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M. de LA MENNAIS, lorsqu'il prêchoit la fidélité à l'Eglise de Rome, lorsqu'il ne persifloit' pas encore le Pape, et qu'il avoit horreur des sophismes révolutionnaires, écrivoit que la Réforme « ne fut dès son origine, » qu'un système de philosophie anarchique et un mon» strueux attentat contre le pouvoir général qui régit la société des intelligences. Elle fit reculer l'esprit humain

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Cela n'empêche pas que ce qu'on vient de lire, ne soit une des calomnies les plus habituellement répandues dans les écrits de beaucoup de Catholiques. Récemment encore M. l'Evêque de Liége n'a pas craint d'écrire le Protestantisme admet la nécessité de la »foi, moins l'obligation d'y conformer sa vie, en niant la nécessité »des bonnes œuvres: Exposé des vrais principes de l'Instruction publique (Liège, 1840), 3° Partie, p. 383.

1 Cette expression n'est pas trop forte envers l'Auteur des Affaires de Rome et des Paroles d'un Croyant. Nous pourrions citer bien des passages qui la justifient. Celui-ci par ex.: ‹ le gouvernement pontifical, si renommé pour sa sagesse, n'a garde d'embarrasser le moins du monde sa politique par rien »de ce qui ressemble à de la gratitude, et c'est le côté par où il »s'élève le plus au-dessus des choses humaines: (Oeuvres complètes, Brux. 1839. II. 524). Ailleurs, le récit du voiturier Pasquale, qui, célibataire, peut-être serait devenu cardinal, >peut-être pape: qui sait? on avait vu des choses plus extraordi»naires... Un peu de bonheur, un peu de faveur, on arrive à tout avec cela. Et quelle douce vie, que de loisir, que de repos, que »de far niente! » l.l. p. 546. Il est vrai, l'auteur a soin d'observer: j'ai voulu seulement donner une idée du genre d'esprit qui » caractérise le peuple romain et de sa mordante verve : » l.l.). Puis l'antithèse foudroyante par laquelle il nie que le christianisme auquel les peuples se rattacheront, puisse être jamais celui qu'on leur présente sous le nom de Catholicisme: « d'un côté le pontificat, de l'autre la race humaine: cela dit tout: p. 600.

» jusqu'au paganisme'. » C'est là le thême qu'il a reproduit sans cesse avec la flexibilité et l'énergie de son style de feu. Une foule de passages tout aussi curieux et significatifs se trouve dans les écrits de M. DE BONALD, MICHELET, et autres que nous nous abstenons de citer.

Encore si nous n'avions à combattre que nos antagonistes Catholiques; mais il faut se défier en outre du secours de nos prétendus alliés Protestants.

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Prenons pour exemple, M. uno disce omnes >> GUIZOT, si distingué par ses talents et son érudition, et dont on aime à supposer la foi plus vivante que ne sem. blent l'indiquer plusieurs de ses écrits. Eh bien ! en traitant la question dans son Cours d'Histoire moderne, il s'imagine pouvoir considérer la Réforme, « sans rien dire » de son côté purement dogmatique, de ce qu'elle a fait » dans la religion proprement dite, et quant aux rap. de l'âme avec Dieu et l'éternel avenir2. » C'est » ports parler de la Réforme, sans parler de son principe, de son but, et de son essence. On comprend toutefois l'opinion de l'auteur, en lisant ensuite: « la Réforme a été » un grand élan de liberté de l'esprit humain, un besoin »> nouveau de penser,... une grande tentative d'affranchis>> sement de la pensée humaine, et, pour appeler les >> choses par leur nom, une insurrection de l'esprit >> humain contre le pouvoir absolu dans l'ordre spiri»tuel3» « La crise du 16° siècle n'était pas simplement >> réformatrice, elle était essentiellement révolutionaire.

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■ Il est impossible de lui enlever ce caractère, ses méri»tes et ses vices'. En décrivant la Réforme d'une manière si opposée à sa nature, à sa règle, et à son but, on justifie complètement les assertions des Catholiques touchant les affinités entre elle et les aberrations les plus terribles de la Révolution.

Ges idées se retrouvent chez une infinité de philosophes protestants et de théologiens rationalistes".

Il y a plus. Ces reproches injustes et ces éloges non mérités, reparoissant partout chez les auteurs dont les études

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p. 22.

La Réforme sans doute fut un progrès, mais en quel sens? Voyez notre Tome III. p. LXXIII.

