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Dieu, modérateur du monde et pasteur, des hommes, se façonner autant que possible à cette divine ressemblance, et se sauver de toute analogie avec le peuple qui est gouverné et non pas gouvernant. Semblable à Dieu, l'homme d'état est la loi vivante; il la constitue et se confond avec elle. Platon semble avoir concentré dans le Politique, toute la substance de la sociabilité orientale. Ast, dans son essai sur la vie et les ouvrages de Platon *, remarque fort bien que le philosophe a déposé dans ce dialogue le germe de ses derniers et plus beaux ouvrages. Ainsi il y fait découler sa politique de l'ordre de la nature; il met en présence l'univers et la sociabilité, et veut régler l'humanité sur l'harmonie divine qui vivifie le monde. Plus tard Platon a distingué ce qu'il réunit dans le Politique. Dans sa république, il développe à part sa morale et son utopie de l'état; dans le Timée il chante la nature et en déroule la magnifique universalité pour en faire le type d'une sociabilité rationnelle à laquelle doit s'élever l'humanité. Enfin dans le Critias il réunit de nouveau la nature et la société dans le mythe d'un monde primitif.

* Platons leben und schriften, Leipsig, 1816.

Il s'est donc trouvé un homme, contemporain de la guerre du Péloponèse et qui mourut vers le temps où Démosthène prononçait sa première philippique, qui au sein de la démocratie athénienne a fait la théorie philosophique de la monarchie, du sacerdoce, a innové contre le polythéisme, et s'est fait le chantre d'un mysticisme plein de poésie et de mystère, entre Périclès et Philippe de Macédoine. Dans cette position il a efficacement réagi contre la démocratie grecque et la corruption du paganisme, en ramenant dans la législation l'ordre, la morale et Dieu. Ces sociétés capricieuses et pétulantes de la Grèce oubliaient dans l'étourdissement de leur liberté arbitraire les idées immuables de l'humanité, sacrifiaient la raison à la volonté populaire et aux inépuisables sophismes du génie national. Platon, majestueux comme un prêtre de Saïs, oppose à cette légèreté des enseignemens nouveaux qui changeront la philosophie et prépareront le christianisme. Débarrassez cet Athénien des voiles brillans dont il couvre sa pensée, vous serez surpris de la trouver déjà si chrétienne, et tellement chrétienne * que plus tard les Néo

*

Voyez entre autres détails la célèbre peinture du juste et de sa destinée, au liv. 11 de la République.

platoniciens accuseront le christianisme de s'être emparé des doctrines du fondateur de l'académie, et que de leur côté les chrétiens revendiqueront Platon pour le placer dans leur église.

C'est en considérant ainsi toute la profondeur des nouveautés platoniciennes que l'on arrivera à ne plus s'étonner des étranges erreurs où est tombé ce grand homme. Platon est si fort préoccupé de Dieu, qu'il méconnaît l'homme; de l'ordre universel qu'il outrage la liberté de l'individu ; de l'état qu'il efface la famille; il assimile tellement l'humanité à la nature, qu'il veut faire vivre dans la société les hommes d'une vie commune, comme les arbres d'une vaste forêt, dont la végétation appartient à la fois au ciel et à la terre. Ainsi toutes les variétés inviolables de la liberté humaine seront étouffées dans ce despotisme novateur qui semble n'avoir pu retrouver l'ordre, qu'en demandant à la nature de l'homme les plus sanglans sacrifices.

CHAPITRE II..

Aristote.

VERS la cent troisième olympiade entrait dans Athènes un jeune Macédonien, sujet du roi Philippe. Aristote, fils de Nicomaque, apportait à l'école de Platon une raison vaste et sévère, disposée à faire peu de cas des images et des symboles, cherchant à se rendre compte de tout, et ne voulant conclure qu'après avoir observé. Ce jeune homme commença par suivre les leçons d'un maître qu'il devait contredire et balancer au moins. L'idéal de Platon donna l'éveil à son génie, lui fit exercer des qualités tout-à-fait contraires, qui le menèrent à substituer la réalité dans la philosophie sociale au poétique mysticisme du père de l'académie.

Aristote ne réfléchit plus le siècle de Périclès; il introduit dans la philosophie l'esprit et la monarchie d'Alexandre; même dictature, mêmes conquêtes, et la Grèce ne devient assez forte pour envahir l'Orient qu'en laissant mourir Démosthène, en faisant taire sa tribune, et disparaître la richesse et la variété de son génie démocratique sous le despotisme puissant et uniforme d'Aristote et d'Alexandre.

Le philosophe macédonien apportait une indépendance facile dans l'examen de l'histoire et des constitutions politiques. Libre des préjugés et des liens de la démocratie athénienne, il put observer les différentes formes sociales, l'aristotocratie, la monarchie, comme la démocratie, apprécier leurs avantages, condamner sévèrement leurs inconvéniens. S'il a quelque penchant pour Lacédémone, il en voit toutefois les causes de corruption et de décadence. Quand il parle d'Athènes, il n'est pas fâché de pouvoir la blâmer; il ne l'aimait pas, et il avait coutume de dire que les Athéniens, qui avaient trouvé à la fois les lois et le blé, se servaient bien du blé, mais nou pas des lois *.

* Πολλάκις δὲ καὶ ἀποτεινόμενος, τοὺς Αθηναίους ἔφασκεν

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