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qu'on en vint à rien de décisif; en Angleterre, malgré des ferments de lutte, il règnoit une apparence de tranquillité. Il y eut pour ces Etats un intervalle de trente années, comme si l'Europe assistoit attentive au combat du Roi d'Espagne contre la Réforme.

Durant cette époque surtout, la question de conscience fut le principe des actions. En effet la religion non seulement se mêloit aux événemens, elle en détermina le cours, elle rendit la crise inévitable. C'est à tort que souvent on a donné à cette régénération Chrétienne d'une partie des Pays-Bas une couleur presqu'entièrement politique. Au commencement des troubles les fâcheux résultats de l'administration aristocratique des communes avoient en grande partie cessé, et si la même cause produisit sous les Stadhouders les mêmes et tristes effets, ce ne fut que lorsque déjà le ressort religieux, véritable mobile de la révolution, avoit perdu de son intensité. On méconnoit entièrement la grandeur de cette lutte, en la réduisant aux proportions mesquines des intérêts de faction. La liberté de servir Dieu selon sa conviction et d'après l'Evangile, le droit de se nourrir de Sa Parole, voilà ce qu'on défendit, d'abord, en obéissant au Souverain, sur

les bûchers; plus tard, en résistant à des ordres d'extermination, sur les champs de bataille. Voilà des droits que du côté des catholiques on croyoit ne pouvoir reconnoître, et que les Chrétiens protestants ne pouvoient abandonner. Voilà le motif perpétuel d'inimitié, qui mettoit un abyme entre les persécuteurs et les persécutés ; un motif sans lequel on eût aisément prévenu ces sanglantes disputes, et on n'eût certes pas eu besoin de quatrevingt années pour parvenir à une réconciliation.

Enfin on apprend ici à connoître de près un des personnages les plus remarquables des temps modernes, ce Guillaume Premier, objet de tant de reproches et de tant de panégyriques. On pourra se convaincre que si, dans les commencements de sa carrière politique, des vues ambitieuses ont eu de l'influence sur ses démarches, il n'eut jamais l'intention de préparer la révolte ou de sacrifier les peuples au profit de calculs égoistes; que plus tard, lorsqu'il comprit l'Evangile, il désira concilier ses devoirs envers Dieu avec l'obéissance au Souverain; et que chacune des résolutions extrêmes à laquelle il dût successivement se porter, n'offrant aucune chance de réussite, eût été téméraire et même absurde, si elle n'avoit eu pour mobile le dévouement au de

voir et pour but le triomphe d'une cause dans laquelle on a pour auxiliaire le Tout-Puissant. Nos documents sont une Autobiographie de ce Prince, une vie qu'il a écrite sans le vouloir: mieux encore ; on ne lit pas la Vie du Prince; mais on peut

vivre avec lui.

Analysons encore notre Tome Premier; brièvement toutefois; d'autant plus que nous avons, dans nos Prolégomènes, donné une exposition détaillée de la situation religieuse et politique des divers Etats durant l'époque qui a précédé les Troubles dans les Pays-Bas.

Ce Tome s'étend de 1552 jusqu'à la fin de 1565.

Il commence par une vingtaine de Lettres, pour la plupart du Prince d'Orange à Anne d'Egmont, sa première épouse. Dans ces billets intimes, écrits d'un ton libre, tendre et enjoué, il est question d'événements très-remarquables, comme, par exemple, de la réaction en Allemagne qui força Charles-Quint à prendre la fuite; de l'invasion du Roi de France, qui prospère en toute chose qu'i commence » (p. 6); du Traité de Passau, par lequel la Maison de Nassau

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fut «si préjudiciablement reculée' » (p. 12); puis, en 1555, de l'abdication de Charles-Quint (p. 17); enfin, deux ans plus tard, de la campagne de 1557, qui, après la défaite de St. Quentin, fit trembler les François pour Paris, (p. 27). - Deux autres Lettres du Prince sont également fort curieuses; l'une à Emmanuel-Philibert, Duc de Savoie, GouverneurGénéral des Pays-Bas, sur un refus de subsides, à Bois-le-Duc, par les Nobles et les Ecclésiastiques, qui cependant << sont les plus riches et auroient plus à >> perdre, si un inconvénient venoit en ce païs, faute d'argent» (L. 19a); la seconde au Roi sur les bonnes dispositions de l'Empereur Ferdinand (L. 22a). En outre l'on trouvera plusieurs détails sur les honneurs et les grâces dont le Prince fut l'objet de la part de Charles-Quint et de Philippe II, et sur ses voyages en Allemagne.

Mais c'est surtout en 1559, lors du départ du Roi pour l'Espagne, que commence, dans une suite de documents authentiques et confidentiels, le récit circonstancié de ces années, qui furent comme le prélude de la Révolution des Pays-Bas.

Il y auroit trop à dire, si nous voulions indiquer

Il y a nous fumes si pr. recoullés; mais on a cru pouvoir dans cet Aperçu modifier plus ou moins l'orthographe, pour faciliter l'intelligence aux lecteurs,

les passages dont l'ensemble forme, selon nous, un tableau animé et complet de ce remarquable épisode. Au reste nous avons essayé ailleurs (p 166*, sqq.) de reproduire les traits et la physionomie des principaux personnages, dépeints d'après les pièces de notre Recueil. Peut-être sera-t-on surpris d'apprendre que Philippe II ne semble pas avoir été cruel par caractère; que Granvelle ne fut pas un courtisan lâche et perfide; qu'on doit des éloges à ses talents, à sa constance, et même à sa magnanimité; enfin (car nous avons pris à tâche de dire toute la vérité) que le Prince d'Orange n'étoit pas encore animé de ces sentiments purs et sublimes, qui plus tard devoient être le fruit de ses convictions Evangéliques.

Les six années de 1559 à 1565 se partagent en trois phases, environ d'égale durée. — La première, Jusqu'en décembre 1561 (p. 33-122): on se plaint; partout se montre du mécontentement, de la fermentation, qui fait de rapides progrès. La seconde, jusqu'en mars 1564 (p. 122-219): la Noblesse, qui, sous le Prince d'Orange, forme, pour ainsi dire, l'avantgarde de la Nation, se ligue contre Granvelle et réussit à lui faire quitter le pays. La troisième, jusqu'en décembre 1565 (p. 219–

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