• Un de leurs chefs de file, J. J. Rousseau, très-fort en théologie, comme chacun sait, après avoir parlé des Réformateurs, s'écrie: Voilà donc l'esprit particulier établi pour unique inter»prête de l'Ecriture; Voilà l'autorité de l'Eglise rejetée; voilà chacun mis pour la doctrine sous sa propre juridiction. Tels sont les deux points fondamentaux de la Réforme: reconnoître la Bible pour règle de sa croyance et n'admettre d'autre interprête du sens de la Bible que soi. Ces deux points combinés forment le principe »sur lequel les Chrétiens Réformés se sont séparés de l'Eglise Romaine» (Lettres de la Montagne, dans les Oeuvres de J. J. R. Amst. 1764 IX. p. 43). On est conduit nécessairement à se former des notions aussi fausses sur le caractère de la Réforme, dès qu'on méconnoit les doctrines des Réformateurs et de l'Evangile touchant le Saint Esprit et la Sainte Eglise Universelle: l'oubli de ce point fondamental a été et est encore l'erreur capitale de mille et mille auteurs et même prédicateurs Protestants à la Rousseau. Si nos antagonistes s'en prévalent pour dénaturer la Réforme, nous pourrons riposter en caractérisant le Catholicisme-Romain d'après les opinions de Voltaire et par les écrits d'abbés et de prêtres déïstes ou athées. Néanmoins, avant de prendre part à cette ignoble lutte, nous attendrons qu'on nous fasse voir ce que la vérité gagne à des discussions pareilles.

et la carrière sont en rapport direct avec la théologie, l'histoire, et la politique, ont été adoptés aveuglément et ardemment par ceux qui dans d'autres genres, en poésie, en littérature, exercent une grande influence sur l'opinion publique. On a répété, commenté, dépassé leurs bévues et leurs fausses hypothèses. Les Réformateurs et la Réforme ont été indignement travestis dans des tragédies et des romans soi-disant historiques, et dans mille et mille articles de Journaux. Chacun a lancé sa pierre on apporté sa couronne; Voltaire et Robespierre, à n'en pouvoir douter, descendoient en droite ligne de Luther'.

Les moyens ne manquent point aujourd'hui pour rectifier de pareilles erreurs. M. MERLE D'Aubigné publie son Histoire de la Réforme, si propre à dissiper les préjugés d'une ignorance, souvent presque complète, par la simplicité et les détails du récit. M. RANKE répand avec profusion les trésors de la science dans des Ouvrages où l'on trouve partout l'exposition consciencieuse des faits3. En Allemagne et ailleurs on se livre avec une

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Wer hat es nicht gesagt das die Reformation eine Art von >>Vorbereitung war für die Bewegungen der Revolution? Victor »Hugo drückt es so aus: Luther devait, préparant l'anarchie politique par l'anarchie religieuse, introduire le germe de >>mort dans la vieille société pontificale et royale d'Europe. ›› Es sind das Gedanken, die Allen angehören, die alle nachspre>chen und keiner untersucht: Ranke, Hist. pol. Z. II. 606.

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3 L'artifice grossier et ridicule par lequel, à Paris, on a voulu catholiciser son Histoire des Papes en la traduisant avec des variantes qu'on présentoit comme conformes à l'original, n'a servi qu'à couvrir de honte ceux qui ne craignoient pas de commettre un faux littéraire à leur profit.

ardeur nouvelle à l'étude des temps passés. Ayons donc confiance; un examen critique et de bonne foi nous suffit.

Nous n'avons qu'un mot à ajouter sur le Papisme et sur la Révolution.

Le reproche de favoriser les tendances révolutionnaires, adressé à la Réforme, sied-il bien aux Catholiques? Ici encore remarquons d'abord qu'il est malaisé de saisir l'unité de la foi Romaine à travers ses transformations successives et ses contradictions manifestes. Nous ne prétendons pas nier que la Cour de Rome ait recommandé quelquefois l'obéissance au Souverain; bien au contraire, elle aussi invoquoit les principes de soumission, quand les circonstances rattachoient ses intérêts propres à l'affermissement des pouvoirs politiques. Mais, et voici ce qu'il est important de signaler, nous ne nous souvenons guère qu'à l'instar des Protestants, les Papistes persécutés ayent respecté les droits de l'autorité, à leur détriment, à leur péril, à leur perte. D'ailleurs l'obéissance au Monarque vient en seconde ligne, après celle qu'on doit au Pontife Romain. Rome semble établir dogmatiquement une suprématie complète de son Evêque sur l'Eglise et sur l'Etat. Rien de plus naturel. Le Chrétien reconnoit que toute Souveraineté temporelle, comme tout pouvoir spi. rituel, émane de Dieu, et qu'au Christ seul est donnée toute puissance dans le Ciel et sur la terre. Rome met le Pape à la place du Christ. Dès lors l'Evêque de Rome, s'arrogeant en tout point le Vicariat du Seigneur, se croit appelé à commander aux Empereurs et aux Rois, qu'il considère comme ses Ministres, soumis ou rebelles,

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