Sayfadaki görseller
PDF
ePub

CHAPITRE III.

SITUATION RELIGIEUSE ET POLITIQUE.

Le titre de cette partie de nos Prolegomènes fera nécessairement pressentir que nous ne pouvons qu'effleurer un sujet si vaste. Nous exposerons d'abord quelle étoit, quand le Moyen Age fit place à l'Histoire Moderne, la nature des Gouvernements; ensuite quel fut le principe et que'le a été l'influence de la Réforme ; à quoi nous ajouterons, dans une troisième Section, pour l'intelligence des commencements de notre Recueil, quelques remarques sur la position des différents Etats à cette époque.

S I.

Nature des Gouvernements.

Assez généralement on a prétendu que les Monarchies de l'Europe au seizième siècle étoient des Républiques dégénérées.

Cette opinion, entièrement fausse, à notre avis, étant celle de la plupart des historiographes, des littérateurs, des philosophes politiques, et des politiques philosophes, il est urgent de montrer que leur accord apparent se résout et se dissipe en une foule d'assertions diverses; qu'au lieu d'unité de vues, il y a variété et contradiction, et qu'à vrai dire, ils ne se réunissent que pour proclamer, comme axiômes politiques, les bévues les plus énormes.

En effet les écrivains qui ne voyent à l'entrée du Moyen Age que des Etats populaires avec un Chef électif, dès

qu'ils en viennent à exposer leur système, soutiennent avec ardeur et opiniâtreté des thèses diamétralement opposées.

[ocr errors]

C'est ce qu'a remarqué M. Guizot lorsqu'il écrit, à l'égard des temps où chacun a nécessairement placé les bases de son édifice: «L'époque du 5° au 10° siècle s'est prêtée à toutes les vicissitudes de la société, à tous les >> besoins de l'esprit de parti, à toutes les hypothèses de >> la science... Elle a été complètement et diversement » méconnue': >> Se condamnant, se réfutant, s'entredétruisant, comme autrefois les soldats de Cadmus, nos adversaires nous épargnent presque, par cette espèce de suicide collectif, la peine de les combattre.

En outre, la variété de leurs hypothèses correspond à leurs préjugés de caste ou de secte, et se ressent des opinions et des principes dominants de leur époque. « Les vicis» situdes,» dit encore M. Guizot, « de l'opinion savante,» lisez à demi-savante, « ont toujours correspondu aux vicissi >>tudes politiques de la société même'; » Cette conformité remarquable n'est assurément pas un indice d'un jugement impartial.

Enfin leur adhésion unanime à la supposition d'une démocratie royale, aboutissant à une usurpation monarchique, repose sur des données fausses et en outre par fois ridicules. Les trois exemples suivants peuvent faire juger du reste.

On affirme l'existence presque non-interrompue d'Assemblées nationales, décidant avec le Roi les affaires de l'Etat; des Champs de Mars ou de Mai législatifs3; tandis

1 Essais sur l'Histoire de France, p. 349.

[blocks in formation]

Louis XVIII lui même a jugé devoir en faire mention hono

qu'il n'y a rien, nous ne disons pas de moins avéré, de plus positivement faux.

mais

On soutient avec opiniâtreté que la Monarchie étoit élective; tandis qu'il est indubitable que, dès qu'elle eut acquis de la fixité, la Couronne fut considérée comme héréditaire et patrimoniale, et les Etats partagés, comme un commun héritage, entre les Princes du Sang.

On répéte à satieté que le Roi et la Nation se partageoient le pouvoir législatif, et, pour preuve, on s'appuye sur un Capitulaire de Charles le Chauve qui n'a aucun rapport à l'objet auquel on le rattache'.

rable dans le Préambule de la Charte. Qui croiroit, en lisant ce qu'on a débité à cet égard, que, parmi les Annalistes de la première race, il n'y en a qu'un, Grégoire de Tours, qui fasse mention d'un Champ pareil; qu'il en parle une seule fois, et que, dans ce passage unique, il s'agit d'une revue simplement militaire, sans le moindre rapport à des loix ou à des délibérations communes; «phalanx osten»sura suorum armorum nitorem. » Qui croiroit que dans la Collection de Formules par le moine Marculfe, où se trouvent les protocoles des procédures même les moins intéressantes, il n'y en a pas une qui se rapporte, de près ou de loin, à la tenue de l'Assemblée générale de la Nation. Qui croiroit enfin que, ni sous la première, ni sous la seconde race, il n'y eut de réunions générales, si ce n'est les Plaids Royaux; c'est à-dire le Conseil du Monarque, auquel n'assistoient que ceux qu'il vouloit bien y admettre, et où, sans être lié par des avis, même unanimes, il décidoit à volonté.

