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de molécules errantes dans l'eau qui a réalisé une combinaison douée de vie, elle n'a pu donner naissance qu'à des êtres extrêmement petits et simples, doués de la propriété de s'accroître dans un milieu purement minéral, où il n'y a pas eu antérieurement d'êtres vivants; il n'y a pas là de difficulté, car on connaît aujourd'hui encore des organismes de cette sorte, qui prennent le carbone à l'acide carbonique de l'air ou à des carbonates, l'azote à des nitrates formés par les décharges électriques des orages, l'oxygène à l'air et l'hydrogène à l'eau (bactéries. autotrophes). Mais jusqu'ici on n'a jamais pu reproduire expérimentalement la combinaison vivante, peut-être parce qu'il y a impossiblité à se replacer aujourd'hui dans les conditions efficaces précises. Vous savez que les immortelles expériences de Pasteur ont montré avec une certitude absolue, qu'aujourd'hui, dans les conditions physiques de notre globe, il n'y a pas de génération spontanée de microbes visibles.

L'hypothèse de la panspermie ne répond pas à la question de l'origine absolue de la Vie, mais à son apparition sur la Terre, ce qui nous suffit pour l'instant : des germes microscopiques, de l'ordre du dix-millième de millimètre, provenant des mondes antérieurs au nôtre où existe la Vie, parcourraient le système solaire, soumis aux forces de gravitation et à la répulsion radiante qui émane du Soleil. De temps à autre, et même aujourd'hui encore, ces germes tomberaient sur les planètes et s'y développeraient si celles-ci présentent des conditions convenables. Cette hypothèse ne soulève pas d'objections insurmontables des germes de bactéries peuvent être excessivement petits, et conserver leur vitalité pendant un temps très long, peut-être indéfini, même dans le vide des espaces interplanétaires, là où le mot température n'a plus de sens puisqu'il n'y a pas de matière. De tels organismes enlevés à la Terre par le vent, et parvenus jusque dans les plus hautes régions de notre atmosphère,

entrant dans le champ électrique des aurores boréales, pourraient être soustraits à l'attraction terrestre, et passer dans les espaces interplanétaires; repoussés par la pression radiante du Soleil, ils atteindraient l'orbite de Mars en 20 jours, celle de Neptune en 14 mois, et le plus proche système solaire (a du Centaure) en 9000 années. Ainsi les germes de la Vie, constamment renouvelés, circuleraient éternellement dans l'Univers infini.

Il n'y a qu'une difficulté, du reste très grave on sait que la lumière émise par le Soleil, ainsi que celle des foyers électriques, renferme des rayons invisibles, appelés ultra-violets, qui ont un effet extrêmement nocif sur toute matière vivante. Ce sont ces ultra-violets, cependant très affaiblis par l'atmosphère terrestre, qui dans les régions à lumière intense, comme les pays tropicaux, rendent nécessaire le casque colonial, ou bien la peau noire du nègre, le pigment de la peau les arrêtant comme un écran. Or, l'air a la propriété de les absorber en grande partie et de les transformer, de sorte que la Vie est possible sur la Terre, mais dans les espaces interplanétaires où il n'y a plus d'air absorbant, rien n'empêcherait les ultra-violets d'exercer leur action stérilisante sur les germes dont nous avons parlé, à moins que les choses ne s'y passent autrement que sur la Terre, ce qui est après tout possible.

Conclusion: nous ne savons rien de certain, ni même de très probable, sur le mode d'apparition, sur le début de la Vie sur notre Terre.

II

GENÈSE DES ESPÈCES

La Vie une fois apparue sur le globe, comment a-t-elle continué? Comment s'est-elle épanouie en la multitude des animaux et des plantes, aussi bien les innombrables espèces disparues pour toujours que les actuelles ?

Comment a-t-elle progressé dans tous les sens depuis les microbes invisibles jusqu'aux êtres supérieurs, y compris l'Homme ? Tout le monde sait que deux théories ont répondu à cette question, toutes deux remontant à une haute antiquité, puisqu'elles ont été déjà formulées par les anciens philosophes grecs et les Pères de l'Église des premiers siècles le créationnisme ou fixisme, et l'évolutionnisme ou transformisme.

Le fixisme, enseigné notamment par Aristote et l'école scolastique dont l'apogée fut au XIe siècle, admet que Dieu a directement façonné les espèces une à une par autant d'actes créateurs : c'est ce qu'exprime l'aphorisme de Linné (1736): Species tot sunt diversae, quot diversas formas ab initio creavit infinitum Ens. Les espèces sont fixes; elles peuvent disparaître, mais non se transformer; la faune et la flore actuelles sont donc le résidu d'une création infiniment plus riche.

