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modérateurs de l'opinion publique. Il y eut compensation plus tard; car l'on conçoit que, dans la lutte contre les traditions aristocratiques, son ouvrage ait été l'objet des plus violentes attaques. En bonne justice, WAGENAAR ne pouvoit échapper à la sévérité de la critique. Il a traité le Moyen Age sans les connoissances requises et surtout avec une profonde ignorance du Droit Féodal, qui néanmoins est la base de tant. de droits et de rapports. Il a considéré la République d'après le point de vue étroit des Etats de la Hollande. Son talent de rédaction est médiocre, le style lourd et diffus. Toutefois on ne sauroit l'accuser de mauvaise foi; et, s'il est aisé de rassembler dans sa longue histoire une quantité de bévues et d'erreurs, qui maintenant nous semblent même ridicules, l'équité exige qu'on lui rende le témoignage qu'à son époque il a fallu un labeur prodigieux pour composer un ouvrage lequel, encore de nos jours, malgré tant de critiques, n'a pas été remplacé de manière à ce qu'on puisse entièrement s'en passer.

Il faudroit être peu jaloux de la gloire de BILDERDYK pour prétendre que le récit superficiel, entremêlé d'observations acerbes et d'invectives parfois très-inconvenantes, qu'on a publié sous le nom d'Histoire de la Patrie', soit une oeuvre digne de lui. Peut-être, malgré tous les vices de cette composition informe et bizarre, est-il néanmoins permis de dire que Bilderdijk, poète incomparable, sublime, avoit le génie de l'histoire; car un génie tel que le sien a toujours quelque chose d'universel. Ajoutons qu'avec des principes arrêtés, avec un coup-d'oeil pénétrant et ferme,

Historie des Vaderlands, Amst. 1832-39, 12 Tom. 8o.

il lui a ete facile de saisir le caractère des évènements et de les grouper autour des grandes lignes qui déterminent leur cours. Un homme comme lui a le tact de bien choisir ses sources; c'est ainsi que, dans le commencement des Troubles, on le voit suivre pas à pas, mais toujours avec discernement, le Mémorial de Hopper, petit ouvrage très-propre à contrebalancer l'exagération de nos historiens. Toutefois, s'il eut les prérogatives du génie, il en eut aussi les inconvénients: cette confiance qui s'abandonne aux inspirations faciles d'une espèce de divination historique; cette surabondance de force qui ne permet pas la médiocrité même dans les écarts; cette ardeur qui, au lieu de guider, emporte; cette inflexibilité devant laquelle les événements se plient, pour ne point la heurter. Idéalisant, en bien ou en mal, les objets de ses sympathies ou de ses répugnances, son zèle à refouler l'erreur lui fait outrepasser les bornes de la vérité'. D'ail

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Après s'être élevé avec raison contre les détracteurs outrés du régime féodal, il va jusqu'à prétendre que l'oppression même n'avoit rien d'humiliant et que la classe qui gémissoit sous le despotisme, étoit ennoblie (anoblissement d'un genre nouveau!) par le caractère élevé de la Noblesse dont elle avoit à supporter le joug cruel. «Daar was onderdrukking, ja, maar zij verlaagde, zij schandvlekte, zij fletrisseerde niet.... Alles strekte om den mensch te » verheffen, ook de onedelen werden veredeld door den invloed >> dien het op hen had: » I. p. 123, sq. Le passage entier, véritable dithyrambe sur les avantages de la Féodalité, est très-curieux, en ce qu'il nous montre le poète, se livrant tout entier à une idée favorite et perdant de vue les considérations qui chez un simple historien, eussent aisément contrebalancé et modifié cet enthousiasme. avoir parfaitement senti qu'on avoit exagéré les torts et méconnu les droits et la situation difficile des Espagnols nos antagonistes, il

Après

leurs rien ne sauroit suppléer à la connoissance des faits, et Bilderdijk, dans la plupart des sciences humaines fort au dessus de la médiocrité, ne possédoit cependant pas en histoire le degré de science indispensable pour éviter une foule d'inexactitudes et d'erreurs. Et nous ne parlons point de ces erreurs de détail, que personne, dans un ouvrage d'une telle étendue, ne sauroit éviter; nous parlons d'erreurs graves et fondamentales, qui font révoquer en doute la compétence de l'écrivain'. Pour apprécier cet ouvrage, il faut se rappeler son but spécial. C'est une ébauche ; une récapitulation des principaux faits, assaisonnée de remarques piquantes, une analyse raisonnée, servant de fil conducteur à des enseignements particuliers. Bilderdijk avoit déclaré une guerre à mort à cette histoire stéréotypée qui avoit pris possession des esprits. Dans la chaleur du combat, il se laissoit entraîner par fois à frapper plutôt fort que juste; et on lui en voudra moins peut-être, si, comme il est probable, il avoit le dessein, non de faire adopter aveuglément des convictions opposées, mais de provoquer un examen nouveau et de sérieuses recherches. C'est par cette ardeur de polémique

excuse leurs intentions et leurs actes de manière à briser de nouveau l'équilibre qu'il avoit entrepris de rétablir (voyez ci-après T. IV. p. 35).

