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» seroit ingratte, mais que pourroit-elle faire, femme >> seule comme elle est, contre ces Seigneurs, sinon » de se joindre à eulx, et croire ce qu'ilz persuadent, » et faire ce qu'ilz voudront? » (p. 301).

Par inclination. D'abord les Seigneurs affectoient de la consulter; elle n'étoit pas insensible à cette jouissance d'amour-propre (p. 257). Ensuite, elle croyoit peut-être à la durée d'un repos momentané. Il paroît même qu'elle en vint à s'imaginer que la résistance de Granvelle avoit été la véritable cause des embarras; oubliant que, si le pilote est soulagé lorsqu'il abandonne le navire au courant, ce n'est pas le moven d'éviter les récifs. On écrit au Cardinal: « Il samble à son Altesse, qu'elle est à plus >> grand repos» (p. 263). « Elle se laisse persuader >>que ce qu'elle est démourée les années passées en >>> ceste estroictesse et paine, procède de ceste vostre >> opinion contraire à la communication générale des »>Estatz» (p. 273). Viglius ajoute un autre motif moins honorable : « Ce qu'elle se ressent le plus con>>tre vostre Seigneurie et contre moy, est que l'a»>vons si longuement gardé de faire son prouffit, qu'elle fait maintenant des offices et bénéfices et » aultres grâces » (p. 406). Aussi étoit-elle bien éloignée de regretter le Cardinal: déjà en juin l'on écrit:

<< son Altèse ne me parle plus de vostre Seigneurie » (p. 266).

Enfin la Gouvernante favorisoit les Seigneurs par calcul. Elle croyoit les gagner par sa complaisance, et pouvoir s'entendre avec eux sur les véritables intérêts du pays. Car au fond elle méritoit sans doute encore le témoignage que Granvelle lui avoit donné précédemment : « Madame sent le péril dans » lequel les affaires de v. M. pourroient tomber, plus

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qu'on ne sauroit l'imaginer, et elle mourroit à >> l'idée que durant son administration il pourroit >> survenir quelque chose de mal » (p. 126).

On parloit encore de la résistance des Cardinalistes. C'étoit une véritable dérision. Leur impuissance étoit manifeste: ils étoient soumis au bon-plaisir des vainqueurs. « Aulcuns parlent de déchasser >> tous qui sont Cardinalistes » (p. 243); le Duc 'd'Aremberg est mis de côté (p. 267); « Madame n'appelle jamais Berlaymont, ne luy parle et à >> peine le daigne regarder, le léssant découvert » (p. 372). On n'a qu'à parcourir les Lettres de Viglius, dans notre Recueil, pour se convaincre qu'il n'avoit plus le moindre crédit, qu'il étoit découragé, désesperé. Si le Cardinal se hasardoit à retour

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ner,« il n'y a personne d'authorité qui oseroit lever » la teste, quant bien l'on vouldroit machiner aul>>> cune chose sinistre contre sa Seigneurie.» (p. 300).

Les Seigneurs prenoient le ton fort haut. Ils condamnoient tout ce qui avoit été fait sans eux. Le Comte d'Egmont poussoit l'insolence jusqu'à venir diner chez la Duchesse avec les signes distinctifs de la Ligue contre le Cardinal « portant une cabotte à >> leur mode..., garnie de boutons d'argent avec >> flesches » (p. 263). Et une autre fois « il s'est avan» cé post pocula dire à Hopperus que ce n'estoit point » à Granvelle que l'on en vouloit, mais au Roy, qui >> administre très-mal le public, et mesme ce de la Religion, comme l'on luy at assez adverty» (p. 247). Ils anéantissoient le pouvoir de la Gouvernante,

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soit

par leur prépondérance au Conseil d'Etat, soit par l'autorité que s'arrogeoient les Gouverneurs Provinciaux. « L'auctorité des Gouverneurs, par la » connivence de son Alt., s'accroist tant que chascun >> cherche de leur complaire, ou de moins non désplaire» (p. 319). « On luy a lié les mains aux affai>> res d'estat, commandement sur les gens de guer>>re et à celuy qu'elle, comme Goubvernante géné>> rale, doibt avoir et eust deu retenir en tous les >> aultres goub vernements particuliers » (p. 404).

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Leur intention étoit de forcer la main au Roi en s'appuyant sur la nation; c'est pourquoi ils revenoient sans cesse à la charge, afin d'obtenir la réunion des Etats-Généraux (p. 267). « La nécessité de >> deniers sert de tortionaire pour y consentir » (p. 269). «Oranges et Berges disent qu'il n'y a » moyen quelconque pour l'entreténement des gar>> nisons ni aultres services, si non avec les Etats» Généraulx l'on advise quelques moyens généraulx (p. 292).

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La persécution des Protestants leur sembloit devoir prendre fin, pour plusieurs motifs. Ils désiroient introduire la liberté de conscience: « le cop>>> per tant de testes n'a profité rien et il faut prendre » un autre chemin » (p. 271).

L'administration, sous leur influence, ne fut pas un modèle d'ordre et de régularité. Au contraire, on vit se multiplier rapidement toute espèce d'abus. «Par lotheries, vendition des offices, avanchement » aux abbayes, mediantibus illis, et aultres plusieurs » choses, l'on se haste de faire tost sa main » (p. 265). << Tout est vénal et le Roi frustré de ses droits dans >> une foule de choses » (p. 406). « Les offices et es>> tatz se donnent tous à plus offrantz » (p. 405).

Aussi Viglius écrit-il à Granvelle en juin 1564:

«<le profit que reçoit ce pays de l'absence de vostre >>> Seigneurie se verra cy-après, je n'en ay encores veu »> nul » (p. 263).

On n'accordoit les aides qu'avec la plus grande difficulté (p. 326).

L'affaire de la Religion devenoit de plus en plus inquiétante. «< On tient librement partout des propos, » >> les ungs pour modérer les placcards, les aultres » pour laisser les consciences libres » (p. 286); « la >> chose va si avant que peu d'officiers facent plus leur » debvoir, et encoirres moings ceulx des lois et juges>> (p. 287). « Les députés des quatre membres de Flan» dres ont donné une requeste fort générale, pour quasi du tout anéantir l'inquisition et jurisdiction >>> ecclésiastique » (p. 321). « L'on mest en doubte si, » avec les restrictions avisées, l'on donnera conten>>tement au peuple » (p. 321). « Molinéus tient desjà » pour résolu qu'on ne doibve plus empêcher le » mariage des prestres, ni la commúnion sub utrá» que specie, et tiennent aucuns des Seigneurs tels » propos d'abolir l'inquisition et de non plus se in>> former des consciences des gens » (p. 336).

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Déjà l'on commençoit à craindre un soulèvement général. « Les affaires, et signament de la Religion, >> vont journellement de mal en pis, et se perd gran

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