Dieu, ayant créé chaque espèce séparément pour mener un mode de vie particulier, l'avait dotée des mécanismes nécessaires, coordonnés au mieux de leurs fonctions; il avait donné d'un coup à l'Oiseau ses plumes et ses ailes, ses os creux, son instinct de bâtir des nids; à la Taupe ses pattes antérieures fouisseuses, son corps allongé, son museau si sensible, ses yeux cachés sous la peau, etc. On voit que le problème si embarrassant des adaptations ne se pose pas dans la théorie créationniste, qui le résout par avance, en bloc.

Le transformisme admet que toutes les espèces, aussi bien les disparues que les actuelles, dérivent les unes des autres par un processus d'évolution; elles sont toutes parentes, à des degrés variables. L'ensemble est comparable à un arbre aux innombrables ramifications, dont la base correspond aux premières formes vivantes apparues sur le globe; de là partent deux branches maîtresses, l'une qui représente le règne végétal, l'autre, le règne animal ; les rameaux, suivant leur taille, sont les embranchements,

les ordres, les familles, les genres, les espèces; beaucoup de branches, plus ou moins longues, sont complètement mortes ce sont les groupes disparus après avoir couvert le globe de leur épanouissement, comme les plantes de la houille, les Ammonites, les gigantesques Sauriens de l'époque secondaire ; d'autres branches d'âge très varié sont encore vertes à leurs extrémités ces frondaisons sont les espèces du monde actuel.

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Cette question de l'origine des espèces a fortement passionné les esprits au cours du XIXe siècle, ce stupide XIXe siècle », comme l'appelle Léon Daudet, en particulier après l'apparition du livre de Darwin De l'origine des espèces (1859); surtout, il faut bien le dire, en raison d'un malentendu singulier, dans l'un et l'autre camp métaphysique, qui a fait couler des flots d'encre. Ce fut à l'époque un engouement rappelant un peu celui qui accueille aujourd'hui la théorie d'Einstein, avec du reste la même incompréhension chez l'immense majorité de ceux qui en parlaient.

Aujourd'hui, je puis le dire avec une certitude profonde, la question est tranchée; le transformisme est presque universellement adopté, aussi bien par les biologistes que par les philosophes, et il a pris définitivement place parmi les grandes idées de l'Humanité. Depuis la publication du livre de Darwin, il y a 60 ans, on peut dire que chaque jour a apporté un fait nouveau s'accordant avec l'évolutionnisme et inexplicable dans le fixisme; le nombre des preuves tirées de la paléontologie, de l'anatomie comparée, de l'embryologie, de la distribution géographique, des recherches expérimentales, est tellement grand, quasi indéfini, qu'il nous paraît aujourd'hui impossible de ne pas être transformiste.

Faute de temps, je me borne à cette affirmation, sans vous en administrer les preuves; cependant je vous en citerai une, qui, à mon avis, emporte la conviction. Vous savez que l'écorce terrestre se compose de couches succes

sives déposées par les mers anciennes au cours de leurs avancées et de leurs reculs; à la place qu'occupe Nancy, il y a eu jadis un océan où s'ébattaient les Ichthyosaures et je pourrais vous montrer, sur les plateaux voisins, les restes de récifs madréporiques analogues à ceux du Pacifique.

Ces couches sont rigoureusement datées par rapport l'une à l'autre, de par leur ordre de superposition. Or, si l'on établit pour un groupe récent un arbre généalogique en se basant sur des considérations de pure anatomie, il y a concordance parfaite entre l'époque d'apparition des différentes formes et la place que leur assigne leur organisation ainsi les Oiseaux au point de vue structural ne peuvent provenir que de Reptiles; or, les premiers Oiseaux fossiles sont nettement postérieurs dans le temps aux Reptiles, et dans l'époque intermédiaire il y a précisément un Oiseau-Reptile qui fait passage, l'Archeopteryx : cette constatation se répète un nombre infini de fois, dans tous les groupes, sans qu'il y ait d'indication contraire. Le transformisme n'est donc pas une hypothèse plus ou moins probable, mais un fait solidement établi.

Bien entendu, l'Homme lui-même est inclus dans cette évolution; tout me paraît démontrer que notre corps est issu d'une longue série d'ancêtres animaux, tant nous portons de traces de cette ascendance dans notre anatomie, notre développement, nos organes rudimentaires, notre biochimie, notre pathologie, notre paléontologie propre... et notre psychologie (1). Dût en souffrir

(1) Il s'agit ici de « notre psychologie » dans toute la mesure, et dans la mesure seulement, où elle est dépendante des structures et fonctions corporelles. Quant à l'origine première du corps humain, on n'oubliera pas que l'auteur, selon sa déclaration expresse (Introduction.pp.50-51), en parle uniquement en homme de science. Or la science empirique ne connaît que les enchaînements irréversibles de phénomènes : elle ne nie pas, elle ignore les causes métaphysiques et, a fortiori, les causes strictement transcendantes. En supposant, comme on le fait ici, non seulement une continuité phénoménale

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