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Faust et Berlichingen, il ne se fait pas seulement contemporain de ce moyen-âge soit fantastique, soit réel, il est en même temps philosophe du dix-neuvième siècle, et il a trouvé les conditions du génie dans cette alliance de la raison et de l'art. Au surplus la philosophie de Schelling n'est pas terminée. Ce penseur est en suspens entre son idéalisme et l'autorité religieuse. La nature de son génie, la tendresse de son âme, l'éclat de son imagination le disputent tour à tour à la foi et à l'indépendance. Personne ne connaît sa pensée intime, et nul n'a droit d'y pénétrer que lui. Les quatre époques, dernier ouvrage de ce poëte philosophe auquel la France peut trouver de la ressemblance avec Mallebranche et Fénelon, n'ont pas encore

paru.

Schelling nous fera mieux entendre Hegel qui fut son camarade aux universités, et commença sa carrière par définir la différence du système de Fichte et de son ami *. Après ce premier pas, il s'engagea dans l'étude des lois de la pensée, et dans la dialectique la plus profonde et la plus

Differenz des Fichte'schen und Schelling' schen Systems der Philosophie. Iena, 1801

subtile. Sa philosophie n'est, à vrai dire, qu'une logique hérissée de formules; elle semble vouloir écarter l'approche des profanes, et mettre l'intelligence de ses propositions au prix des plus rudes épreuves. La phraséologie de Kant et de Fichte est un modèle de clarté auprès de la langue de Hegel; mais ce philosophe a caché sous ces formes désespérantes une pensée assez puissante pour mériter qu'on s'opiniâtre sur elle.

Descartes avait dit : « Je pense : donc je suis. » La pensée est aussi le point sur lequel s'appuie le philosophe allemand, pour créer ce qui est; la pensée dans ce qu'elle a de plus indéterminé, de plus abstrait, de plus solitaire et de plus nu, la pensée sans rien, sans relation, ni rapport, la pensée, l'idée *. Cette idée posée, elle a en

* Nous n'ignorons pas que M. Hegel a la prétention de ne pas prendre le point de départ de sa philosophie dans le cogito de la raison individuelle, de s'affranchir aussi de la raison subjective de Kant et de s'appuyer sur la raison universelle. Il estime que si Fichte a fondé un idéalisme subjectif, Schelling un ídéalisme objectif, il lui est réservé d'avoir établi un idéalisme absolu. D'abord nous ne connaissons d'idéalisme possible qu'à la condition d'être subjectif ( la démonstration de Kant est complète sur ce point), qu'à la condition pour l'homme d'aller lui sujet, par l'instrument et la voie de sa raison propre, à la connaissance de l'objet, et de percevoir l'universel par ses facultés individuelles. Ensuite y a-t-il entre son système et celui de Schelling une dif

face d'elle quelque chose qui est autre qu'ellemême et qui la détruit en la distinguant. Effectivement quand la pensée qui se pense elle-même se pose vis-à-vis du monde, elle se détruit dans cette forme de pensée en elle-même; et c'est en se détruisant dans cette première forme, qu'elle arrive à une seconde forme, c'est-à-dire, à voir autre chose qu'elle-même, la nature; en d'autres termes la matière n'est que l'idée même dans son hétérogénéité. Quand ces deux actes se sont passés, la pensée, qui d'abord s'est détruite en elle-même, qui ensuite a existé en autre chose qu'elle-même, revient à elle-même, se constitue dans sa propre conscience; et alors les trois termes sont posés : la trinité est créée.

férence originale qui soit un progrès et une conquête. Ce qu'il appelle sein ne répond-il pas à l'absolu du philosophe de Munich, le da sein à la nature, le fur sich sein à l'homme?

Or, ni Schelling par sa poésie, ni Hegel par sa logique n'ont résolu les difficultés et la question posées par Kant. Sans doute, l'homme conçoit l'impersonnalité de la raison; mais c'est par sa personnalité même : per me sonat, persona. En ce sens, quand nous concevons les idées générales, Dieu se fait homme en nous; mais l'humanité personnelle est la condition même de cette incarnation de l'absolu, et nous le concevons qu'en l'individualisant. La philosophie est à ce prix. Si vous n'en voulez pas, allez adorer l'autorité traditionnelle qui n'est elle-même, ô irréflexion! que la philosophie devenue immobile.

La philosophie de Hegel, est une trinité logique continuelle, une protou qui se reproduit partout. Voici comment. Une idée se pose; comment l'esprit en pose-t-il une seconde? en détruisant, en contredisant la première. Quand vous avez contredit la première par la seconde, vous avez deux idées; ces deux idées s'unissent, s'accouplent, et en produisent une troisième. En d'autres termes une proposition se pose, se change et se développe en se détruisant; redoublée, elle se complète et s'établit sur trois teries. Ainsi quand l'homme s'est posé comme abstraction, et a constitué ainsi la logique, il arrive au monde, et constitue la philosophie de la nature. Par ce contre-coup il revient à lui-même, et constitue la philosophie de l'esprit humain. Ainsi abstraction pure, nature et conscience, voilà les trois momens de la dialectique qui est la forme la plus haute et la dernière de tout ce qui est.

La logique, qui est la science de l'idée pure, de l'idée dans l'élément abstrait de la pensée, se partage en doctrine de l'être, doctrine de l'existence, doctrine de la conception. L'être lui-même a trois faces, la qualité, la quantité, la mesure. La première de ces faces, la qualité sein; est en elle-même, da sein; est pour

est,

elle-même, fur sich sein. La quantité est quantité pure, le combien et le degré. La mesure est l'union de la qualité et de la quantité, das qualitative quantum. La doctrine de l'existence repose sur l'être comme fondement de l'existence, sur le phénomène et la réalité; trois termes qui chacun en enfantent trois autres. La doctrine de la conception se partage en conception subjective, en objet, et en idée; trois termes dont chacun également sert à en poser trois

autres.

La philosophie de la nature, seconde division principale, se divise elle-même en mécanique physique et organique. La mécanique considère 4 le temps et l'espace; 2° la matière et le mouvement, ce qui constitue la mécanique finie; 3o la matière dans sa liberté et son mouvement libre, ce qui constitue la mécanique absolue. Ces trois termes se développent chacun en divisions ternaires. La physique embrasse 1'l'individualité générale de la nature, 2° l'individualité spéciale, 3o l'individualité totale ; trois termes qui posent encore chacun leur trinité logique. L'organique embrasse la géologie, la nature végétale, l'organisme animal; sous chacune de ces divisions, nouvelles divisions ternaires.

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