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pitation cruelle, l'esprit étendu et la science élevée. Cette enceinte réclamait aussi une autre personne qui depuis seize ans s'est montrée censeur infatigable des aberrations d'un pouvoir qui a disparu pour jamais, publiciste éminent et patriote, qui a donné, il y a trois ans et presque de concert avec celui qui vous parle, le premier et salutaire exemple de l'enseignement libre, et qui aujourd'hui est honorablement distrait des travaux de la science par une vie politique, qui ne paraît pas devoir être moins riche que le passé en sacrifices et en dévouement à la liberté*.

Maintenant, s'il m'est permis d'interpréter ina présence dans cette chaire, je ne dirai qu'un mot. Dans cette absence d'hommes véritablement compétens et achevés, on a pensé que ce

On a reconnu M. Charles Comte. Dans l'année 1828 à 1829, nous avons ouvert des cours indépendans de cenx de la faculté de droit M. Comte professait le droit naturel et la législation criminelle; l'objet de mon cours fut l'histoire philosophique et littéraire du droit. L'année suivante, j'ai traité l'histoire du droit romain.

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n'était pas le temps d'exclure la jeunesse, mais de l'encourager: on a cru que, comme éclaireur dans une science nouvelle qu'il s'agit de fonder, l'élite de la jeunesse française verrait sans déplaisir un jeune homme, et que, dans des études mises en commun, elle accepterait volontiers pour moniteur un de ses condisciples. Il n'y a pas, Messieurs, de lieu commun de ma part à réclamer ici votre inépuisable indulgence et votre appui. En réalité, je ne puis rien sans vous: jeune, libre de tout lien et de toute entrave, c'est en vous seuls, en votre fraternelle assistance que je puis trouver la force de ne pas succomber du premier coup à la tâche immense qui m'est imposée.

DU DROIT.

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LIVRE PREMIER.

DE L'HOMME.

CHAPITRE PREMIER.

Plan de l'ouvrage.

QUAND Grotius, en 1625, publia le livre qui changea la science politique, quelle cause agitait l'Europe sur ses fondemens? la cause de la liberté religieuse. Aujourd'hui que nous sommes

réunis dans cette enceinte pour inaugurer la science des législations comparées, et pour renouer avec Montesquieu, quelle cause occupe et travaille profondément l'Europe? la cause de la liberté civile. Au dix-septième siècle une lutte de trente ans fut nécessaire pour assurer aux croyances et aux idées du seizième leur juste empire, et deux peuples restèrent à la fin maîtres du champ de bataille et les arbitres de l'Europe, un peuple du Nord et nous, les Suédois et les Français, Gustave Adolphe vainqueur après sa mort et Richelieu. Au dix-neuvièmesiècle les droits les plus sacrés et les plus positifs de l'humanité veulent être satisfaits, et les destins s'accompliront.

Serait-il vrai que de pareilles époques fussent contraires et fatales à la science, et qu'au moment où l'homme agit le plus, sa pensée doive s'arrêter et tarir dans sa course? Non : les révolutions n'étouffent pas l'intelligence; elles l'agrandissent et l'exaltent; et pour ne pas sortir des sciences historiques et morales, je ne sache pas que Thucydide, Salluste, Machiavel, Jean Bodin, Thomas Hobbes, Hugo Grotius, aient vécu dans des temps de calme et de quiétude. Quand les peuples sont remués par des mouve

mens intérieurs ou des aggressions étrangères, leur histoire n'en devient que plus vive et plus saisissable. Pourquoi l'Orient commence-t-il à être accessible de toutes parts à l'érudition, et se rend-il pour nous peu à peu familier? Parce qu'il chancelle sur ses bases primitives faussement réputées immobiles, parce qu'il se détériore de plus en plus dans son originalité native, parce qu'il converge sans relâche au génie européen, parce qu'il fut visité par Napoléon comme il le fut par Alexandre. Si la Grèce dépouille pour nous les fausses couleurs d'une rhétorique traditionnelle, son insurrection n'y a-t-elle pas aidé? Et: Rome qui finira par être libre, ne fût-ce que pour absoudre le Dieu qu'elle adore; Rome gouvernée tour à tour par Marius et César, Grégoire VII et Jules II, théâtre des Gracques et de Rienzi, du droit romain et du catholicisme, ne nous revient - elle pas mieux connue, grâce à une érudition contemporaine de ses efforts depuis quarante ans pour ressaisir sa liberté, efforts toujours malheureux et toujours renaissans. L'Allemagne, du milieu de sa réforme et de sa métaphysique, commence à s'agiter et à se tourner vers la vie politique. L'Angleterre travaille noblement à prévenir et

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