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448): le Prince tend vers une espèce de suprématie et le Roi paroît céder; mais cette illusion est bientôt dissipée par des ordres sévères et formels, dont le désordre et une résistance violente furent les résultats. On voit donc ici la naissance, la lutte, et le court et dangereux triomphe d'une opposition qui, en désapprouvant les cruautés des Papistes, avoit alors pour but principal l'extension des libertés et des privilèges nationaux.

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les reli

Le départ du Roi, dans les circonstances où se trouvoient les Pays-Bas, devoit rendre une crise presqu'inévitable. Deux Mémoires de Granvelle (p. 37-39 et p. 71-77) renferment de très-justes observations à cet égard. Il y fait remarquer les suites désastrenses d'une a guerre continuelle de »> neuf ans, aux frays la pluspart du pays; >>ques de la licence que l'on y prend facilement, » le changement du père au fils » (p. 73), « l'autorité » de la justice fort abolie par les guerres,... les Sei» gneurs voulant être adorés pour Roys, tenans >> estats grands hors de mesure » (p. 37). · (p. 37). En effet l'agitation intérieure succédant, comme d'ordinaire, aux agitations des batailles; le désordre des finances épuisées par les nécessités de la lutte; les exigences

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des Communes dans un pays où elles avoient fait valoir jadis des prétentions démesurées ; les embarras d'une Noblesse nombreuse qui, subitement privée des distractions et des bénéfices que lui offroit la carrière des armes, ne pouvoit-être satisfaite, parcequ'elle ne mettoit des bornes, ni à l'arrogance de ses desseins, ni à l'orgueil de ses souvenirs; les préventions nationales contre un Souverain né hors du pays et appartenant à un peuple objet de jalousie et de haine; enfin, plus que tout le reste, des opinions religieuses, tendant, selon l'opinion de leurs adversaires, à faire crouler l'édifice social, c'étoit assez sans doute pour faire naître de grandes difficultés.

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Le Roi vouloit l'extirpation du Protestantisme et le maintien, en leur entier, des droits du Souverain. Le Prince d'Orange désiroit la liberté de conscience et redoutoit l'influence des Espagnols; il se proposoit donc de faire modifier les Placards et d'assurer insensiblement aux Etats une plus large mesure de pouvoir. Bien qu'en apparence d'autres questions vinssent en première ligne, en réalité dès les commencements la lutte s'engagea sur ce terrain.

D'abord les choses allèrent mieux que Granvelle

ne s'en étoit flatté. Le Prince d'Orange et le Comte d'Egmont, sans contredit les deux principaux personnages du pays, se distinguoient au Conseil d'Etat par leur zèle et leur bonne volonté. Mais ces beaux semblants d'accord ne pouvoient être de longue durée : ils devoient s'évanouir à la première occa

sion.

Elle ne tarda point. La susceptibilité nationale, les dissensions religieuses, et les préventions contre le Roi donnèrent naissance à deux griefs.

Le premier étoit le séjour prolongé de quelques milliers de soldats Espagnols. Le mécontentement fut vif et universel. Granvelle fut mis en cause, quoiqu'il n'eut aucune part à cette affaire et que, déjà en octobre 1560, il eut écrit au Roi « « qu'il » n'y avoit pas moyen de différer le départ de ces » troupes, sans exposer l'Etat à une révolte subite »> (p. 61).

Le second fut l'augmentation du nombre des Evêchés (p. 55, sq.). Cette mesure, par laquelle de nombreux intérêts alloient être lésés, fit jeter les hauts cris. On l'attribua de rechef à Granvelle, bien qu'elle eut été prise à son insu, et que déjà en septembre 1561 il s'écrioit: « par suite de cette affaire » des Eglises, tout va ici en confusion... Nous nous

» voyons en un désordre extrême et l'autorité du Roi en pâtit grandement. Plût à Dieu que jamais »-on n'eût songé à la chose; amen, amen!» (p. 117).

En outre deux événements en venimèrent les гарports entre Granvelle et la Noblesse. Le mariage du Prince avec Anne de Saxe, protestante et dont le père Maurice avoit humilié Charles-Quint ; union que Granvelle désapprouvoit vivement: puis la promotion de celui-ci au Cardinalat, faveur dangereuse, dans laquelle on crut voir une récompense de ses intentions et de ses desseins encore cachés, et un encouragement à la destruction des hérétiques..

Ainsi tout contribuoit à donner un but à la marche jusqu'alors vague et incertaine de l'opposition.. Dans le Cardinal de Granvelle sembloient, d'après les préventions de ses antagonistes, se personnifier l'influence Espagnole, les atrocités de l'inquisition, et l'arbitraire royal. Il devint l'objet de tous les reproches et de toutes les haines; le point de mire de toutes les attaques. De cette manière fut amenée la seconde phase, qui se résume dans une lutte persévérante contre le Cardinal.

La résistance aux volontés bien connues du Souverain commence à se prononcer plus ouvertement..

Le Prince d'Orange et les siens demandent la réunion des Etats - Généraux; obtiennent une assemblée des Chevaliers de la Toison d'Or; font députer le Seigneur de Montigny en Espagne (p. 135, sqq.), enfin se liguent contre Granvelle, auquel ils n'épargnent pas l'insulte et le dénigrement. «Je >>parle de leur Ligue,» écrit celui-ci, «vû qu'eux>> mêmes s'expriment ainsi et ne se servent pas d'au>>tre terme; quoique j'aye dit à quelques uns com» bien il est mal sonnant que les sujets d'un Prince » Souverain traitent de ligue sans la volonté ou le » consentement de leur Seigneur, et bien que dans » d'autres temps on ait ordonné, pour des causes >> moins graves, aux Officiers de Justice d'instruire »un procès» (p. 151).

L'effervescence augmente; d'autant plus qu'un grand nombre de Catholiques Romains, ayant besoin d'appui contre les desseins du Roi d'Espagne, ne voyoient plus de si mauvais oeil les progrès de la Réforme. Déjà il y avoit des prêches à Valenciennes et à Tournai (p. 126); déja le bruit se répandoit et trouvoit créance que, si le Roi agissoit dans l'affaire des Evêchés contre les Priviléges du Brabant, on choisiroit pour Seigneur un autre Prince du sang (p. 128). Déjà les Princes Allemands se tenoient

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