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font craindre d'être forcé à ternir l'éclat de son règne en signant à la fois le triomphe de la France et celui des Protestants. Faut-il s'étonner qu'il ait senti les atteintes du découragement, qu'il ait déposé la couronne, qu'il ait cherché la solitude, le recueillement, et la mort; que, dégoûté des choses de la terre, il ait cherché peut-être celles du Ciel!

L'opposition très-vive de Ferdinand' fut un bonheur pour l'Allemagne et la Chrétienté: sans elle, la Maison de Habsbourg eût acquis une puissance presqu'irrésistible'. Au contraire, le souvenir d'une tentative pareille fut un germe de désaccord dont les ennemis de cette Dynastie surent tirer plus d'une fois parti. Philippe II semble

En 1547 à Augsbourg l'Empereur négocia pour qu'on élût son fils Roi des Romains. Mais Ferdinand respondit Philippum »Hispaniae ac tot aliis ingentibus aliquando Regnis imperaturum, addito Germaniae Imperio magis obrui ac pessundari quam juvari >honorarique: >> Pontus Heut., Rer. Austr. p. 301. L'Empereur n'insista point, soit qu'il vit que son frère étoit inexorable, soit qu'il sentit la justesse de sa remarque: il paroît que la Duchesse Marguerite de Parme croyoit à ce dernier motif: p. 112. sq. Outre la difficulté de régir un si grand nombre d'Etats, il étoit évidemment impossible de ne pas sacrifier quelquefois aux intérêts de l'Empire ceux des pays patrimoniaux. On y voyoit rarement le Prince; on y étoit entraîné dans des guerres sans fin. Les Pays-Bas avoient beaucoup souffert. En Espagne on disoit: das Kaiserthum sey eines groszen Baumes Schatten, ein Nichts, welchem der König keineswegs »aus leerer Eitelheit nachtrachten solle: v. Raumer, Gesch, Europas, I. 114.

• Mornai écrit en 1584, « l'Empire d'Allemagne et tout l'Estat nque tient le Roy d'Espagne se verront rejoints ensemble. Alors ce "sera la plus grande Monarchie qui fut onc, redoutable sans doute à tous les Princes de l'Europe: Mémoires, I. 363.

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avoir entièrement abandonné l'idée de fixer l'Empire dans sa Famille'; formant des relations en Allemagne, il évite tout ce qui pourroit alarmer Ferdinand: étant « d'inten>>tion de faire et dresser quelque ligue avec aulcungs » Princes de l'Empire, sa M. n'a voulu mestre ce en train » sans préalablement en avoir le bon avis du Roy des » Romains' ';» et celui-ci de son côté répond avec une grâce et une obligeance parfaite3. Mais le trait avoit péné tré fort avant dans l'âme de Maximilien“. Du même âge que Philippe, il y avoit entr'eux antipathie et contraste3. La défiance et la jalousie fortifièrent cette inimitié naturelle. Rival, adversaire du Roi d'Espagne dans tous les intérêts de famille, Maximilien, par là même, étoit l'espoir des mécontents®.

Les forces de la Maison de Habsbourg perdirent l'unité

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3 p. 31. p. 30.

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p. 112. P. 30. 5 T. III. p. 473. En 1562 le bruit courut que les Grands Seigneurs des PaysBas lui offroient la Souveraineté (p. 128, sq.); et trois ans après Granvelle écrit: « J'entendis, il y a diverses foiz par desà que tous les Pays désiroient l'Empereur ou ses enfans, sinon nostre Maison. (p. 394). Auparavant il écrit: « Plusieurs, pour leurs particuliers respectz et désirantz la ruyue de la Maison, procurent d'y mestre deffiance» (p. 115), et l'on ne sauroit douter que beaucoup de personnes n'aient désiré et fomenté le désaccord. Plus tard la tentative de l'Archiduc Matthias vint causer de nouveaux embarras à Philippe : « il ne nous manqueroit, en sus de stant de maux, que la division dans la famille, pour achever de perdre le tout (T. VI. p. 195). Du reste le Roi d'Espagne songea de bonne heure au mariage d'une Infante avec un Archiduc (T. IV. p. 33*, 39*), projet accompli dans les personnes d'Albert et d'Isabelle, et qui sembloit concilier tous les intérêts par un terme moyen.

qui les avoit doublées sous Charles-Quint. L'Autriche et l'Espagne furent des Puissances distinctes et quelquefois séparées.

La ligne AUTRICHIENNE eut Ferdinand I et Maximilien II pour Chefs. Tous deux se concilièrent, ce qui n'étoit pas alors chose facile, amour et respect.

