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nité. Zénon, de Cittium, continua la carrière de Socrate et revendiqua les droits de la conscience en attendant le christianisme.

Raphaël, dans son tableau de l'école d'Athènes, a mis sur le premier plan, et se donnant la main, Platon et Aristote. Il a jeté sur les marches de l'escalier un homme qui sort de la toile; figure pleine de réalité, sans noblesse, mais originale: c'est Diogène. Le cynique se trouve ainsi à la place où l'on renvoie d'ordinaire l'animal qui lui a donné son nom. Diogène fut animé d'un sentiment vrai; il voulait dégager l'indépendance individuelle des illusions sociales, et la saisir aussi bien sous la robe du sénateur que sous la cuirasse du soldat. Quand il cherchait un homme, il avait raison; car c'était l'homme qu'avait cherché Socrate, que plus tard cherchera le Christ: mais Diogène le chercha mal en foulant aux pieds les sentimens sévères et pudiques de la nature humaine. Zénon, qui fonda son école vers la cent vingtième olympiade, avait quelquefois. écouté le cynique avant d'enseigner lui-même.

Le stoïcisme a trois parties: la morale est sa raison et son but; la logique et la physique ne sont que secondaires eu égard à la vertu pratique. La Logique de Zénon, où, sur les traces

d'Aristote, il essaie une théorie de la percep

tion, nous inquiète peu. Dans sa Physique, il reconnaissait la matière et Dieu. La matière n'a

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pas été créée; elle existe de toute éternité ; Dieu l'a travaillée et façonnée, et il vit au milieu de ce monde qui est son ouvrage et son temple. Comme la matière est entièrement inerte, passive, et ne reçoit son animation que de Dieu, la dualité primitive, posée par Zénon, se résout en unité de substance, en un panthéisme incontestable.

Αυτόν (κόσμον) τε τὸν θεὸν, τὸν ἐκ τῆς ἁπασῆς οὐσίας ἰδίως ποῖον, ὃς δὴ ἄφθαρτός ἐστι καὶ ἀγεννητὸς, δημιουργὸς ὢν τῆς διακοσμήσεως, κατὰ χρονῶν ποίας περιόδους, ἀναλίσκων εἰς ἑαυτὸν τὴν απασᾶν οὐσίαν καὶ παλὶν ἐξ ἑαυτοῦ γεννῶν *.

Ainsi Dieu, incorruptible et incréé, ouvrier de ce monde, absorbe lui-même toute la substance, et la répand harmoniquement en dehors de lui-même. En même temps il est intelligent et parfait, prévoit tout, gouverne le monde par cette prévoyance, et cette prévoyance constitue le destin : θεὸν δὲ εἶναι ζῶον ἀθάνατον, λογικὸν, τέλειον, ἢ νοερὸν ἐν ἐυδαιμονίᾳ, κακοῦ παντὸς ἀνεπί

*

Diog. Laert., liv. VIII, chap. 1, parag 60.

δεκτον, προνοητικὸν κόσμου τε καὶ τῶν ἐν κόσμῳ...... ἔστι δὲ εἰμαρμένη αἰτία τῶν ὄντων εἰρομένη, ή λόγος καθ ̓ ἂν ὁ κόσμος διεξάγεται *.

Si Dieu est le monde lui-même, les développemens du monde sont les lois de Dieu. Tout ce qui se développera sera donc à la fois prévu, arrêté par Dieu et nécessaire comme lui. Le destin et la providence seront donc même chose, et se confondront dans l'unité du panthéisme stoïque. Alors l'homme sera libre en se mettant en rapport avec la nature, et il trouvera la vertu dans la ressemblance avec Dieu. Pour se rapprocher de ce type immortel, il supprimera les passions et les affections de l'humanité, il fera son âme insensible à tout, au plaisir comme à la douleur, ne permettra à rien des créatures et des choses humaines de lui être nécessaire; et s'appuyant sur sa raison solitaire, il contemplera Dieu. Tel est le sage dont Sénèque célèbre la constance : « Non potest ergò quisquam aut » nocere sapienti aut prodesse. Quemadmodum » divina nec juvari desiderant nec lædi possunt, sapiens autem vicinus proximusque diis con>> sistit, excepta mortalitate similis Deo. Ad illa

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* Ibid., parag. 73 et 74.

»> nitens, pergensque excelsa, ordinata, intre» pida, æquali et concordi cursu fluentia, se» cura, benigna, bono publico natus, et sibi et >> aliis salutaris, nihil humile concupiscet, nihil » flebit, qui rationi innixus, per humanos casus » divino incedet animo *. »

Le souverain bien pour le stoïcien sera donc l'honnête et le juste en soi; il pratiquera la justice sans songer à aucune récompense. Voici encore Sénèque qui crie à l'homme : « Te justum » esse gratis oportet, et nullum justæ actionis præ» mium majus est quam justum esse **. » Ainsi, vivre conformément à la nature, qui est Dieu; être juste gratis, défendre sa liberté morale de l'atteinte des passions et des disgrâces humaines, rester inébranlablement libre, et demander, quand il le faut, à la mort et à son épée un refuge contre les accidens extérieurs, tel est le catéchisme du stoïque, telle est la vie qu'il est admirable pour lui de clore par un suicide à propos. S'il se hâte, s'il meurt avant le temps, s'il se frappe en écolier, on ne l'estimera pas; mais si une mort majestueuse et volontaire le

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dérobe à l'heure convenable aux opprobres de la tyrannie et de l'adversité, c'est aux applaudissemens du Portique qu'il ira se confondre dans le sein de cette divine nature dont il s'est constamment proposé la ressemblance laborieuse.

La conception du stoïcisme fut grecque, et la pratique romaine. Passons sur Cléanthe, Chrysippe, Antipatre et Posidonius, pour chercher cette philosophie dans les mœurs de la république et de l'empire. On peut se peindre l'étonnement, le plaisir et l'enthousiasme de la jeunesse de Rome, quand, sur la fin de la troisième guerre punique, des philosophes grecs dans de beaux discours et de magnifiques harangues développèrent les doctrines et les idées de l'Académie, du Lycée et du Portique. Caton l'Ancien protesta; mais les importations sont aussi nécessaires à la sociabilité humaine que l'originalité indigène. La philosophie grecque fit école, malgré le mécontentement chagrin du vieillard; soixante ans plus tard la jeunesse romaine prenait le chemin d'Athènes; un siècle après, Lucrèce traduisait le système d'Epicure dans une langue que Quintilien estimait difficile, mais qui est attrayante par ses aspérités même, et Cicéron, réfléchissant en lui toutes

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