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ERNEST LAVISSE

CALIFORNIA

L

HISTOIRE

DE FRANCE.

6:2.

DEPUIS LES ORIGINES JUSQU'À LA RÉVOLUTION

PUBLIÉE AVEC LA COLLABORATION DE

MM. BAYET, BLOCH, CARRÉ, COVILLE, KLEINCLAUSZ,

LANGLOIS, LEMONNIER, LUCHAIRE, MARIÉJOL, PETIT-DUTAILLIS, Pfister,
RÉBELLIAU, SAGNAC, VIDAL DE LA BLACHE.

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Droits de traduction et de reproduction réservés.

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L

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A guerre avait été générale, de parti à parti, de ville à ville, de château à château. Les bourgeois, les ouvriers et même les paysans, gens paisibles, s'étaient battus. La consommation de vies humaines avait été énorme. Les sièges, le passage des armées, les pillages, les saccagements, les incendies avaient multiplié les ruines; les «< fermes, censes et quasi tous les villages », dit une Déclaration royale du 16 mars 1595, étaient « inhabités et déserts »; le labour avait cessé presque partout. Il n'y avait revenus publics ou privés qui ne fussent << en desgat ou non-valeur ». Les routes étaient coupées de fon

1. SOURCES: Berger de Xivrey, Lettres missives de Henri IV, IV-VII, et Guadet, Supplément, VIII. De Thou, Histoire universelle, 1734, XIII. P. Mathieu, Histoire de France soubs les règnes de François Ier... Henry IV... 1631, II. Palma Cayet, Chronologies novenaire el septenaire, 15891598, 1598-1604. L'Estoile, Mémoires-journaux, éd. Jouaust, 1879, VII. Charles Loyseau, Cinq livres du droict des offices avec le livre des seigneuries et celuy des ordres, 1613. Du Haillan, De l'estat et succez des affaires de France, 1609. The View of Fraunce. Un aperçu de la France telle qu'elle était vers l'an 1598, par Robert Dallington, secrétaire de l'ambassadeur d'Angleterre auprès de la Cour de France, trad. de l'anglais par Emerique, 1892. Le voyage à Paris de l'Anglais Thomas Coryate, extrait de ses Crudilies, traduit et annoté par R. de Lasteyrie, Mémoires de la Société de l'Histoire de Paris, VI, 1879; ibid., Description de Paris en 1599 du Bâlois Thomas Platter (le jeune), XXIII, 1896. Alberi, Relazioni dagli ambasciatori veneti, serie I, IV et surtout le t. XV (appendice) de la collection. Barozzi et Berchet, Relazioni dagli ambasciatori veneti (xvi1° siècle), Francia, I, 1857. Vicomte de Gérard, Les Chroniques de Jean Tarde, chanoine... de Sarlat, 1887. Loutchitzky, Documents inédits pour servir

ÉTAT

DU ROYAUME.

CLERGÉ.

NOBLESSE.

drières; les ponts branlaient et croulaient; les talus et les digues des rivières s'effondraient. La mer, où le roi n'avait plus un navire, était livrée aux pirates de toutes nations. Sur terre, sur mer, les marchands couraient mêmes risques. « La France et moi, écrivait Henri IV, avons besoin de reprendre haleine » (1er mai 1598).

Les trois Ordres avaient inégalement, mais durement, pâti.

L'Église avait, de mauvaise grâce d'ailleurs, contribué aux frais de la lutte pour une part que le clergé du diocèse d'Auxerre, en 1593, évaluait à 3 millions de livres de revenu. A ce compte, les ecclésiastiques, à qui le Tiers-État attribuait, en 1561, 120 millions de biensfonds, rapportant 4 millions de rentes, en auraient, d'une date à l'autre, perdu les trois quarts 1. L'exagération est évidente, mais le sacrifice a dû être grand.

La Noblesse n'avait pas, comme le Clergé, la ressource du baisemain (le casuel d'aujourd'hui) pour réparer ses pertes. L'exploitation des mines d'Amérique avait fourni aux Espagnols et, par leur intermédiaire, aux autres peuples d'Europe une masse énorme d'or et d'argent qui, par suite de son abondance, avait perdu de son prix. Le pouvoir d'achat du numéraire avait en France, au dire de La Noue, baissé dans la proportion de 4 à 1. Les seigneurs qui avaient cédé des terres à leurs paysans, contre des redevances en espèces, conti

