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» beaulcoup plus disant que sa M. aye faict robe et >> la mesme parure et porté icelle à Madrid » (p.376). Le bruit étoit faux, mais quelle n'avoit pas dû être la foiblesse du Monarque, pour qu'un bruit pareil eut pu trouver quelque crédit!

Cette irrésolution habituelle explique pourquoi il n'est pas venu en personne dans les Pays-Bas. Tous ceux en qui il devoit avoir confiance, l'y exhortoient, l'en supplioient. « Berlaymont regrette fort »qu'il y a encoires si peu d'apparence de la venue du >> Roy» (p. 267): Viglius écrit que, « si sa M. venoit, » sa présence pourroit obvier aulx dangers qu'on >> craint de la communication' des Estats» (p. 274) «sans la briefve venue de sa M., nous allons icy le

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grand galop » (p. 323): le Cardinal écrit qu'il insiste là dessus depuis trois ans. «< S'il vient, tout est enco>> res rémédiable, et sans grande aigreur; car venant, >> chascun chercheroit de faire du bon valet et luy >> complaire, et à peu de chose l'on pourroit remettre » le tout en fort bon chemin » (p. 325): Le Roi, » dit M. de Chantonay, « ne cherche qu'à emmieller les Seigneurs, pour éviter de venir en Flandres » 426).

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Ce ne fut donc nullement par du despotisme,

I réunion.

mais par un manque complet de vigueur et de résolution, que le Roi contribua, pour sa part, à la crise des Pays-Bas.

Quant au Prince d'Orange, nous ne prétendons pas qu'à cette époque, ses motifs ayent été tous également louables et ses moyens tous également légitimes. Longtemps après, Granvelle rappelant les souvenirs de ces années, dit : « le Prince et aul>> tres de sa suyte troubloient les affaires » (VIII. p. 97). « Je impute principallement le mal au Prince » d'Orange, et à ses conseilliers héréticques, et aux » abbez de Brabant, et aultres qui... luy ont donné >> tant d'auctorité qu'ilz s'en treuvent oppressez; et >> combien de fois leur ay-je dit qu'ilz nourrissoient >> en leur seing le serpent qui leur rongeroit le >> cueur »>> (VI. p. 412). Sans vouloir ratifier ce jugement qui respire une violente inimitié, nous conviendrons aisément qu'il y eut différence et même contraste entre la conduite du Prince, avant et après qu'il eut appris à connoître l'influence régénératrice de la vérité qui est en Christ.

Il y avoit des causes plus profondes qui rendoient une révolution, si non inévitable, du moins fort difficile à éviter.

D'abord, les antipathies nationales entre les Espagnols et les habitants des Pays-Bas. Peut-être Philippe Il ne savoit-il pas suffisamment dissimuler sa prédilection pour ses compatriotes. On disoit : >> rien ne touche le Roi que l'Espagne » (p. 325). « On >> fait sy très-peu de cas et d'estime de ceux de »> nostre nation en Espaigne qu'il n'est point à dire >> (p. 347). « Je me doubte que, si le Roy ne vient en >> ceste prochaine arrière-saison, que Messieurs les >> Espagnolz en seront la cause, lesquelz pencent que » de Castille le Roy peult gouverner tout le monde >> avec un baston» (p. 283). Même avec plus d'habileté de la part de Philippe, la jalousie réciproque de ses sujets eût été une source perpétuelle des plus grands dangers.

En second lieu, les tendances républicaines devoient tôt ou tard conduire à un changement notable dans les principes constitutifs de l'Etat. Déjà ce Tome en contient des preuves manifestes. Le Conseil d'Etat, modifié conformément au désir des Seigneurs, eût été une nouvelle forme de république. « Les Estatz » de Brabant voulloient tout faire et tenir le Roi sub»ject » (p. 267). Et sans doute plusieurs songeoient aux Etats-Généraux « ayant pleine puissance» (II. p. 37); c'est-à-dire, à un gouvernement qui, sous un

nom monarchique, eût été de fait républicain. Mais la cause principale fut l'intolérance du Papisme.

La Réforme, bien qu'elle sembla longtemps être sur l'arrière-plan, acquit bientôt une influence décisive sur la marche des événements politiques. Peu

à

peu toutes les autres questions gouvernementales s'effacèrent devant le problême de l'existence simultanée du culte Evangélique et du culte Catholique-Romain. En 1564, Schwendy écrit : « peu à peu nous ver>> rons vers où les choses de la Religion se destour>> neront et inclineront, et s'il y aura espoir de quel» que rétablissement de l'estat ancien, ou si le chan»gement veult par force gaigner le dessus, comme >> il est fort apparent; et selon cela les Princes et Roys, vouldront ou non vouldront, s'auront à la >> longue à gouverner» (p. 314). Cette grande question devoit amener des difficultés doublement insurmontables dans les Pays-Bas, parceque Philippe II, vacillant en tout autre article, étoit inébranlable sur ce point; et parcequ'aux yeux de plusieurs, la persécution religieuse pouvoit aisémeut servir de à l'asservissement de la nation.

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moyen

Admirons dans la complication de ces causes di

verses les voies de l'Eternel. Les Chrétiens des PaysBas, par eux-mêmes, n'eussent guères résisté longtemps à Philippe; mais Dieu leur suscitoit des alliés jusques parmi leurs antagonistes. Ceux-ci se défioient du Roi, des Espagnols, de la trop grande extension du pouvoir royal: dès lors le zèle persécuteurqui, en d'autres circonstances, eût obtenu l'assentiment et le concours de la plupart des Catholiques, leur déplut, leur inspira des craintes pour leurs privilèges et pour leurs libertés, les força de la sorte à prendre le parti de leurs compatriotes, les fit devenir presque les protecteurs de la Réforme, en identifiant la cause des confesseurs de l'Evangile avec les intérêts les plus chers de la nation. Ainsi se réalisoit dans les années qui précédèrent la crise d'où surgit la République, cette sublime et consolante promesse que toutes choses doivent concourir en bien à ceux qui, par une foi humble et sincère, appartiennent au Seigneur.

+ Les Lettres sont de trois espèces: a, autographes; b, signées; c, copiées par des secrétaires et équivalant donc presque à des origi

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