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du monde s'est développée la liberté des mœurs, la philosophie et l'éloquence. Sparte, fondée sous la sombre inspiration du génie dorien, combat comme un seul homme, asservie à une discipline austère contre laquelle la vie du citoyen ne peut avoir ni refuge ni secrets. Rome, qui achète la liberté plus cher encore, la garde plus long-temps, et la transmet au monde moderne; car à la vie antique succède l'individualité des mœurs et du droit civil. Paraît enfin le christianisme, avénement d'une liberté plus féconde et plus complète, véritablement humaine. Des forêts de la Germanie sort l'homme moderne portant dans le cœur le sentiment énergique de sa force et de son droit personnel; progrès sur la place publique d'Athènes et sur le Forum romain. Désormais la liberté moderne, s'appuyant sur le christianisme, présente chez tous les peuples, progressive à toutes les époques, s'accommodant de toutes les formes, de la théocratie romaine comme de la monarchie royale, arrivant à la monarchie représentative, affranchissant l'Amérique, éclatant en 1789, relevant son drapeau en 1830; la liberté, la seule divinité qui nous trouve aujourd'hui croyans et pieux, cette volonté de Dieu, cette destinée des peuples,

a toujours poursuivi sa course; c'est à nous à marcher sur ses traces d'un pas ferme et courageux.

Ayons les mœurs de la liberté, puisque nous la possédons. Nous sommes, avec l'Amérique et l'Angleterre, le peuple le plus libre : l'Amérique a sur nous certaines supériorités; l'Angleterre également; nous en avons sur elles deux : espèce d'enseignement mutuel où il sera glorieux d'être plus souvent qu'un autre le moniteur. Des mœurs et des passions sociales doivent succéder aux habitudes d'un égoïsme étroit et calculé : associons-nous; sachons nous réunir pour débattre nos intérêts, nos idées et nos droits avec calme, fermeté, sans factions. Soyons libres comme des hommes libres et non pas comme des affranchis; et portons dans notre vie de citoyen cette sérénité de la force qui se connaît et se possède.

CHAPITRE II.

Du Droit des Gens. De la Paix et de la Guerre.

UNE nation, pas plus que l'homme, ne sauraît se suffire à elle-même. Elle aussi cherche à sortir de sa sphère, et a besoin de se mettre en rapport avec d'autres associations. Une tribu n'a pu longtemps exister sans songer à s'enquérir si autour d'elle, par delà la montagne qui la couvrait et la protégeait de ses flancs, il n'y avait pas une autre peuplade, d'autres hommes. Puis on échangea le superflu, contre le nécessaire; il y eut commerce un lien se forma entre deux sociétés naissantes; fait qui n'est pas purement industriel, car il y a commerce de sentimens comme de marchandises, échange d'idées comme de produits; les peuples se cherchent d'abord poussés

par

leurs besoins, mais ils se touchent ensuite par leurs pensées et leurs affections morales.

La terre fécondée par l'agriculture fut au commencement l'unique théâtre de cette industrie naissante; mais un autre élément vint provoquer l'audace de l'homme; loin de le glacer d'effroi, le spectacle de la mer excita son aventureuse curiosité, et, en triomphant de cet élément, il abrégea tout ensemble l'espace et le temps. Hégel, dans son Droit naturel *, remarque fort bien que la mer rapproche les hommes au lieu de les séparer; et il blâme Horace d'avoir dit:

Deus abscidit

Prudens Oceano dissociabili

Terras.

(CARMIN. Lib. 3.)

La navigation vient, après l'agriculture, réunir et civiliser les sociétés. Les Phéniciens ** Carthage, la Hollande et l'Angleterre ont surtout rempli cette mission dans l'association des peuples. Mais ces relations pacifiques et paisibles

**

Page 234.

Voyez, sur ce peuple, HEEREN : De la Politique et du Commerce de l'Antiquité. C'est une des parties les meilleures de son, livre.

on appellent une autre bien différente : la guerre. L'homme aime et recherche son semblable à la condition de pouvoir le hair. Cette loi des individus régit les peuples.

Je ne veux pas, en légiste scolastique, prouver 1° que la guerre est juste; 2° qu'elle est utile; 3o par voie de conséquence, qu'elle est nécessaire. Il faut prendre la chose et de plus haut et plus simplement. La guerre est dans la nature des choses. De même qu'elle est dans le monde physique qui ne vit que par l'opposition, de même elle est dans l'histoire qui ne se développe que la lutte. Un fougueux écrivain s'est chargé de prouver en quelques pages. l'éternelle présence de la guerre; laissons-le parler :

par

<< L'histoire prouve malheureusement que la » guerre est l'état habituel du genre humain dans » un certain sens : c'est-à-dire que le sang humain. » doit couler sans interruption sur le globe, ici » ou là; et que la paix, pour chaque nation, n'est qu'un répit.

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» Le siècle qui finit commença, pour la » France, par une guerre cruelle qui ne fut ter

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