Il y est dit : « Lex fit consensu populi et constitutione Regis. › La simple lecture de l'acte en son entier fait voir qu'il ne s'agit nullement d'une loi générale ; mais, selon le contexte et la signification usuelle des termes populus et legem facere, uniquement de l'instruction d'un procès d'après le témoignage des habitants, de la population, d'une Cité. La chose est prouvée jusqu'à l'évidence par Moreau, Discours sur l'Histoire de France (Paris, 1789), IV. p. 283-301.

Les écrivains les plus illustres sont tombés dans mille erreurs de ce genre. Il est bon d'en faire la remarque, afin de n'être pas entrainé par l'influence de leur renom

mée.

froit pas

Durant une longue suite d'années nulle autorité, en histoire et en politique, ne fut plus imposante que celle de MONTESQUIEU. La parole du maître (ipse dixit!) ne soufde contradiction. Sans discuter ici la valeur de ses conceptions sociales et législatives, nous le récusons comme autorité historique. Moreau observe spirituellement: «< il a trop plané au dessus de tous les Gouverne» mens de l'Univers; il les voit de trop loin, et, pour

[ocr errors]

D

écrit:

› défricher les premiers siècles de notre Histoire, il faut ramper à travers des broussailles'. » De même M. Guizot, ayant spécialement en vue l'Esprit des Loix, « Un grand nombre d'écrivains, et des plus érudits, sur» tout dans les deux derniers siècles, sont souvent tom>> bés dans cette erreur de prendre les documens et les témoignages historiques pêle-mêle, sans critique, sans » en examiner l'authenticité, sans en bien établir la date » et la valeur.... Delà néanmoins dépend toute la valeur » des résultats".

[ocr errors]

M. DE MABLY, « proximus, sed longo proximus inter

' 1. 1. V. p. 265.

• Histoire de la Civilisation en France (Brux. 1835), IV. p. 243. 3 Observations sur l'Histoire de France. Sur les bévues des historiens de la France, même les plus renommés, il y a des remarques frappantes dans les Lettres de M. Thierry (Paris, 1827). Il a raison de dire : « sans une vue ferme des premiers temps de notre »histoire, il est impossible de bien juger les événements posté>rieurs : :, p. 38.

"

"

vallo, a eu, de son temps, un grand nombre d'admirateurs. A une époque où l'on dédaignoit la science modeste, une manière tranchée et hautaine d'exprimer des idées jusqu'alors inouïes sembloit un gage de pénétration et un signe de talent. Nous nous bornons à transcrire l'opinion de Mr de Châteaubriand, pas trop exigeant, croyons nous, quant à la profondeur des recherches: « Ses observations > dit-il, « sont écrites d'un ton d'arrogance et de fatuité;... il a le désir de dire des choses immenses en quelques >> mots brefs; il y a peu de mots en effet et encore moins

D

[ocr errors][merged small][ocr errors]

Nous professons une haute admiration pour le rare génie de Mme DE STAEL; mais elle est un exemple de plus qu'en histoire le génie, sans de fortes études, est un don dan. gereux. On n'en bâtit que plus aisément des systèmes qui péchent par la base. Parcourez, dans les Considérations sur la Révolution, le chapitre sur l'Histoire de la France. Elle y cite avec approbation le passage d'un auteur renommé, M. de Boulainvilliers: « les Français étaient des peuples libres qui se choisissaient des Chefs sous le nom » de rois, pour exécuter des loix qu'eux mêmes avaient établies. Elle ne craint pas d'affirmer qu'il ne reste » aucune Ordonnance des deux premières races de la » monarchie qui ne soit caractérisée du consentement des assemblées générales des Champs de mars ou de mai. » Elle déclare, sans aucun scrupule, que « les Rois de France, depuis Saint-Louis jusqu'à Louis XI, ne se sont point arrogé le droit de faire des loix sans le consentement » des Etats-Généraux. En histoire cette femme illus

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Etudes Histor., I. 61.

[ocr errors]

«

« ÖncekiDevam »