à l'histoire de la Réforme et de la Ligue, 1875. Isaac Laffemas, Histoire du Commerce de France, 1606, réimprimé dans Archives curieuses, 1 série, XIV. La prinse et deffaicte du capitaine Guillery, 1609, publ. par Ed. Fournier, Variétés hist. et litt., I. Histoire véridique des grandes el exécrables voleries et sublilitez de Guillery, éd. Benjamin Fillon, 1848. Madame de Witt, Mémoires de Madame de Mornay, S. H. F., I, 1868. Traité de la Réformation de la Justice [de Du Refuge, président au présidial de Toulouse], publié par Duféy parmi les OEuvres inédites du chancelier de L'Hôpital, I et II, 1825. Robillard de Beaurepaire, Cahiers des Etats de Normandie sous le règne de Henri IV, I (1589-1601), 1880. Villegomblain, Les Mémoires des troubles arrivez en France, 11, 1668. Isambert, Recueil des anciennes lois françaises, XV (commode, mais peu sûr); se reporter pour vérification à Fontanon, Les Edicts et ordonnances des rois de France depuis Louis VI dit le Gros jusques à présent, 3 vol., éd. de 1611. OUVRAGES A CONSULTER: Edm. Bonnaffé, Voyages et voyageurs de la Renaissance, 1895. Babeau, Les Voyageurs en France depuis la Renaissance jusqu'à la Révolution, 1885. Fagniez, L'Economie sociale de la France sous Henri IV, 1897. Hanotaux, La France en 1614, t. I de l'Histoire du cardinal de Richelieu, éd. de 1896. P. de Vaissière, Gentilshommes campagnards de l'ancienne France, 1903. D'Avenel, Histoire économique de la propriété, des salaires, des denrées et de tous les prix en général, 1894-98, 4 vol. Poirson, Histoire de Henri IV, III et IV. Hauser, Ouvriers du temps passé (XVo et XVIe siècles), 1898; du même, Les Origines du capitalisme moderne, Revue d'Economie politique, 1902. Martin Saint-Léon, Le Compagnonnage, 1901. Perrens, L'Eglise et l'Etat en France sous le règne de Henri IV et la régence de Marie de Médicis, 1873,

1. Sur la livre tournois (monnaie de compte), voir les observations et les références : Hist. de France, V, p. 266-267. Elle valait, d'après Natalis de Wailly, 3 fr. 78 en 1561; 3 fr. 14 en 1580, et 2 fr. 92 en 1602; d'après M. d'Avenel, t. I, p. 481, 3 fr. 11 de 1561 à 1572; 2 fr. 88, de 1573 à 1580, et 2 fr. 57 de 1580 à 1601. S'il est difficile de déterminer sa valeur absolue, c'est-à-dire en poids d'argent ou en poids d'or, il est presque impossible d'établir la différence entre son pouvoir d'achat alors et aujourd'hui, ou, comme on dit, sa valeur relative. M. d'Avenel, t. I, p. 27, note 1, et p. 32, note 1, estime qu'après avoir converti les livres et autres monnaies en francs, il faut multiplier les sommes de ce temps-là par 3 de 1551 à 1575; par 2 1/2 de 1576 à 1600, pour obtenir leur équivalent en sommes de notre temps. Mais ces coefficients sont contestables et contestés.

nuaient à percevoir le même revenu, mais qui n'avait plus la même valeur. Ce qui coûtait cinq sols au temps passé en coûtait vingt au temps d'Henri III. Les nobles s'appauvrissaient sans le savoir.

LOIS

Cependant il leur avait fallu faire campagne, payer des soldats, garder leurs châteaux, protéger leurs terres. Déjà, entre 1583 et 1585, SUR LES DEttes. La Noue estimait que, de dix parts de la Noblesse, huit étaient incommodées «< par aliénations de quelque portion de leurs biens, engagemens et autres dettes ». Or, la lutte ne fut jamais si furieuse qu'à partir de 1585. Pour dégager les gentilshommes obérés, le gouvernement, par une véritable mesure de salut public, réforma les contrats de créances. Il ordonna (juillet 1594) que, sur les rentes constituées au denier douze (8,33 p. 100), ou au denier dix (10 p. 100), ou à un taux plus faible, les arrérages des cinq dernières années, du 1er janvier 1589 à la fin décembre 1593, seraient réduits d'un tiers, soit de 8,33 à 5,54 et de 10 à 6,66 p. 100. C'était la remise d'un an et huit mois d'intérêts sur cinq ans. Les mêmes lettres royales, il est vrai, obligeaient les débiteurs ainsi favorisés à verser, dans les huit trimestres de 1595-1596, le restant de l'arriéré avec les intérêts courants, sous peine d'être déchus « de toute grâce et décharge ». Mais lorsque la déclaration de guerre à l'Espagne (avril 1595) eut rappelé la Noblesse à l'armée, le Roi, qui s'avouait lui-même incapable de payer les rentes de l'Hôtel de Ville, prolongea de trois ans le terme accordé aux emprunteurs pour s'acquitter. Il leur permit en outre de rembourser immédiatement leurs créanciers. Ce n'était pas encore assez. Les condamnations pour dettes, déclarait Henri IV en juillet 1601, ont été cause de la ruine de plusieurs « bonnes et anciennes familles » et si le mal s'étendait, il pourrait « à la longue aussi bien occasionner quelques remuëmens en cet estat Monarchique que les usures et grandes debtes ont fait par le passé en plusieurs Republiques ». Aussi faisaitil défense à tous ses sujets de constituer désormais des rentes «< à plus haut prix qu'au denier 16 ». Cette mesure, s'ajoutant à celle de 1595 qui autorisait le remboursement immédiat, offrait le moyen d'emprunter à 6,25 p. 100 pour rembourser les dettes contractées à 8,33 et 10 p. 10.

Encore fallait-il que les débiteurs trouvassent à emprunter. L'argent étant rare et leurs charges trop lourdes, ils durent le plus souvent, pour se libérer, abandonner aux créanciers ou vendre des châteaux, des maisons, des champs, des seigneuries. De ce fait, il y eut, pendant et après les guerres civiles, une immense translation de propriétés. En 1605, François Miron, prévôt des marchands de Paris, estimait que la moitié des terres du royaume avait été vendue au Châtelet. De la Noblesse, qui en possédait la plus grosse part, elles

IMMENSE

TRANSLATION

de propriétés.

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