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antiquaire qui bouleversoit leurs études par sa découverte, comment n'auroit-on pas repoussé avec indignation Bilderdijk, provoquant un remaniément complet de nos Annales par sa violente attaque! En outre, liant le passé à des vérités universelles, il avoit donné à ses principes et à ses idées une actualité menaçante. Une levée de boucliers étoit donc inévitable. Mais il étoit trop tard; de coup étoit porté. Bilderdijk avoit dissipé le prestige d'infaillibilité dans lequel l'opinion dominante avoit trouvé sa sauvegarde; il avoit fait sentir, même à ses antagonistes, la nécessité de revenir sur des questions qu'on avoit crû décidées. Nous regrettons l'aigreur, l'amertume, qui, de part et d'autre, vinrent trop souvent changer les discussions en disputes; mais au moins, et ce fut là un gain immense, la science, longtemps stationnaire, parcequ'on croyoit avoir atteint les limites de la vérité, reprit sa marche par l'impulsion du doute.

Il nous semble qu'on peut résumer à peu près de la manière suivante l'opinion actuelle de la plupart des hommes modérés et impartiaux. Son principal caractère est de n'être pas encore définitivement fixée, mais de marcher à la conquête de la vérité avec une hardiesse qui', après la découverte de beaucoup d'erreurs, n'a qu'un très-foible respect pour les jugements traditionnels. Se rappelant qu'il n'y a pas de marque de partialité plus sûre et plus ridicule à la fois, que de vouloir louer ou condamner les adhérents d'un parti en masse, on convient que l'aristocratie communale a rendu de très-grands services et qu'une foule d'hommes distingués est sortie de ses rangs, mais on se demande si les efforts de cette classe ont mérité les éloges qu'on lui a si prodigalement donnés;

si, jalouse de son indépendance, elle a eu un respect égal pour les libertés publiques; si elle n'a pas eu constamment en vue l'extension de ses privilèges et l'agrandissement de son pouvoir, accaparant, aux dépens des Stadhouders et du peuple, la direction de l'Etat ; si sa domination n'est pas devenue un joug difficile à porter, insupportable même à plusieurs époques ; si ses relations à l'étranger ont toujours été marquées au coin d'un véritable patriotisme ; et si, dans le cas que ses empiétements successifs n'eussent rencontré que de foibles obstacles, elle n'eût pas dégénéré aisément, à l'instar de Venise, dans un gouvernement d'Oligarques. De même, sans se laisser égarer par un enthousiasme sans bornes, on croit qu'il est juste d'examiner si les Princes d'Orange, auxquels on reproche de s'être opposés plus d'une fois à la paix, n'ont pas déjoué ainsi les manoeuvres d'un ennemi doublement redoutable lorsqu'il sembloit vouloir déposer les armes; si, en maintenant la Religion Réformée, ils n'ont pas, à part leur conviction personnelle, agi conformément à leurs obligations envers Dieu et envers les hommes; si les jugements sévères sur chacun d'eux en particulier ne reposent pas, en grande partie, sur des bruits controuvés et des calomnies accréditées; enfin, pour ne pas oublier ici une accusation qui leur fut commune, si, au lieu de pencher vers la tyrannie, ils n'ont avec un zèle, qui souvent au moins, fut désintéressé, combattu la tendance d'une caste égoïste, disposés à lui laisser une influence légitime, mais décidés à ne pas sacrifier à ses exigences hautaines les droits du reste des citoyens. On ne craint plus d'aborder même les points sur lesquels autrefois l'esprit de parti ne pouvoit supporter la moindre contradiction. La mémoire de Guillaume II a

