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nature. Idéalisme au profit de l'individualité.

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Idéalisme où l'homme se noie dans l'océan de l'infini. Idéalisme où l'homme s'abolit à force de s'exalter et de se hausser où il ne peut parvenir.-Les résultats sont les mêmes; pourquoi? non parce qu'ils cherchaient l'unité, mais parce qu'ils la cherchaient où elle n'était pas. Spinosa la veut dans Dieu sans l'homme, Fichte dans l'homme sans Dieu. Ce n'est pas là la condamnation de l'idéalisme lui-même; mais une vive et frappante leçon donnée à la philosophie, pour qu'elle ne s'égare plus dans les voies d'une imitation sans gloire et sans résultat.

CHAPITRE IX.

Schelling. Hegel,

FICHTE avait conduit la pensée allemande sur la pointe la plus subtile de l'idéalisme; mais, parvenu à cette hauteur, il se troubla. Sur ce sommet qu'avait gravi cette héroïque nature par un effort inouï de la pensée, il se vit avec effroi séparé de Dieu et du monde : cette solitude l'effraya, et il fit des tentatives et des avances pour se rapprocher du monde et de Dieu. C'est dans cette disposition, peut-être douloureuse à se tourner vers le réalisme, que la mort vint le surprendre. Dans les derniers temps de sa vie, il avait vu parmi ses disciples un jeune homme qui avait embrassé sa doctrine avec enthou

siasme, ou plutôt qui avait saisi avec ardeur le principe d'unité qui la dominait. Schelling commença par être l'adhérent de Fichte; mais il sentit bientôt le besoin de sortir de l'homme ; il étouffait dans la conscience humaine. Il changea cet idéalisme qui faisait rentrer l'univers dans l'homme pour un autre qui plaçait l'unité non plus dans le moi, non plus dans la nature, mais dans une abstraction, création de l'esprit qui, s'élevant au dessus de tout ce qui est, proclame l'absolu. Cette nouvelle unité ne ressemblera ni au Dieu de Spinosa, ni à l'égoïsme rationnel de Fichte. Mais, n'étant ni le monde, ni l'homme, que sera-t-elle donc ? une idée. Elle sera le un; elle sera l'absolu.

Comment l'esprit arrivera-t-il à la conception de cette idée divine? par une intuition pure, par une spontanéité, par un acte de l'intelligence supérieure au mécanisme de la volonté propre. L'homme voit l'absolu par une contemplation involontaire. Il le saisit par une sorte d'amour idéal et mystique, jouissance dernière et la plus pure qui puisse affecter et féconder la réceptivité de notre intellect.

Mais cet absolu, ce roi des rois dans l'empire des idées, se pose et se développe non pas dans

l'homme seul, non pas seulement en tant qu'idéal, non pas non plus dans le monde uniquement, non pas exclusivement en tant que réel; mais à la fois réel et idéal, il enfante la nature qui est son expression vivante: or cette nature est tout ensemble idéale et réelle; elle s'appuie nécessairement sur ces deux termes; soumise à l'absolu, elle respire dans cette indestructible dualité; ouvrage de Dieu, elle en a tous les attributs et toutes les puissances; elle subsiste par la vie organique et par la vie morale; elle soutient la matière par la pesanteur, répand la lumière par le mouvement, développe successivement le règne de la vérité par la science, la religion et l'art, triple irradiation d'un être qu'elle porte dans son sein, qui la réfléchit tout entière, qui en est l'habitant terrestre, et s'en proclame en même temps le roi, le prêtre et le purificateur.

C'est ainsi que Schelling arrive à l'homme. Il a détrôné ce créateur superbe, tel qu'il était sorti des mains de Fichte, pour le faire descendre au rang de créature; et c'est alors seulement quand il l'a ramené à sa place, qu'il reconnaît sa grandeur. Schelling a constamment poursuivi cette idée de concilier le réalisme et l'idéalisme:

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dans un morceau sur la liberté humaine qui est à coup sûr un des chefs-d'œuvre de la métaphysique moderne il s'exprime ainsi : <«<La nouvelle philosophie européenne, depuis » ses commencemens à partir de Descartes, a eu » ce défaut commun que la nature n'existe pas » pour elle, et qu'elle manque d'un fondement >> vivant. Le réalisme de Spinosa est par cette >>> raison aussi abstrait que l'idéalisme de Leibnitz; » l'idéalisme est l'âme de la philosophie; le réa>>lisme en est le corps, et c'est seulement en les >> réunissant tous les deux qu'on peut former un » tout qui ait de la vie *. »

Désormais nous n'avons plus à craindre de ne pouvoir expliquer le monde de l'histoire. Tout s'animera, prendra un corps et un esprit. La religion sera la langue de l'absolu, le verbe de Dieu par lequel il s'incarnera et se développera dans l'histoire, conduisant

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« Die gange neu- europäische Philosophie seit ihrem Be›gin (durch Descartes) hat diesen gemeinschaflichen Mangel, » dass die Natur für sie nicht vorhanden ist, ünd dass es ihr am lebendingen Grunde fehlt. Spinosa's realismus ist da durch so abstrakt, als der idealismus des Leibnitz. Idealismus ist seele » der philosophie; Realismus ihr Leib; nur beyde zusammen » machen ein lebendiges Ganzes aus. » Uber das Wesen der menschlichen freiheit, s. 427..

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