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Bourgogne et dans les autres Dépôts en Belgique. Nous le regretterons moins, si le zèle pour les souvenirs nationaux qui s'y est manifesté depuis quelques années, se portant aussi sur l'époque la plus mémorable de nos annales, les Manuscrits relatifs aux temps de Charles-Quint et de Philippe II ne tardent pas trop à être livrés au public.

S II.

Ouvrages historiques.

Les livres dont il nous a fallu faire usage formeroient une Bibliothèque. Leur énumération seroit fastidieuse et tout au moins inutile. Il suffira d'en indiquer, d'en caractériser un petit nombre; ceux auxquels nous avons eu plus particulièrement, plus constamment recours dans nos recherches.

Auparavant, pour fixer le point de vue d'où il faut, selon nous, considérer cette littérature historique, il nous semble nécessaire de montrer rapidement dans quel esprit l'histoire de la Maison d'Orange et celle des Provinces-Unies a été traitée depuis l'origine de la République jusqu'à nos jours.

Incontestablement dans le dernier quart de siècle nous avons fait des progrès, quant à la manière de considérer les temps passés. La preuve en est que, sans crainte d'être contredit par ceux dont l'opinion a du poids, nous pou

vons affirmer que l'Histoire de la Patrie a été longtemps exposée avec injustice et passion, de part et d'autre, il est vrai, mais surtout d'après les opinions et les intérêts du parti anti-Stadhoudérien.

Ce fait s'explique aisément. Dès la fin du seizième siècle l'Aristocratie communale fut opposée aux Stadhouders. Elle voyoit en eux les seuls antagonistes qu'elle eût vraiment encore à redouter. Par la révolution, le Clergé Catholique-Romain étoit banni et le Clergé Protestant n'avoit acquis aucune influence immédiate sur les affaires de l'Etat; la Noblesse étoit appauvrie, décimée ; les Régences des Villes n'avoient donc, pour devenir toutes-puissantes, qu'à se débarrasser entièrement du pouvoir royal. C'est assez dire que, par calcul et presque par instinct, leurs efforts alloient se diriger contre le Stadhoudérat. En effet cette charge, ce pouvoir, dont, par la confusion des rapports, il devenoit facile de modifier la nature et de restreindre les limites, étoit néanmoins un reste de Monarchie au milieu d'une République improvisée; une espèce de protestation permanente contre la forme de Gouvernement que les circonstances avoient substituée à l'ordre traditionnel; et, qui plus est, cette autorité (aux yeux des Aristocrates, une espèce d'anomalie) offroit un point de ralliement, une pierre d'attente, une espérance à tous ceux qui revendiqueroient des droits usurpés.

Ce n'est pas qu'il n'y eût eu moyen de s'entendre ; pourvu que le Stadhouder, au lieu d'être le Chef et le modérateur des Etats, eût consenti à devenir tout de bon leur ministre: on eût changé ainsi un adversaire importun, un dangereux rival, en un auxiliaire pré

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cieux; par lui on eût contenu et réprimé le peuple; on se fût déchargé sur lui de toute responsabilité. Mais les Princes de la Maison de Nassau ne se prêtèrent pas à cette combinaison, n'acceptèrent pas ce rôle subalterne et passif. Investis d'un pouvoir que généralement on jugeoit essentiel et inhérent à la République; forts du souvenir des services rendus au pays; soutenus par la plus grande partie de la nation, qui voyoit en eux ses défenseurs naturels; justement indignés des prétentions de la Hollande et en particulier de la Ville d'Amsterdam, trop souvent le centre de bien des intrigues déplorables et illicites, ils se crurent tenus de rétablir l'équilibre, de・ repousser les attaques de l'intérêt particulier contre le Corps de l'Etat, et de récupérer ou tout au moins de maintenir les libertés du peuple que les entreprises des patri

ciens avoient enlevées ou venoient incessamment menacer. Dès lors il y eut entr'eux et l'Aristocratie un antagonisme perpétuel; et, lorsqu'elle n'eut pas besoin de leurs services, elle s'efforça de se soustraire à un contrôle parfois très-embarrassant. On conçoit donc avec queile défaveur, surtout dans des moments de crise et de lutte, leurs actions et leurs intentions furent jugées. Ils furent accusés de flatter la populace, de viser au despotisme.

