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reçoit au dessous de celle qui donne, les Etats, la Nation, et quelquefois jusqu'au Souverain lui-même, surtout au milieu de l'agitation des crises politiques et sociales, se méprirent sur le véritable caractère de ces assemblées, sur l'origine de leur droit, sur sa nature, et sur ses limites. D'autres causes encore vinrent, au 14o et au 15° siècle, donner aux tendances républicaines de la force et de l'essor. L'organisation démocratique ou aristocratique des communes, faisoit confondre la nature de l'Etat avec celle de la cité. Le retour fréquent des guerres nationales et des troubles civils contraignoit le Souverain à recourir sans cesse à la libéralité des sujets. Les rapports avec l'Italie, morcelée en Républiques, dont quelques unes avoient atteint un haut degré de splendeur, généralisèrent les doctrines de Machiavel. L'usage de la langue Latine introduisit des locutions républicaines, pour désigner des institutions monarchiques. L'autorité du Droit Romain mê'oit aux souvenirs du Moyen-Age un autre ordre d'idées. L'enthousiasme pour les monuments impérissables du goût dans la littérature et dans les arts faisoit de la Grèce et de l'Italie une seconde patrie pour les savants; ils vivoient dans la Rome et dans l'Athènes des siècles passés; on désiroit imiter ces cités-modèles; les théories du Droit Public prirent l'organisation des communautés Grecques et Romaines pour base, et par là même devinrent hostiles aux Gouvernements et incompatibles avec la réalité'. Elles

Il y a beaucoup de vérité dans ce que dit M. VON HALLER : On ne peut se dissimuler que l'étude exclusive de la littérature romaine, l'usage de la langue latine généralement répandu parmi les savans, et un certain respect idolatre pour le droit romain » n'aient été la première et presqu'imperceptible cause qui fit mé

sinsinuèrent d'autant plus aisément qu'elles sembloient se prêter aussi bien aux exigences du pouvoir qu'à celles de la liberté. Les Jurisconsultes exploitèrent les souvenirs des Césars en faveur de l'autorité du Monarque. Ce fut un déplorable calcul et qui devoit aboutir à un résultat opposé. Tandis qu'ils s'imaginoient établir le pouvoir sur des fondements solides, ils en sapoient la base; car d'autres, s'appuyant sur les mêmes données, en tiroient des conséquences d'un genre tout différent. Oui, disoient-ils, le pouvoir des Empereurs ne connut pas de limites. Mais la situation de Rome alors, dans ces siècles de despotisme, étoit-elle un état normal? Au contraire; la liberté étoit anéantie, le droit du peuple méconnu, et les formes républicaines s'élevoient encore en témoignage contre l'usurpation d'une longue série de tyrans. Les adversaires de l'autorité monarchique, profitant ainsi des faux pas de leurs antagonistes, se gardèrent de nier l'identité du pouvoir Impérial et de la Royauté moderne; ils acceptèrent la comparaison; mais ce fut pour attaquer le pouvoir dans son origine. D'analogie en analogie, on en vint à considérer la Royauté comme une oppression permanente des libertés populaires; et dès que diverses circonstances amenèrent des collisions, des griefs, on se persuada aisément que les Rois étoient des les Rois étoient des tyrans, des magistrats rebelles, des mandataires infidèles et coupables, et que les Assemblées des Etats étoient les organes légitimes d'un peuple souverain.

connoître la différence essentielle entre les monarchies et les » républiques (entre les seigneuries et les communautés), et donner »l'idée d'un contrat social pour base à tous les empires: » Restauration de la science politique, I. 98.

Ainsi les Monarchies de l'Europe étoient essentiellement héréditaires et patrimoniales. L'autorité n'avoit, ni son origine, ni sa règle dans la volonté du peuple; mais, indivise et absolue, elle n'étoit cependant ni arbitraire, ni illimitée'; elle avoit pour loi suprême les préceptes de la justice et de l'équité et pour bornes les droits des vassaux et des sujets; par intérêt aussi bien que par devoir, elle tenoit compte des libertés et des privilèges des individus, des corporations, et des différents Ordres, des classes, des Etats de la Nation. Mais cette Constitution primitive étoit en effet fort dégénérée. Par les changements successifs des relations sociales, la plupart des institutions du Moyen Age avoient perdu leur signification et leur force. On avoit des formes surannées, sans esprit, sans vie; et le despotisme sembloit presque l'unique préservatif contre la dissolution. L'Angleterre étoit servilement soumise aux Tudor; la France avoit appris

