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assurés que si, faisant une invasion dans le Brabant, ils garantissoient la liberté et la religion à tous, ils ne « rencontreroient que peu de résistance » (p. 156). -La cause de cette situation menaçante étoit, au dire des Seigneurs, le mauvais Gouvernement du Cardinal, tout puissant sur l'esprit de la Duchesse. Ils se plaignent qu'on « les traicte en facquins, qu'on leur propose au Conseil choses que »> ne vaillent la peine, faisant à part l'important » avec Madame, et disposant sans eulx des abbayes » et offices de leur Gouvernement » (p. 289). Ils s'adressent au Roi pour demander le renvoi du Cardinal.

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Le Roi répond qu'il n'a pas coutume de renvoyer sur une simple accusation un fidèle ministre; il demande des renseignements plus positifs. Il est difficile de désapprouver ici Philippe: toutefois le Comte Louis de Nassau écrit : « C'est une triste et » froide réponse; elle est de la fabrique du Cardinal; » c'est une chose déplorable quand les Seigneurs se » laissent gouverner par une seule personne ; j'espère que son autorité ne sera pas de longue » durée » (p. 164).

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Les Seigneurs répliquent : ils refusent de prendre part aux délibérations du Conseil d'Etat ; la position

à leur avis, est presque désespérée; eux du moins ne voyent de remède que dans la convocation des Etats-Généraux (p. 168).

L'aigreur augmente de jour en jour. Chaque mesure, chaque évènement devient une source de défiance, de reproches, d'inimitié; tout ce qui se rapporte à la religion surtout, vû l'incompatibilité complète, en cette matière, entre les opinions et les desseins des différents partis. En effet plusieurs, pcu contents des peines cruelles incessamment appliquées aux hérétiques, vouloient une plus grande sévérité. L'Archevêque de Cambrai, après l'entrée de troupes à Valenciennes, écrit : « ne fust >>> qu'on dict que nous aultres de la profession ecclé» siasticque crions tousjours le sang, je dirois que, » puisque l'on est à ceste heure à la besongne, il » fauldrat pousser vivement oultre et s'atacher aulx principaulx, sans avoir regart s'ils sont pouvres » ou riches, ny mesmes que par là la ville pourroit » venir en décadence » (p. 180). D'autre part on s'indignoit de la continuation des supplices; on y voyoit un acheminement à l'Inquisition d'Espagne et à la domination des Espagnols.

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La présence du Cardinal étoit devenue insupprotable et toutefois le Roi, lui rendant justice, ne

la

vouloit point ordonner son départ. Vers la fin de 1563, l'on écrit d'Espagne : « les choses dans les Pays» Bas vont de mal en pis; il est à craindre que, >> discorde s'enflammant, le feu ne fasse enfin érup>>tion violente et ne s'étende au loin, ne pouvant » presque être éteint sans beaucoup de peine et de danger... Je voudrois que le Cardinal s'éloignât » pour quelque temps; on le redemanderoit bientôt » à grands cris... Mais il y a le point d'honneur, et puis sa M. ne le veut en aucune façon et n'entend » pas que ses sujets lui fassent la loi » (p. 190, sqq).

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Granvelle s'éloigna spontanément (p. 219, sqq). Il fit un voyage en Bourgogne, dans l'intention de revenir bientôt; il ne revint jamais.

Ici commence la dernière phase; celle du triomphe des Seigneurs.

Vainqueurs, ils se hâtent de prendre possession du champ de bataille: « ils ne faillent point se » trouver à tous Consaulx d'Estat et quasi tous les » matins se réprésenter en Court vers son Alt. et luy parler des affaires » (p. 242).

Leur gain de cause est complet. Le Sécretaire de

la Duchesse, Armenteros, devient un intermédiaire très-utile entr'eux et la Gouvernante: « il est de >> tout à leur dévotion » (p. 242); et eux par contre » le cajolent fort» (p. 250) « et lui font la Cour >> (p. 267); son influence augmente, par leur protection et par son astuce. « Viglius n'est plus appelé » chez elle qu'en présence d'Armenteros, qui y entre>> vient aussy, quand il y a quelque chose d'office ou » bénéfice à consulter » (p. 275). « Il gouverne tout » (p. 317); « Il a tel crédit auprès de son Alt. qu'il » semble qu'elle ne face rien sinon par luy » (p. 330); << il commande absolument à droit et à tort, et » exerce un empire absolu sur la Duchesse » (p. 425). En même temps il est le confident des Seigneurs. «Toujours Armenteros est assistant... et tiens » que le tout se faict ainsi, pour montrer aux Seig»neurs qu'elle ne traicte plus riens avec moy à leur » desceu » (p. 291). << Ne lui sçauroys rien dire que >>> incontinent elle ne le relate à Armenteros, et que » ces Seigneurs sont advertiz» (p. 330).

La Duchesse elle-même ne s'oppose en rien à leurs désirs. Eux et elle se montrent des égards réciproques: « on voit son inclination pour en tout leur » complaire » (p. 257). Ils s'efforcent « de luy com» plaire et elle à leur correspondre » (p. 263). « Ma

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>> dame leur rit et les caresse » (p. 267). « Elle s'est » rangée du tout d'aultre costel » (p. 269). Elle suit leur avis, jusque dans les choses les plus importantes et que Granvelle estimoit les plus dangereuses: <«< elle » est délibéré de suyvre l'opinion des Seigneurs et essayer la voye de la communication générale des » Estatz » (p. 273). Loin d'appuyer les nouveaux Evêques, « quant l'on parle des Eveschiés et » unions, elle dit que l'on debvroit vouloir, pour quelques milions d'or, que oncques n'en fût esté parlé, et qu'elle en donneroit de son sang » (p. 317). « Les Seigneurs ont tout crédit vers elle »> (p. 275). Elle s'est du tout adonée à eulx » (p. 330). « Madame agit en beaucoup de circonstances >> d'une manière entièrement opposée, comme elle » le sait très-bien, aux volontés du Roi » (p. 377).

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Ce changement subit paroit avoir été sincère. Marguerite agissoit ainsi par crainte, par inclination, par calcul.

Par crainte. On écrit confidentiellement à Granvelle: «les Seigneurs font trouver mauvais tout ce >> qui a été fait de vostre tems, de quoy la Dame n'en »sait que dire ni contredire de crainte » (p. 254). << Sans point de doubte, si son Alt. change, elle

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