Sayfadaki görseller
PDF
ePub

reconnaître et ne peut changer. Un poëte a peint admirablement un sage cachant sa vie au fond d'une vallée, seul, mais gardant toujours les liens qu'il n'est pas permis à l'homme de briser.

Mais il eut, sans goûter une science amère,

» La loi de ses aïeux, et le Dieu de sa mère,

[ocr errors]

Recut, sans la peser à nos poids inconstans,

» Dans un cœur simple et par la sagesse des temps,
» Comme des mains d'un père on prend un héritage
» Avec l'eau qui l'arrose et l'arbre qui l'ombrage *. »

Oui, il y a pour l'homme un héritage indélébile, des sentimens maternels, des pensées de son père, de la maison et de la terre où il s'est élevé, patrimoine à la fois de souvenirs et de richesses qui ne se laissera jamais envahir. Nous conseillons aux théories téméraires de s'y résigner; c'est l'ultimatum de la nature.

* M. de Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

J'APPELLE l'attention sur une distinction fondamentale entre l'hérédité domestique en ligne directe et l'hérédité politique.

Le pouvoir philosophiquement considéré ne saurait se distinguer de la société; il est un ministère public institué au profit de tous, et qui par un progrès nécessaire et successif s'exercera non-seulement pour tous, mais par tous à des degrés différens. Il ne saurait avoir d'autre titre que son utilité, d'autre légitimité que l'assentiment général. Il n'y a donc pas pour lui d'hérédité en soi et naturellement nécessaire par droit du sang; mais il peut être profondément utile que ce ministère public soit stipulé héréditaire.

Alors l'hérédité politique puise sa raison non dans le sang et dans la nature, mais dans l'utilité, le consentement et la liberté de tous.

Mais qu'un enfant reçoive de son père et de sa mère le lait et le pain, plus tard la nourriture intellectuelle, que plus tard encore il hérite du patrimoine paternel, voilà un fait naturel, antérieur à toutes les combinaisons politiques, indestructible. L'enfant a reçu le sang et la vie; il a droit à l'éducation, sans laquelle il ne pourrait être homme; il a droit aux biens de son père, sans lesquels il resterait désarmé au milieu de la société. Entre les parens et les enfans il y a une solidarité dont l'ineffaçable caractère est un des plus riches apanages de la race humaine.

Le droit romain nous fournit une expression singulièrement heureuse pour rendre les rapports du père et du fils, heres suus, c'est-à-dire sang du père, sa propre personnification, le fils revivant dans son auteur, l'identité de l'enfant et du père. Paul, émule d'Ulpien, a très-bien commenté ce mot *:

le

*

<< In suis heredibus evidentiùs apparet, conti

Paulus, lib. 11, ad Sabinum, ff. lib. 28, tit. 2, de liberis et posthumis, etc.

[ocr errors]

»> nuationem dominii eo rem perducere, ut uulla >> videatur hereditas fuisse, quasi olim hi domini >> essent, qui etiam vivo patre quodammodo do>> mini existimabantur. Unde etiam filius familias >> appellatur, sicut pater familias, sola nota hac adjecta, per quam distinguitur genitor ab eo, qui genitus sit. Itaque post mortem patris non >> hereditatem percipere videntur, sed magis li>> beram bonorum administrationem consequun» tur. Hac ex causa, licet non sint instituti he>> redes, tamen domini sunt, nec obstat, quod >> licet eos exheredare, quos et occidere licebat. >>

[ocr errors]

Ainsi, dans le rapport des héritiers siens avec leur père, la continuation de la propriété était telle qu'il n'y avait pour ainsi dire pas d'héritage, comme si les enfans avaient été dès le principe propriétaires, eux qui du vivant de leur père étaient regardés comme des co-partageans, de façon qu'à la mort de leur auteur ils ne recueillent pas l'hérédité, mais plutôt ils arrivent à la libre administration de leurs biens.

L'hérédité domestique en ligne directe est donc empreinte d'un caractère naturel et nécessaire qui ressort d'autant mieux si on la compare à la succession déférée aux ascendans et sur

tout à la succession collatérale. Effectivement l'individualité est inexorable pour réclamer la succession en ligne directe. Demande-t-elle aussi instamment la succession en ligne collatérale? il est clair que non. Qu'il y ait plusieurs frères dans une famille; que chacun prenne femme, ait des enfans; voilà de nouvelles familles fondées, des individualités nouvelles au sein de la société. Si Paul, qui a prospéré, recueille les biens de son frère qui est mort sans enfans, on ne voit pas clairement le devoir de l'association de maintenir pour toujours la succession de Pierre au profit de Paul : non que l'individualité soit en ce cas entièrement sans droits; mais combien ce droit est faible et modeste, si on le rapproche de l'hérédité en ligne directe! Aussi la société admettra sans effroi des discussions sur la succession collatérale; elle en pesera les raisons et les inconvéniens; rien dans cette révision ne saurait blesser la nature des choses. Bien plus, quand nous supposerions que la succession en ligne collatérale fût amendée, même supprimée; que la succession déférée aux ascendans serait encore restreinte, y aurait-il là un affaiblissement mortel de l'individualité et de l'esprit de famille? Point; car cet esprit double

« ÖncekiDevam »