'B. prétend que les Capitulaires des Rois de France se faisoient de commun accord avec le Peuple (T. I. p. 131); tandis qu'aucune classe d'habitants n'avoit à intervenir dans la volonté du Monarque. Puis il attribue à de fort ignobles motifs le zèle des Princes Allemands pour la Réforme (ci-après, II. 266); tandis que, s'il avoit étudié cette époque, il auroit vu que, durant deux générations au moins, leur désintéressement, leur dévouement fut hors de doute,

qu'on peut expliquer la critique perpétuelle et violente de Wagenaar; celui-ci sembloit avoir posé des bornes aux recherches, et ces bornes il falloit les renverser. Sous ce rapport les leçons de Bilderdijk ont rendu de grands services; mais ces cahiers ont fait leur temps; on a pu subvenir à leur aridité par des remarques parfois très-intéressantes, mais il n'en est pas moins vrai que cet écrit, en lui même, ressemble déjà à une armure antique, objet curieux, mais inutile dans nos luttes et qu'on transporte de l'arsenal au musée.

Ici nous devons parler des Ecrivains qui, traitant un objet spécial, poursuivent leurs recherches à travers toutes les époques de la République. Ainsi, par ex., M. BOSSCHA a exposé la suite de nos faits d'armes sur terre-ferme', et M. DE JONGE les fastes de notre Marine'. M. MEYER, en décrivant nos Institutions judiciaires, a raconté, d'une manière fort intéressante, la marche et les excès de l'Aristocratie communale; ses prétentions, ses empiétements, son insolence; les causes qui contrebalancèrent l'action funeste d'une multitude d'abus3. Nous omettons d'autres écrits plus ou moins recommandables;

Neerlands Heldendaden te Land: voyez Tom. III.

p. 211.

2 Geschiedenis van het Nederlandsche Zeewezen. 3 Esprit, origine et progrès des Institutions Judiciaires; la Haye et Amst. 1819-1823. 6 T. 8°. Le Tome IV traite des Pays-Bas. Israélite et libéral, on ne s'étonne pas qu'il ait méconnu la nature de notre révolution, s'imaginant a qu'elle ne prit qu'accidentelle>ment un caractère religieux » (p. 207). Comme la plupart des révolutions du 16° siècle, elle prit nécessairement ce caractère; c'étoit l'esprit de l'époque et la conséquence de la persécution systématique contre la Réforme,

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mais nous ne saurions entièrement nous taire sur l'Histoire Ecclésiastique de M. M. YPEY et DERMOUT' et la réfutation par M. VAN DER KEMP'. Sans vouloir examiner si l'Ouvrage attaqué est réellement une accusation perpétuelle du Clergé orthodoxe et une Justification, quelquefois même un panégyrique, de ses antagonistes, il nous semble évident que l'Eglise Réformée des Pays-Bas, fidèle à son origine, fidèle à l'ensemble des vérités qui la caractérisent, ne pourroit ratifier la mission d'historiographes que M. M. Ypey et Dermout se sont attribuée, et nous devons avouer en outre que les progrès de la science depuis l'impulsion donnée par Kluit n'ont été mis à profit par eux, ni durant l'époque si particulièrement importante de Leicester, ni dans celle de Guillaume I. Les rapports de celui-ci avec l'Eglise sont même défigurés3. La franchise est ici d'autant plus impérieusement prescrite que plusieurs écrivains venus plus tard ont suivi à l'égard de M. van der Kemp (dont l'Ouvrage, quoiqu'on aimeroit à y effacer un bon nombre d'expressions trop acerbes, a sans contredit de grands mérites) une tactique, qui, pour être assez commune, n'en est pas moins digne de mépris. Un livre ébranle-t-il les opinions reçues, on a garde de le réfuter; on feint de ne pas le connoître; on évite d'attirer sur lui l'attention publique; on tâche de le tuer par le silence et l'oubli. Triste manège qui peut réussir pour un temps, lorsqu'un parti s'est emparé de la direction des journaux et que la

Geschiedenis der Nederlandsche Hervormde Kerk, Breda 1819-1827, 4 Deelen 8°.

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De Eere der Nederl. Herv. Kerk gehandhaafd, Rott. 1830-1833, 3 Deelen 8°.

3 T. V. p. 272.

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