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Dans le dix-huitième siècle on déclama beaucoup contre la guerre; on trouvait commode au milieu de ces mœurs si molles, de cette existence de boudoir et de soupers, si délicate et si peureuse, d'écrire la théorie de la paix universelle. Kant en Allemagne condamnait aussi la guerre; il déclarait même qu'en droit rationnel il ne devait pas y avoir de guerre, et il terminait son Droit naturel par le vœu d'une paix perpétuelle quelques années avant Pilnitz, la Convention et Napoléon.

Kant se trompait; la guerre est le droit de l'homme et de l'humanité : par elle l'homme se défend; par elle l'humanité marche. Un jour, pendant que Mirabeau présidait la Constituante avec une parfaite majesté, le 10 février 1791, des quakers vinrent à la barre de l'assemblée demander à vivre sous la protection de la légalité française, déclarant seulement qu'ils ne voulaient ni prêter serment ni faire la guerre. Cette secte honorable et pure reçut une réponse digne du bon sens national de la bouche de Mirabeau, qui termina par ces paroles au milieu des applau dissemens : « L'assemblée discutera toutes vos » demandes dans sa sagesse; et si jamais je ren>> contre un quaker, je lui dirai: Mon frère, si tu

>> as le droit d'être libre, tu as le droit d'empê» cher qu'on ne te fasse esclave; puisque tu >> aimes ton semblable, ne le laisse pas égorger >> par la tyrannie, ce serait le tuer toi-même. Tu >> veux la paix ? eh bien ! c'est la faiblesse qui appelle la guerre : une résistance générale serait » la paix universelle. »

La guerre est donc naturelle et sociale.Quand elle est justement aggressive, elle développe la civilisation du monde : voilà son côté positif, indestructible; elle a sa racine dans la nature humaine qui, libre, a le droit de combattre pour rester libre; qui, intelligente, a le droit de convertir et de conquérir ce qui lui est inférieur: elle est la persuasion à main armée. Le christianisme n'a pas supprimé la guerre ; il l'a perfectionnée, et l'a faite humaine. Sous sa loi la nationalité des peuples ne peut plus s'abolir. Ainsi de nos jours les Belges, en vertu de leur conscience indigène, se sont détachés de la Hollande qui les méconnaissait, et soit qu'ils viennent à nous, soit qu'ils puissent se créer une petite indépendance, leur destinée attestera toujours une personnalité sociale qui ne saurait mourir. Il semblait que la Russie avait pris et gardé pour elle tout ce que la race slave pouvait

avoir d'énergie, d'avenir et de puissance: la Pologne se lève, lui donne un démenti, et elle est éternelle comme nation

Que chaque nation veuille être individuelle, et que toutes cependant se reconnaissent solidaires les unes des autres, voilà qui est dans la conscience de l'Europe: sentiment profond et complexe qui se révèle à travers les embrouillemens de la diplomatie.

Non canimus surdis; respondent omnia sylvæ.

L'Europe a des échos pour les cris de tous les peuples. Pas un mouvement n'est indifférent ni pour chacun, ni pour tous : le contre-coup est universel. Aussi plus de guerres de conquête, égoïstes et folles; mais des guerres d'expérience d'idées, d'assiette sociale. Qui aurait le génie des conquêtes après Napoléon? qui voudrait essayer de le contrefaire? Les guerres ne peuvent être maintenant que des guerres inévitables, et partant salutaires.

Dans l'histoire des législations le droit international occupe donc une grande place. Pour l'avenir un nouveau droit des gens s'élabore,

* Ces paroles ont été prononcées le 28 avril 1831..

supérieur encore à celui de Grotius, de Montesquieu et de Napoléon, tout-à-fait social et cosmospolite, d'où sortira l'indépendance de chaque peuple et la solidarité du monde.

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CHAPITRE III.

- Du Mariage. Du Divorce. — De l'Éducation.

IL est quelque chose pour l'homme qui lui sert à la fois de berceau et d'asile, où il naît, s'élève et se développe, où il puise consolations et forces contre les tempêtes qui l'attendent au dehors, qui est son sanctuaire et l'inviolable confident de ses joies et de ses douleurs; je veux parler de la famille.

Or la famille et l'état vivent ensemble dans de perpétuels rapports. Dès le début de l'histoire et de la législation, on saisit l'état imprimant à la famille ses influences, ses règles et ses lois de telle façon que la famille dans la sphère qui lui est propre représente la constitution politique de la société au sein de laquelle elle est enfermée. L'Inde,

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