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quelque main que cela puisse être, je ne puis laisser de supplier encore v. M. qu'elle veuille garder pour elle-mème ce que j'ai écrit.

Mais pour ce qui regarde nos affaires domestiques, il y a plus à craindre, par ce que, comme j'ai écrit à v. M., il y a quelques jours, je ne vois pas la même volonté en ce de la religion, que l'on écrivit à v. M. qu'ils avoient quand ils la montroient bonne (je parle de quelques uns); au contraire je sais que (au lieu de remercier Montigny) Aremberg, Megen, et d'autres ici se sont moqués de lui, lui disant qu'il avoit gagné toute faveur par ce qu'il avoit fait à Tournai, mais qu'ils savoient très-bien le chemin pour l'acquérir d'où il l'avoit acquise, puis-qu'il n'étoit besoin que de brûler (avec ou sans motif) une couple d'hommes: quoiqu'il n'y ait pas tant de sa faute qu'ils le prétendent; car, si les Conseillers Assonleville et Blaser ne s'y étoient pas entremis, il ne se fût pas fait plus à Tournai qu'à Valenciennes. Et je vois que les affaires de France et les nouvelles qui chaque jour viennent de là, tous ne les prennent pas, comme des choses de cette importance devroient se prendre. Et plût à Dieu que quelques uns ne fussent point à l'affût, espérant le succès. La réunion qu'ils ont tous eue à Maestricht, sous prétexte d'aller voir le Comte de Schwartzbourg, ne me contente point, et je crains que des voyages qu'ils ont fait en Allemagne on n'ait pas retiré beaucoup de fruit pour la conscience; et pour ceux qui y ont accompagné, ce n'a pas été un bon exemple de voir avec quelles cérémonies les épousailles se sont faites, ni la conversation; et me paroit peu à propos la réunion qu'ils vont de nouveau faire à [Anvers], sous prétexte des nôces du Comte de Mansfeldt et de celle de Lalain; et il semble qu'on eût pu se dispenser de tant de fêtes, puisque c'est un mariage de veufs et que tous deux ont des enfants, et à l'âge qu'ils ont: pourquoi j'ai d'autant plus d'ombrage d'une aussi nombreuse compagnie qui y vient; vû que cette réunion semble avoir lieu tout exprès et être peu convenable en cette saison. Plût-à-Dieu qu'il en arrive mieux; je tâcherai du moins, autant que possible, qu'il y ait des gens qui fassent de bons offices et qui observent ce qui se fait. Du Prince je ne saurois dire qu'il est gâté dans la religion, n'ayant rien entendu sur quoi je pourrois fonder une telle opinion, mais je ne vois et n'apperçois pas qu'on instruit son épouse dans la foi; et ses frères et soeurs qui vivent dans

sa maison, et quelques frères du Comte de Schwartzbourg, qui sont là presque toujours, sont les mêmes que de coutume: et je crains fort une telle conversation; et aussi quelques uns m'ont dit, et je ne sais s'il changera d'opinion, que le dit Prince a dessein d'envoyer son frère, le Comte Louis, en Bourgogne, afin de tâcher qu'il ait la charge du gouvernement pour lui dans cet Etat, excluant M. de Vergy, et cela avec intelligence et pratique de M. Dessey, bien que cela me semble peu probable.

p. 137. l. 13. ... Quand au ressentiment que le Prince d'Orange montre de ce que je lui ai écrit que, s'il veut, il pourra faire beaucoup dans cette affaire des Evêchés de Brabant, cela est aussi peu raisonnable que de vous en attribuer par fois la faute, et ce qu'il devroit ressentir, c'est qu'il ne fait pas en cela ce qu'il pourroit et devroit, ayant les obligations qu'il a, et vous faites très-bien de m'informer de tout ce qui se présente. Et puisque cela vient à propos, je me suis réjoui d'apprendre qu'il est bien quant à la religion, et qu'on n'entend autre chose de lui, mais j'ai beaucoup ressenti qu'on ne se donne aucune peine pour instruire sa femme, et qu'au contraire elle a des compagnons qui ne peuvent laisser de lui faire beaucoup de mal. J'aurois une bonne occasion d'écrire au Prince là-dessus, à cause de ce qui s'est passé avant son mariage et depuis ; mais je n'ai pas voulu le faire, sans savoir votre opinion comment et de quelle manière il faudroit écrire, et si cela pourroit avoir des inconvénients. Il sera bien que vous me donniez avis là-dessus, à la première occasion.