Au dixhuitième siècle, le parti anti-Stadhoudérien se renforça du parti révolutionnaire et libéral. Le champ de l'histoire fut exploré au profit des opinions nouvelles, le mot de République fut jugé synonyme de celui de liberté ; par conséquent rien de plus simple que de voir dans nos oligarques des patrons du peuple et dans les Stadhouders des tyrans. Ayant adopté ce point de vue, un débordement de reproches et d'injures contre ceux-ci fut inévi

table. Il y eut une époque où la haine les transforma en antagonistes des droits de l'humanité.

Ce n'est pas tout. — Le culte Réformé étoit la religion de l'Etat. Les lois devoient être conformes au principe Chrétien qui formoit la base de cette Eglise Evangélique; au reste tous les membres de l'Eglise dominante étoient, sans acception de personne, soumis au pouvoir temporel. Sur tous ces points les différents partis étoient d'accord. Mais il y avoit néanmoins de graves dissentiments. Fidèles aux principes des Réformateurs et aux notions de la véritable liberté, les Stadhouders défendoient, par attachement et par devoir, d'abord la liberté de conscience pour tous, puis la foi et l'indépendance de l'Eglise Réformée, tenue de faire respecter dans son sein les points fondamentaux de sa croyance; libre de refuser toute intervention de l'Etat; lequel, à moins de circonstances exceptionnelles, ne prenoit connoissance de ses décisions, en matière de dogme et de discipline, que pour les faire exécuter. L'Aristocratie avoit des vues moins larges et plus intéressées. Le parti anti-Stadhoudérien eut constamment des affinités, des rapports, des alliances avec le parti héterodoxe. Désirant étendre sa domination, il prêtoit facilement l'oreille aux suggestions des sectaires qui,

, pour n'être pas mis au ban de l'Eglise, faisoient assez bon marché de ses libertés. Un tel accord eût produit un contrat de servitude pour prix d'une protec tion funeste. Ici encore les Stadhouders intervinrent en faveur de l'Eglise établie et de ses principes constitutifs. De là de nouvelles invectives; ils prenoient, disoiton, les dehors de la piété, les apparences de la ferveur religieuse, pour acheter l'appui du Clergé orthodoxe. Ge

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fut pis encore quand à l'héterodoxie succéda l'incrédulite. Elle admit à peine dans le passé la sincérité d'une foi qu'elle avoit abandonnée; dans les efforts des Princes d'Orange et de leurs adhérents elle ne vit que deux mobiles, l'ambition et le fanatisme.

Ces préventions injustes se propageoient avec facilité. Le parti anti-Stadhoudérien, qui longtemps eut en mains un pouvoir arbitraire et exclusif, fut constamment nombreux dans les classes qui donnent le ton à l'opinion publique; il domina surtout dans la province de Hollande, contre les empiétements de laquelle les Stadhouders avoient eu le plus fortement à lutter, et qui, plus qu'aucune autre, étoit le centre des lumières et la résidence des gens de lettres. L'affluence des étrangers étoit extrê me, par suite du commerce et par les événements politiques; la plupart contractoient des relations avec les familles opulentes de nos grandes villes. Endoctrinés par la noblesse bourgeoise; encouragés, salariés par leurs patrons, ils répétoient la leçon qu'on leur avoit faite; de bonne ou de mauvaise foi, ils adoptoient les préjugés de la caste qu'ils avoient le plus habituellement fréquentée; excités par l'ambition et la reconnoissance, ils les répandoient dans de nombreux écrits. Ainsi l'opinion des Aristocrates devint générale, à force d'être proclamée; et l'écho de ces mille voix réagît souvent sur les habitants des ProvincesUnies émerveillés de ce nombre infini de témoignages, dont il eût toutefois été facile d'expliquer l'admirable

concert.

Il fut démontré que les Stadhouders, auxquels du reste on vouloit bien ne pas refuser, ni quelques talents militaires, ni quelque habileté diplomatique, avoient eu le

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