pas

ete, jusqu à un certain point, réhabilitée. On rend plus de justice aux actes et aux intentions de Guillaume III. On convient que le titre d'amis du peuple va mal aux chefs d'une faction oligarchique. On reconnoît que les Régences avoient, par de longues menées, mis successivement les droits des bourgeoisies à néant. Si tous ne voient pas en Maurice le défenseur de l'Eglise et de l'Etat contre l'oppression des Arminiens et des Aristocrates, plusieurs avouent que sa conduite en 1618 et 1619 a été atrocement dénaturée. On comprend même, chose qui longtemps parut si difficile à concevoir, que le fameux Synode de Dordt n'a pu être l'objet d'un jugement équitable à une époque d'incrédulité ou d'indifférence, et que cette Assemblée, en condamnant des erreurs, déplorables en elles-mêmes et plus funestes encore par leurs conséquences, a rendu un service important à la Chrétienté et sauvé l'Eglise de la corruption, comme le Stadhouder a préservé l'Etat de la guerre civile. Enfin l'on est d'accord que l'ignorance ou l'esprit de parti ont beaucoup omis et beaucoup exagéré, qu'ils ont dépeint une multitude de faits sous des couleurs fausses, et qu'avant de se disputer sur l'appréciation des événements et des personnages, il faudra savoir si les hommes et les choses ont réellement été tels qu'on a eu coutume de se les réprésenter.

Voici donc où nous en sommes. Une Histoire des PaysBas, ou même des Provinces-Unies, n'existe pas encore et ne sauroit encore exister. L'insuffisance de tout ce qu'on nous a donné sous ce titre, est manifeste, et l'on commence à se défier, mème plus ou moins, croyons

nous, a se moquer de l'outrecuidance avec laquelle plusieurs de nos écrivains ont raconté les événements, indiqué les causes, déduit les conséquences, tracé les portraits, analysé les caractères, et démêlé, comme par un art magique, jusqu'aux plus fines nuances du coeur et de l'esprit. Dans l'investigation des faits l'on a recours aux sources contemporaines et aux pièces inédites. On comprend qu'il faut une autre base à l'édifice et que les travaux préparatoires ont à peine commencé.

Quels sont les devoirs que cet état de choses prescrit ? Mettre une grande ardeur dans les recherches, éviter toute précipitation, quand il s'agit de juger; s'abstenir de toute arrière-pensée, de tout but particulier qui pourroit rendre suspect le dévouement à la vérité.

Ces réflexions préliminaires nous permettent d'être brefs en ce que nous avons à dire sur

1o. les Ouvrages relatifs à l'Histoire générale de notre Pays.

2o. ceux qui se rapportent spécialement aux temps de Guillaume I.

3o. quelques écrits récents qui, sans traiter directe. ment des Pays-Bas, nous ont néanmoins été fort utiles.

Nous ne ferons mention que d'un nombre d'Auteurs très-restreint: non seulement parceque nous ne voulons ici parler que de quelques uns d'entre les livres que nous avons le plus fréquemment cités; mais encore parcequ'il y a une infinité d'écrits de divers genre sur notre Histoire, qui ont joui durant un temps d'une grande renommée, et que toutefois nous avons passé sous silence dans notre

Recueil. Des compositions souvent détestables, où l'igno rance le dispute à la mauvaise foi, eurent la vogue, aussi longtemps que les passions y trouvèrent leur écho. L'éclat trompeur de ces productions éphémères est un grand mal: la satyre contemporaine auroit dû en faire bonne et prompte justice; les réfuter maintenant seroit un anachronisme; on ne feroit que les sauver de l'oubli. En outre, parmi la multitude des Auteurs d'un vrai mérite nous avons été contraints de faire un choix'; sans cette précaution il n'y eût pas eu de fin à nos recherches.

Nous avons, quant aux Histoires générales des Provinces-Unies, laissé de côté plusieurs mauvaises rhapsodies qu'on a décorées de ce nom; ne citant que les Ouvrages de WAGENAAR et de BILDERDYK, qui nous semblent être l'expression des deux tendances que nous avons décrites.

En effet le premier réprésente l'opinion anti-stadhoudérienne et le statu quo, prolongé chez plusieurs jusqu'à nos jours; l'autre les principes nationaux et orangistes et le réveil historique dont nous sommes témoins.

Le travail de WAGENAAR' a été durant de longues années l'objet de panégyriques outrés. On se félicitoit d'avoir le récit complet de nos annales; puis l'écrivain appartenoit à la clientelle de la Régence d'Amsterdam, et sa prédilection manifeste pour ses patrons étoit un titre aux éloges des

1 Par ex., sans négliger entièrement Bentivoglio, Burgundus, Dinothus, v. d. Haer et tant d'autres, nous avons cru devoir, entre les écrivains étrangers sur les Troubles du 16° siècle, nous attacher spécialement à STRADA.

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Vaderlandsche Historie, Amst. 1752-1759, 21 Tom, 8o.

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