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>> dement l'auctorité de sa M., laquelle l'on redressera difficilement » (p. 330). On redoute une rebellion à Anvers et «que les aultres villes des Pays-Bas... se join» droyent et se feroyent villes impériales » (p. 333). << Pour la dissension qui est en la Religion par deçà, » l'on ne se peut plus fier aux subjectz » (p. 336). On avertissoit le Prince d'Orange que « les huguenods >>... tâcheront à quelque révolte ou émotion au Pays>> Bas, et la Reyne d'Angleterre aide ce qu'elle peult, » de manière qu'il fault bien estre sur sa garde >> (p. 315).

La Duchesse voyoit ses belles espérances s'évanouir. Elle ne pouvoit céder encore, sans compromettre évidemment les intérêts du pouvoir royal. Cependant le Peuple et les Seigneurs étoient loin d'être satisfaits. En pareilles circonstances, et lorsqu'on a beaucoup obtenu, le moindre refus irrite. Ils imputoient la situation déplorable des affaires à l'influence secrète du Cardinal, dont l'influence étoit nulle; à la résistance de la Duchesse, qui, durant un an, n'avoit fait que céder; aux bornes trop étroites de leur pouvoir, dont cependant ils avoient, sur plusieurs points, déjà franchi les limites. Selon eux, il falloit concentrer l'autorité dans le Conseil d'Elat; mais un pareil changement de rapports eut

abouti à l'omnipotence des Seigneurs, au détriment du Souverain. C'est ce qui est exprimé naïvement par Bréderode: « Je pensse » dit-il, « que le Roy se >> sera du tout résolu, remestant le tout et toutes les affayres à vos meyns de vous aultres » (p. 308). Obtenir cette modification essentielle du droit public, fut le but principal de la mission d'Egmont en 1565: : on vouloit «< aucuns moyens grands et nou» veaux » (p. 337).

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On anticipoit sur le consentement du Roi. Viglius écrit en juin : « l'on forge icy une nouvelle républi» que et Conseil d'Estat, lequel aura la souveraine superintendence de tous affaires. Je ne sçay com» ment cela pourra subsister avec le pouvoir et auc>> torité de Madame la Régente et si sa M. mesmes »> ne sera bridé par cela» (p. 378). Et environ un mois après: «l'on commence encheminer les af>> faires selon la nouvelle forme, que l'on tient sera >> bientost auctorisée par le Roy, et disent ces Seig>>neurs que, si sa M. ne la trouve bonne, qu'ilz sont » d'intention de se retirer de toute la maniance des » affaires » (p. 405).

L'autorité des Seigneurs n'amenoit pas la repression des abus. Il n'y avoit «aucun changement en la >>> conduite et insolences» (p. 394). La situation étoit

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telle que, même parmi les antagonistes du Cardinal, plusieurs soupiroient après son retour (p. 413). Viglius écrit en août : « Je crainds à la fin la confu>>sion et voys grandement péricliter la religion (p. 405). Granvelle en septembre: « Dieu doint' que >> trouble ou émotion n'advienne, soit du dehors » ou du dedans » (p. 424). Et en octobre l'on écrit de Bruxelles : «< si le Roi n'y met la main à bon escient❜, >>il en adviendra quelque émotion, le peuple étant >> si volontaire, la justice non révérée, la Duchesse >>peu aimée, et le bled si cher» (p. 425).

Le Roi y mit la main à bon escient: mais ce n'étoit plus en temps opportun. En temporisant, en biaisant, il avoit excité des espérances qu'il ne pouvoit réaliser. Maintenant tout à coup il vouloit faire plier tous les obstacles devant sa volonté. Ces ordres inattendus, dans la situation où se trouvoient les esprits, étoient presqu'une déclaration de guerre civile.

Si maintenant l'on se demande quelles furent les causes qui préparèrent la Révolution des Pays-Bas, on voit clairement que ce ne fut pas le despotisme du Roi. En effet pour peu qu'on se rappelle la na

I donne. 2 sérieusement.

ture du gouvernement monarchique et les rapports de l'Eglise et de l'Etat d'après le droit public à cette époque, il seroit mal aisé de dire en quoi, pendant ce temps, pour ainsi dire, préliminaire, ce despotisme, ce pouvoir illégitime ou cet abus de pouvoir, a consisté.

Nous avons suffisamment montré ailleurs (p. 149*, sqq. et 166*, sqq.) le peu de fondement de plusieurs griefs contre Philippe II; mais nous devons observer en outre que durant les années qui amenèrent la crise, on ne sauroit lui reprocher d'avoir été intraitable ou violent, mais bien plutôt d'avoir montré une condescendance, un laisser- aller, incompatibles avec la direction suprême réservée au Souverain.

Il retire les soldats Espagnols; il ne s'oppose pas à l'éloignement de Granvelle; il ne résiste pas aux empiétements des Seigneurs. C'étoit là une conduite très-conforme à son caractère indolent, foible, pusillanime. Viglius, en parlant des tentatives pour la réunion des Etats-Généraux, ajoute : « Je tiens que »sa M., espérant par ce moyen se déscharger, les lais» sera faire» (p. 269). Philippe persistoit à différer la solution des grandes difficultés, sans songer qu'après chaque délai elles reparoissent, et plus insolu

«

bles, et plus menaçantes. « Quant à nostre maistre, »> écrit M. de Chantonay, « tout vat de demain à de» main, et la principale résolution en telles choses est » de demeurer perpétuellement irrésolu » (p. 426). Et ailleurs: << le Roi s'occupe aussi peu de cette affaire » que si elle ne le regardoit point» (p. 377). Granvelle, dont on a supposé qu'il suivoit les avis, restoit << depuis un an sans nouvelles directes de sa M. >> (p. 392): en général le Roi n'écrivoit pas assez régulierement; << le mal est que les lectres d'Espaigne deb» vroient venir plus souvent et la correspondence de »ce coustel-là estre meilleur et continuelle » (p. 322): longtemps impatiemment attendus, ses ordres arrivoient enfin, mais le plus souvent trop tard pour être exécutés avec fruit, - Son impassibilité apparente étoit telle que plusieurs alloient jusqu'à se persuader qu'il approuvoit la conduite des Seigneurs. Viglius écrit: «< ne sçay si sa M. ne l'ayme pas mieulx » de le dissimuler; certes aucuns disent que sa M. >> tient pour bon ce que les Seigneurs se sont ainsi liguez, puisque c'est pour le bien du pays et pour >> son service» (p. 331): on répandoit même qu'il avoit porté les insignes de la Ligue : « de dire que le Roy ait trouvé bon la ligue, on se forcompte' et

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1 trompe.

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