Maximilien II étoit partisan de la Réforme. Les Protestants attendoient de lui de vigoureuses résolutions. Il alloit, croyoit-on, marcher sur Rome et contraindre le Pape à se renfermer dans les limites de ses droits spirituels'. Mais il s'apperçut bientôt qu'il ne suffit pas de vouloir, qu'exécuter est moins facile que promettre, et

Voyez p. 282. Cette opinion étoit exagérée. « Nous avons de » nouveau,» écrit Guillaume de Hesse, un Empereur pieux, »>intelligent, et pacifique» (p. 293). Et Schwendi: « le nouveau

Empereur embrasse fort ses affaires et crois qu'il gouvernera sin»gulièrement bien » (p. 295). Maximilien ne put réaliser, quant à la Réforme, les belles espérances qu'il avoit données. L'Electeur Palatin lui écrit, à son avènement: «als ich mich des gantz christlichen > und trewhertzigen Gesprechs so E. M mit mir zu Heydelberg, gleich nach jüngst gehaltenem zu Franckfürth Wahl- und Krönung-tag, auch etlicher massen daselbst unser wahren ungezweiffelten Religion halben gehalten,... so hab ich nicht umbgehen sollen dessen E. M... zu erinnern dasz sie in solcher ihr Kayserlicher Regiering ihr die Bekanntnisz, Pflanzung und Fortzetzung unserer wahren Christlichen und allein seeligmachenden Religion fürnemlich > befohlen sein lassen... Strueve, Pfältz, K. Historie, p. 145. Déjà Schwendi ajoute : « Je ne pense pas qu'il fera quelque soudain >> changement ès choses de l'encienne religion, mais je croys que peu » à peu il les accommodera à quelque réformation, toutefois le plus » moderrement et avec la moindre offence de ceulx d'Eglise qu'il peult faire: » l. 1.

que la position de Prince héréditaire n'est pas la même que celle de Souverain.

Le pouvoir Impérial étoit considérablement diminué. Au 15° siècle l'Empereur Fréderic III fut réduit par fois à un dénuement qui faisoit pitié' et qui rendoit fort difficile le maintien de ses prérogatives. Maximilien I, son fils, eut à soutenir, de 1493 à 1517, une lutte presque non interrompue contre les Etats de l'Empire; ceux-ci formèrent avec persévérance une organisation, une opposition compacte', dont la résistance étoit redoutable et qui sut profiter aussi, d'abord de la jeunesse3, et plus tard des embarras de Charles-Quint.

Ce que nous avons dit de l'Europe en général, touchant le manque de fixité dans les rapports, s'applique particulièrement à l'Allemagne. Là surtout il y avoit cette agitation intérieure, ce balancement des esprits, inséparable de chaque époque où les institutions, ayant survécu à leur principe, ne possédent plus aucune garantie de leur

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<< Der Inhaber einer Gewalt, welche ihrer Idee nach die Welt »beherrschen sollte, forderte gleichsam das Mitleiden heraus ; » Ranke, Deutsche Geschichte, I. 84.

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<< Die Städte traten den Magnaten in Deutschland nicht entgegen, sondern zur Seite. Zusammen bildeten diese Stände eine >> compacte Corporation, gegen welche kein Kaiser etwas ausrich»ten konnte, in welcher die Sumine der Reichsgewalt representirt war: Ranke, l. l., p. 92.

3 « Im J. 1521 setzten die Stände ihren alten Gedanken durch und brachten es zu einem Antheil an der Reichsregierung, den ihnen Maximilian nach dem ersten Versuch niemals wieder hatte »gestatten wollen : » Rankc, l. 1., p. 458.

4 « Eine innere Gährung; » décrite par Ranke, l. l., p. 200-218.

durée. Chacun aspiroit à l'indépendance, et faisoit bon marché de celle d'autrui. L'affaissement du pouvoir légitime amenoit le règne de la violence et du désordre'. On en étoit à cette alternative fatale où il n'y a de choix qu'entre l'anarchie et le despotisme. La Réforme (car c'est à elle qu'est dû ce service immense) remit au jour un principe d'obéissance et de liberté; toutefois elle ne mit l'ordre dans le chaos, qu'après un demi-siècle de déchirements affreux. Outre les luttes sans cesse renouvelées contre les Turcs et contre la France, il y eut la guerre des paysans, en 1525; les ligues et les contreligues des Catholiques et des Protestants; les excès criminels des Anabaptistes; le rétablissement du Duc de Wurtemberg à main armée, en 1534; l'expédition contre le Duc de Brunswick, en 1545; les triomphes de l'Empereur, en 1547, et ses défaites, en 1552. Et quelle fut, dans l'organisation politique, l'issue de cette série de guerres, de révolutions, et de désordres? La consolidation et l'accroissement du pouvoir des Princes; leur Souveraineté territoriale triompha”.

Ils profitèrent aux dépens de l'Empereur et du Pape3.

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Da die höchste Gewalt sich so wenig geltend machen, so »wenig Billigung und Anerkennung gewerben konnte, so erwach»te ein allgemeines Streben nach Selbständigkeit auf eigne Hand, Deine allgemeine Gewaltsamkeit, welche diese Zeiten höchst eigen>>thümlich charakterisirt: » Ranke, l. l., p. 203.

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In den Fürstenthümern machte sich die Landeshoheit >> weitere Bahn: » Ranke, 1.1.

&

3 Par ex. en 1521. Die Bestimmungen gereichten hauptsäch>lich zum Vortheil des Fürstenthums... Für den gemeinen Mann geschah eigentlich gar nichts...; der Adel war und blieb von aller >Theilnahme an den Reichsgeschäften ausgeschlossen: » Ranke, l. l., p. 464.

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