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Protestants d'Allemagne. Dans cette complication d'intérêts divers l'Autriche suivoit une marche simple et facile; car, en combattant la France, elle réprimoit en même temps les entreprises des Princes Evangéliques. Au contraire les Princes de la Maison de Valois flottoient entre deux idées impossibles à concilier; l'extinction du Protestantisme, considéré par eux comme le germe fatal des discordes civiles, et l'abaissement de l'Espagne, dont ils voyoient avec déplaisir les formidables ressources. Tantôt, brûlant de se mettre en garde contre leur voisin, ils tâchent de le supplanter dans la succession au Trône Impérial; ils lui suscitent des difficultés dans les Pays-Bas, ils lui cherchent des ennemis jusque chez les Turcs. Tantôt, au contraire, ils craignent de nuire aux intérêts catholiques et de favoriser l'hérésie en s'alliant aux Chefs du parti de la Réforme'.

Henri II régnoit en France depuis 1547. Ses fils lui succédèrent, François II en 1559, Charles IX en 1560.

La Cour étoit livrée à la corruption et à la débauche'; le Royaume en proie aux troubles religieux qui prenoient de plus en plus une couleur politique. Longtemps les Protestants avoient pu dire « nous ne sommes pas beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, » ni beaucoup de nobles.... Eprouvés par des moqueries

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'Surtout dans notre 4 Tome il y a, durant l'année de la St. Barthélemy, des exemples frappants et déplorables de ce revirement continuel.

• Le Duc Christophe de Wurtemberg écrit en 1564: « Adi >France mit aller seiner Untrew, Leichtfertigkeit, Ueppigkeit, und >>Uuglaubens Pfister, H. Chr. p. 417.

» et par des coups, par des liens et par la prison; mis à > mort par le tranchant de l'épée, errants çà et là, réduits » à la misère, affligés, tourmentés, errants dans les déserts >> et dans les montagnes, dans les cavernes et dans les »> trous de la terre'. » Mais enfin l'Evangile avoit pénétré dans les hautes classes. Deux partis puissants s'étoient formés. D'un côté les Guise, de l'autre les Princes du sang et les Châtillon. La résignation eut un terme. On se groupa autour des hommes puissants, que Dieu sembloit appeler à être les défenseurs de la foi. Bientôt le choc des armées succéda au brûlement des hérétiques. Notre premier Tome est plein de détails sur les événements de la guerre', sur le caractère des personnages', tant des zèlés défenseurs de Rome ou de la Réforme, que de la Reine Catherine de Médicis, longtemps contraire aux persécutions, abhorrant les guerres civiles, et dont Granvelle caractérise fort bien la politique, lorsqu'il écrit: « elle croit qu'en perpétuant la discorde entre les >> deux partis, elle avancera ses affaires et établira son

'Cela n'empêche pas que M. de Châteaubriand ne dise, « le protestantisme s'introduisit par la tête de l'Etat, par les princes, Det les nobles, par les prêtres et les magistrats, par les savans et >>les gens de lettres, et il descendit lentement dans les conditions »inférieures: » Etudes histor. I. p. 175.

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270.

Voyez par ex., les Lettres 46, 47, 50. Aussi p. 97, 132,

3 Sur Condé et Coligny voyez T. III p. 283. Sur le Cardinal de Lorraine I. p. 240. « Il touche véritablement au doibt que la [présence] des pasteurs (dans leurs diocéses) est ung d ́s souverainz remède aux calamités de ce temps. »

4

'p. 380.

> pouvoir' » « Elle est longuement persuadée que, pour » se maintenir en auctorité, il convient maintenir les deux parties, que, comme je tiens, sera la ruyne du Royaulme » et du Roy son filz2. »

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Bien que des motifs particuliers se mêlassent de part et d'autre aux discordes civiles', chez plusieurs le zèle de la religion ne fut pas douteux ; et, quoique les Calvinistes de France, après avoir saisi les armes, n'ayent pas toujours, dans la pratique, respecté scrupuleusement les droits du Souverain, ils étoient bien loin cependant de les méconnoître entièrement, même au plus fort de la lutte⭑.

Les événements de la France agirent puissamment sur les Pays-Bas. La foi est communicative; des émissaires et des émigrés François y prêchèrent l'Evangile, et le désir de suivre l'exemple des Huguenots se fortifioit à l'ouïe aussi bien de leurs souffrances que de leurs succès. La situation des partis, la nature des intérêts, étoit à peu près la même3. En 1560, Granvelle redoute une p. 382.

