Sayfadaki görseller
PDF
ePub

d'imaginer le Créateur faisant surgir la Vie de l'inorganique par des causes secondes, puis dirigeant la marche des êtres vivants vers un but final par l'intermédiaire de ce que nous appelons les facteurs de l'évolution, que d'accepter d'innombrables créations séparées qui froissent la raison ? Il n'y a aucune contradiction entre la causalité naturelle seule étudiable par la science, et l'idée d'une Causalité finale de l'Univers.

L. CUÉNOT

Professeur de zoologie à l'Université de Nancy.

Le problème du cancer

Le problème du cancer comporte deux inconnues : la cause du cancer nous échappe en partie ; la thérapeutique radicale est encore à trouver. Faut-il désespérer ? Non. Dans tous les laboratoires on travaille avec ardeur. Impossible n'est pas français; la solution semble prochaine.

Les deux points du problème paraissent dépendre l'un de l'autre. Ils sont, en fait, bien distincts.

Il ne suffit pas de trouver la cause d'une maladie pour savoir la combattre nous connaissons l'agent de la tuberculose; on n'a pas encore trouvé la cure radicale de ce terrible fléau. L'agent causal de la rage est encore ignoré; le traitement efficace de cette maladie a été cependant institué par notre immortel Pasteur et cette découverte suffit à elle seule à mériter à notre grand savant la reconnaissance éternelle du genre humain.

Souhaitons un nouveau Pasteur qui découvrira le sérum efficace ou le poison spécifique respectant la cellule saine et tuant les cellules malades répandues dans tout l'organisme.

A défaut du traitement spécifique du cancer maladie générale, réjouissons-nous de pouvoir du moins combattre efficacement le cancer lorsqu'il est encore localisé.

Son ablation nécessite l'intervention du chirurgien dont nous admirons les succès et les audaces. Cependant trop souvent le mal envahit sournoisement les tissus et la repullulation se fait sur place ou à distance. D'autre

part, l'intervention entraîne une mutilation qui effraie un certain nombre de malades et leur fait remettre de jour en jour la visite, cependant indispensable, au praticien compétent dont ils redoutent l'arrêt.

Il faut savoir pourtant que le bistouri n'est plus l'unique moyen de combattre efficacement le cancer et l'on se demande même aujourd'hui si l'ablation chirurgicale est encore la méthode de choix, tant l'utilisation rationnelle des rayons X et du radium donne des résultats consolants.

La discussion raisonnée de l'une ou l'autre médication nécessite des connaissances de biologie générale dont l'exposé paraît indispensable à un moment où, de tous côtés, on parle de la lutte à entamer contre le cancer. Toutefois il est bon de révéler au public l'importance pratique du problème et cet exposé servira d'entrée en matière.

I

LE CANCER CHEZ LES ÊTRES VIVANTS

Le cancer est une maladie qu'on peut dire universelle. Le règne végétal lui-même n'y échappe pas, ou, tout au moins, on observe chez les plantes des lésions prolifératives comparables, jusqu'à un certain point, aux tumeurs de la série animale.

Voyons, dans une sorte de parenthèse, ce que l'on sait du cancer des plantes.

On trouve fréquemment des tuméfactions appelées galles. Elles sont provoquées par l'inoculation de germes infectieux. Il existe des galles d'insectes, des galles de champignons, des galles de microbes. Ces lésions sont assimilables aux tumeurs inflammatoires souvent observées dans le règne animal. Mais la variété dite la galle du collet ou «< crown gall présente, sinon dans sa cause, tout au moins dans ses manifestations, des particularités analogues

[ocr errors]

à celles décrites à propos de l'évolution des tumeurs malignes. La lésion est provoquée par un agent infectieux, le « bacillus tumefaciens ». Elle peut être inoculé en série sur un grand nombre de plantes rose, géranium, tabac, caoutchouc, etc. Dans certains cas, la tumeur n'altère point la plante, mais souvent elle pénètre dans la profondeur des tissus et les détruit. La partie supérieure de la plante s'étiole, la partie sous-jacente à la lésion continue à pousser jusqu'au jour où des coulées d'éléments tumoraux y pénètrent et la font mourir. Ce dénouement n'est cependant pas fatal. Si on laisse la plante hiverner, on peut voir parfois la tumeur se flétrir et tomber au printemps; la plante reprend dès lors sa croissance elle est spontanément guérie.

Le pouvoir infiltrant de cette variété de tumeur n'est pas le seul fait à retenir. La tumeur primitive a le singulier pouvoir d'envoyer à distance des noyaux infectieux qui font souche et se développent en formant une seconde, une troisième tumeur. Ces localisations à distance reproduisent exactement la structure de la lésion primitive. Inoculons à une tige le « bacillus tumefaciens », il se produit une première tumeur; elle a structure de tige. Cette tumeur peut donner naissance à des noyaux secondaires et si ces noyaux se portent, par aventure, dans les feuilles, ils y développent une lésion ayant une structure analogue à celle de la tige. Le fait est remarquable, car, en étudiant les tumeurs dans la série animale, on voit les nodules secondaires reproduire, en général, exactement la structure de la tumeur primitive.

L'inoculation du bacillus tumefaciens à l'animal n'a produit aucune lésion.

Le cancer des plantes doit être regardé comme une curiosité biologique rappelant, mais dans une certaine mesure seulement, l'évolution des tumeurs malignes observée dans la série animale.

Le cancer est extrêmement fréquent chez les animaux. La chèvre semble y échapper, mais on l'a rencontré chez la plupart des animaux domestiques ou sauvages; chez les vertébrés comme chez les invertébrés.

Les tumeurs malignes sont toutefois particulièrement fréquentes chez le rat et chez la souris. Ces deux classes d'animaux sont pour le biologiste un objet d'étude remarquable, grâce à la facilité avec laquelle ils deviennent spontanément cancéreux, grâce aussi à la possibilité de déterminer artificiellement chez eux la production de tumeurs variées. Dans les laboratoires où l'on étudie spécialement le cancer, on se livre donc à l'élevage de souris et de rats. Il existe même en Amérique, à Chicago, une maison spéciale Mouse-House, destinée à l'élevage des souris. Miss Slye, la directrice de cet établissement, a commencé ses expériences avec 3 souris. Elle a obtenu en une dizaine d'années plus de 500.000 élèves placés dans les meilleures conditions d'hygiène et de nourriture. L'observation minutieuse de cette nombreuse postérité a permis à Miss Slye des conclusions auxquelles je ferai allusion par la suite.

Si nous passons en revue les animaux domestiques, nous trouvons fréquemment le cancer chez le chien, le chat, le lapin, le cobaye, le cheval, l'âne, le mulet, les bovidés, les suidés, etc.,

Le cancer a été observé aussi chez les mammifères sauvages lion, tigre, ours, kanguroo, éléphant, hippopotame. Le singe semble toutefois relativement réfractaire.

Le cancer existe chez les oiseaux : les perroquets, dont le grand âge est bien connu, en sont souvent atteints.

Le cancer a été reconnu aussi chez les animaux à sang froid. Il est rare chez les reptiles, mais on en a trouvé des cas incontestables chez les grenouilles et chez les poissons. Vers 1900, on constata même en Amérique une apparente épidémie de cancer. Elle décima les poissons

« ÖncekiDevam »