Ne confondons pas l'autorité absolue avec ce que, de nos jours, on appelle communément absolutisme; c'est-à-dire, un pouvoir sans frein et sans limites. Dire que le pouvoir de nos Rois est absolu, c'est dire qu'il n'y a en France d'autre Souverain que le Roi: : » Moreau, Discours, I. p. 15. « Etre absolue, est la nature de toute espèce de Souveraineté, appartint-elle au peuple: > p. 2. « Ce n'est pas le pouvoir absolu qni caractérise le Despo>tisme, c'est son usage arbitraire, c'est l'absence des loix, c'est le mépris des formes, c'est la funeste habitude de substituer à l'au>>torité constante et à l'exercice uniforme de la règle, les volontés passagères et les caprices injustes du prince: » p. 13. « L'autorité >>royale est absolue. Pour rendre ce terme odieux et insupportable, plusieurs affectent de confondre le Gouvernement absolu et le Gouvernement arbitraire; mais il n'y a rien de plus distingué : » Bossuet, Politique tirée de l'Ecrit., IV. art. 1.

à fléchir sous la violence systématique et cruelle de Louis XI; l'Allemagne étoit livrée, sous des chefs foibles par position ou par caractère, aux maux de l'anarchie et aux tiraillements des partis; là aussi on sentoit le besoin d'un pouvoir plus concentré et plus ferme. L'organisation historique, faussée par des abus et des empiétements divers, étoit en outre sourdement minée par les progrès de l'esprit républicain, manifestes dans les délibérations des Assemblées, dans les tendances des événements politiques, et dans les écrits des savants. Il y a de la réalité et de la force dans une opinion même erronée. Elle tend à maîtriser, à transformer ce qui existe. Partout à cette époque il étoit aisé d'appercevoir les commencements ou les signes précurseurs de l'agitation, du désordre, d'un bouleversement universel. On vit alors une situation qui devoit se reproduire, avec des symptômes semblables, mais d'après des principes bien autrement anarchiques, deux siècles plus tard. Heureusement au seizième siècle, au lieu de l'esprit impie de la Révolution pour élargir l'abyme, on eut l'esprit Evangélique de la Réforme pour le fermer.

S II.

Principe et conséquences de la Réforme.

A l'entrée d'un Recueil consacré à l'histoire d'une Dynastie Réformée qui, dans un pays Réformé, se voua constamment au service de la Réforme, il est indispensable de caractériser la grande et sainte querelle qui,

durant 150 années, domina l'Histoire Moderne. Cette nécessité se fait doublement sentir à une époque où, d'un côté le Catholicisme Romain, et de l'autre un Protestantisme bâtard et incrédule s'efforcent, comme à l'envi, de dénaturer et de rendre méconnoissables les principaux traits de cette régénération Chrétienne et d'en faire un simple mouvement politique ou social.

C'est pourquoi nous résumerons brièvement ce qu'il y a de constaté touchant les motifs, la nature, le point de départ, la marche, et les résultats de la Réforme.

Ses motifs. Ce n'est pas surtout dans tel ou tel abus, c'est dans l'essence même du Papisme qu'on doit les chercher. La Réforme ne fut rendue inévitable, ni par le joug des cérémonies, ni par la corruption des moeurs, tant du Clergé que des laïques, ni par les prétentions de la hiérarchie, ni par les abominations des Couvents, ni par le culte des images, ni par la vente des indulgences, ni par le despotisme Papal, ni par les persécutions atroces contre ceux qu'on désignoit sous le nom d'hérétiques. Même sans commotion violente, il y eût eu moyen de s'entendre sur l'abolition d'horreurs et de scandales pareils. Beaucoup d'entre les Catholiques, sans vouloir toucher le moins du monde au dogme, déploroient ces énormités flagrantes; sentoient la nécessité et l'urgence d'un remède ; déclaroient hautement qu'il falloit rétablir la discipline, veiller sur les moeurs, mettre fin à un honteux trafic, donner une autorité plus efficace aux Conciles, ne plus chercher dans les supplices une garantie de la foi. Mais, en admettant la possibilité de ces améliorations réelles, qu'en fût-il résulté? On eût ébranché

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