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un mélange de détails indigènes, de principes. généraux, toujours vrais, de subtilités infinies qui nous embarrassent encore. Pothier dans son excellent traité des obligations, a porté la méthode, mais non pas la réforme dans cet héritage historique. Les rédacteurs du Code civil ont découpé les développemens de Pothier, et n'ont pas traité la matière avec l'indépendance philosophique qui seule pouvait l'éclaircir. Ainsi ils ont respecté tout ce galimatias abstrus des obligations divisibles et indivisibles, et ils ont laissé sous leur main la loi dégénérer en une doctrine prolixe et scolastique.

L'époque où ils travaillaient explique ces inconvéniens. La réforme radicale de notre droit public avait enveloppé dans la proscription commune l'ancien droit civil, écrit et coutu. mier. Mirabeau, dans le discours déjà cité, avait le premier sonné le tocsin contre la loi romaine. « Peut-être est-il temps, s'était écrié ce novateur » intrépide, qu'après avoir été subjugués par les » lois romaines, nous les soumettions elles» mêmes à l'autorité de notre raison, et qu'après › en avoir été esclaves, nous en soyons juges...... » Peut-être est-il temps que les Français ne soient » pas plus les écoliers de Rome ancienne que

› de Rome moderne; qu'ils aient des lois civiles

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faites pour eux, comme ils ont des lois poli

tiques qui leur sont propres; que tout se res, >> sente dans leur législation des principes de la » sagesse, non des préjugés de l'habitude; enfin qu'ils donnent eux-mêmes l'exemple, et ne >> reçoivent la loi que de la raison et de la na>>ture. » La Convention poussa plus loin encore le mépris des vieilles doctrines, qui commencèrent à relever la tête après la chute de Robespierre. Depuis elles regagnèrent peu à peu l'autorité qu'elles avaient perdue, et parmi les rédacteurs du Code civil je ne vois plus que le premier consul qui ait gardé vis-à-vis d'elles la netteté et la hauteur de sa raison. Tout le reste était dévoué à la restauration presque complète des antiques erremens, et sauf le principe fécond de l'égalité devant la loi qui depuis quarante ans est notre bien et notre sauveur, et tend à remonter de l'ordre civit à l'ordre politique, la codification française au commencement du dixneuvième siècle n'a guère été qu'une rénovation claire et méthodique de l'ancienne jurisprudence. Toutefois l'unité et la simplicité de nos codes a suffi pour nous permettre ces progrès sensibles qui nous ont fait devancer les autres peuples

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DE LA SUCCESSION NATURELLE, ETC.

dans la pratique de la vie civile, et rendent facile aujourd'hui une réforme plus profonde et plus philosophique.

Si la révolution de 1789 a amené la création de nos codes, la révolution de 1830 en amènera nécessairement la révision complète; mieux placés que nos pères vis-à-vis les doctrines historiques, nous en saurons l'origine, le développement, la filiation; nous connaîtrons les siècles et les événemens au milieu desquels elles se sont altérées et corrompues, jusqu'à quel point désormais elles sont surannées ou fécondes; étrangers à cette superstition pour l'antiquité, qui veut en faire le présent des vivans; ses juges, après l'avoir étudiée, érudits, mais philosophes.

CHAPITRE VI.

Des bases philosophiques de la législation pénale.

COMMENT et pourquoi le monde existe-t-il? Comment et pourquoi sommes-nous dans ce monde? Ce n'est pas assez de cette double difficulté; car si nous regardons l'univers, l'histoire et nous-mêmes, qu'y voyons-nous? du mal, de telle façon qu'après nous être demandé pourquoi le monde et pourquoi l'homme, nous sommes inévitablement amenés à compliquer cette question par ce problème si triste : Pourquoi y a-t-il du mal?

Qu'il y ait du mal sur la terre, c'est le cri de l'homme, et le témoignage de l'histoire. Interrogez toutes les religions, elles vous diront qu'il

y a du bien et du mal, et chacune se vantera. d'en expliquer l'origine mieux que toute autre. Les Indous adorent le verbe créateur Brahma; au dessous de lui luttent Vichnou chargé de sustenter le monde et de le conserver, et Siva chargé de le détruire. Chez les Persans Ahriman le mauvais génie combat Ormuzd qui représente le bien, et tous deux sont subordonnés à une unité supérieure. L'Egypte met aux prises Typhon avec Osiris. Le paganisme soulève les Titans contre Jupiter, et nous livre cette autre allégorie de Vulcain précipité sur la terre. La religion chrétienne a aussi sa cosmogonie; et c'est la plus récente acceptée par la foi de l'humanité. Or, suivant la Genèse, Dieu créa le ciel et la terre, et plaça l'homme dans un Paradis. La créature y fut tentée par le prince des Ténèbres, par le mauvais principe. Il existait donc antérieurement à l'homme : comment est-il déchu? il ne doit sa chute qu'à lui-même; il était bon auparavant; ange de lumière, au pied du trône de Dieu, dans son ordre et sa hiérarchie, dans son obéissance et dans son amour, il vivait d'une vie harmonieuse et commune dont la céleste unité le faisait participer. Comment donc est-il tombé? mys¬ tère.

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