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p. 419. Voyez aussi T. IV. p. 109. De Bèze écrit: « jusqu'alors (en 1559) la Royne-mère avoit donné quelques signes de n'estre point ennemie de la religion: Hist. des Egl. R. I. 211, Et en 1560 elle sembloit ne servir que d'ombre en les entreprises des Guise: ll. p. 250.

3 Le Prince d'Orange écrit: « les picques et inemités sont si grandes.. qu'i, je suis seur, ne cherchent aultre chose, que comme ils pourront donner ung coup de bâton l'ung à l'aultre...; et tous sur prétext de maintenir la religion; p. 430.

4 T. III. P XXXVI.

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5 Strada a relevé ces ressemblances et ces analogies. Haec Gal>lorum mala in Belgium plane eadem transmissa facile comperiet

altération dans les Pays-Bas, si les mouvements de révolte en France continuent': en 1562, il craint que quelques uns ne soient à l'affût, désirant le succès: en 1564, on se plaint « que les Franchois et même les Huguenotz de >> France mènent incessamment les practicques contre ces pays. Les Franchois se vantent de beaucoup d'intelli» gences". "

La fraternité Chrétienne avoit ici des antipathies à surmonter. On n'aimoit pas les François dans les PaysBas, pas même dans les Provinces Wallonnes". La déhance envers eux avoit de bons motifs. « Quand ils flattent, dit Granvelle, « ils ont desseing de tromper.» De même Madame de Bréderode: « quand ils montrent

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>> bon visage, on est asseuré qu'ils couvent quelque chose de mal.

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Nous allons considérer la Maison de HABSBOURG dans ses relations avec l'Empire et avec ses Etats patrimoniaux.

En 1555 eut lieu l'abdication de Charles-Quint. Son âge mûr fut l'époque de ses revers. Peu d'hommes furent, à un tel degré, le favori et le jouet de la fortune. A sept ans, Seigneur des Pays-Bas; à quinze, Roi d'Espagne et de Naples, et Duc de Milan; à dix-huit, Chef de l'Empire; à vingt-quatre, maître, par la bataille de Pavie, de son rival captif; quelle destinée, quel avenir! Mais des événements divers

>>cui otium sit conferendi haereticorum utrobique conatus, utriusque aulae dissidia;... eadem ferme omnia, nempe ex eisdem causis. I, 126.

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interrompent le cours de ces prospérités: l'ennemi terrassé se relève, la guerre recommence, les difficultés se multiplient; l'Allemagne, divisée par la Réforme, augmente les embarras de tout genre; les Princes Allemands se coalisent, résistent, menacent. Toutefois ce n'est qu'une crise passagère. La France accepte la paix; Charles-Quint en profite; il écrase les Protestants d'Allemagne; tout tremble, tout obéit, et la guerre de Smalcalde, en 1547, semble mettre un terme à toutes les résistances. Jeux bizarres du sort, disons mieux, dispensations justes et sévères de l'Eternel! A son apogée, cet astre brillant pâlit et marche rapidement vers son déclin. Amis et ennemis se réunissent, et le vainqueur superbe se sauve à peine par une fuite précipitée, poursuivi par ceux-mêmes qu'il avoit comblés de bienfaits. Après avoir acheté la paix par de grands sacrifices, il veut venger ses injures sur la France et ressaisir les districts envahis par elle: nouveau mécompte ; il est forcé de lever le siège de Metz. Aux souffrances de l'âme se joignent celles du corps; des maladies l'assaillent, sa vigueur l'abandonne; et, tandis que les dangers redoublent, la force pour les affronter lui échappe. Ayant eu trois projets favoris, l'union de l'Empire avec l'Espagne, l'extirpation de la Réforme, et l'abaissement de la France, il désespère de leur réussite. Ferdinand son frère, jaloux de la Couronne Impériale, lui refuse ce qu'il désiroit, soit pour le bien de l'Empire, soit pour la grandeur de la Maison de Habsbourg; et les vicissitudes que l'Empereur éprouve, lui

Les Allemands ne le désirent pas plus puissant, de crainte »qu'il ne jettast la patte sur eux, comme sur le Duc de Saxe et sur »le Landgrave: » de la Noue, Discours, p. 542.

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