilo soit en vertu du droit régalien, soit

(1) Conférence faite à Liége, le jeudi 25 octobre 1923, à l'Assemblée générale de la Société scientifique de Bruxelles.

(2) REVUE DES DEUX-MONDES, 15 octobre 1923.

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