Quant à ce qu'il pense envoyer son frère Louis en Bourgogne, pour le mettre à la place de Vergy, je ne sais pas s'il aura la hardiesse de le faire à mon insu; et aussi je ne crois pas qu'il le fera; mais, s'il l'essayoit, on ne doit y consentir en aucune manière, et aussi vous direz à la Duchesse ma soeur qu'on soit là-dessus sur ses gardes, à cause des inconvénients qui pourroient en résulter pour mon service, et spécialement sur le point de la religion.

p. 151. 1. 20. ...Je dis leur ligue, parcequ'eux aussi le disent, et ne se servent pas d'autre terme, quoique à quelques uns j'ai dit, afin que cela vint à leurs oreilles et qu'ils apprissent cette opinion, combien il étoit mal sonnant que les vassaux d'un Prince Souverain traitassent de ligue sans la volonté et le consentement de leur Seigneur, et que

dans d'autres temps, on avoit, pour des motifs de moindre conséquence, ordonné au Fiscal de commencer un procès; et, comme je vois que cela n'a point aidé pour qu'ils ne fissent plus usage de la même expression, je n'en parle plus; pour au moins, vû que je ne profite rien, ne pas les offenser.

Quant à Erasso, je soupçonne qu'il ne se conduit pas bien envers moi, et je sais qu'il a des intelligences avec M. d'Egmont et d'autres ici; je ne sais pas s'il en a avec Renard; et ces choses eussent pu servir pour ôter à M. d'Egmont ce qu'il peut avoir d'opinions non convenables, et le confirmer encore plus en ce qui convient au service de v. M.; tout seroit fort bien et j'espérerois beaucoup de lui, et certes le dit d'Egmont est entre ces (je ne sais si je dois dire) ligués le plus traitable et raisonnable, et la plus grande faute qu'il a, c'est qu'il se laisse conduire et persuader par des hommes vils, mais je me flatte qu'un jour il ouvrira les yeux et connoîtra combien importe le maintien de l'autorité de v. M., et il sera un des plus contraires à ceux qui s'élèvent contre elle.

J'avois pensé une chose, savoir que, comme l'on montre généralement ici si peu de satisfaction de tous ceux qui sont de la nation Espagnole dans ces Etats, ce qui paroit naître du soupçon qu'ils ont de ce qu'on a dessein de les soumettre aux Espagnols et de les réduire à la forme où se trouvent les provinces d'Italie qui sont sous la Couronne d'Espagne, ce que je ne sais quel mauvais esprit leur a mis en tête, il seroit bon de leur ôter cette mauvaise opinion et cette mauvaise volonté qu'ils ont envers la nation. Et je ne vois pas comment cela se peut mieux faire qu'en donnant à quelques uns d'entr'eux des intérêts en Espagne, avec dispense de la pragmatique, et donnant à quelques uns quelques Commanderies, afin que, à cause de l'intérêt qu'ils acquéroient par là, afin d'être aidés dans leurs affaires, ils fussent forcés de tenir le parti de la nation, et leurs parents et débiteurs seroient aussi gagnés par cette voie; et quand on donneroit à deux ou trois de ces Etats qui n'ont pas la Toison d'Or, à chacun une Commanderie, il en résulteroit aussi que 25 autres vivroient dans l'espéet obéiroient plus volontiers à v. M., et les Etats perdroient l'opinion très-nuisible qu'ils ont, que v. M. seroit résolue de ne leur rien donner en Espagne : ce qui fait beaucoup plus de mal qu'on ne

rance,

sauroit croire, et v. M. pourra aussi considérer s'il seroit bon de donner à quelques uns des Grands des charges en Italie, selon que l'occasion s'en présenteroit, comme des gouvernements, ou des charges de guerre, soit par terre, soit par mer, et d'autres à quelques Chevaliers principaux, à chacun selon sa qualité; puisque quelques uns de leurs ancêtres se sont bien montrés dans les choses en lesquelles ils ont été là employés. Et puisque v. M. est le commun Seigneur de tous, il est bon d'agir de manière qu'ils connoissent qu'elle les tient pour ses enfants, et qu'elle ne pense pas que seulement ceux d'Espagne sont les fils légitimes, ce qui est ce qu'on dit ici et en Italie, et je ne crois pas que le Prince serviroit mal en Sicile, si v. M. employoit le Duc de Medina-Céli dans quelque charge plus élevée.

p. 161. 1. 13. Je ne puis laisser d'avertir v. M. d'une chose qui se passe; qui est que le Prince d'Orange est allé vers le Duc de Clèves, je ne sais pourquoi, et que depuis le dit Duc est venu à la maison du Prince à Breda, où il est resté un jour seul; il se peut, et ainsi j'aime à le croire, qu'il n'y aura aucun mal en cela, mais beaucoup de personnes en parlent différemment, et il y a de quoi; et à beaucoup d'hommes de bien cela paroit fort mal, et d'autant plus que jusqu'ici le Prince n'en a fait aucune mention à Madame, ni par lettres, ni d'autre manière.

p. 169. l. 18. Très-magnifique Seigneur ! ... Je crois que dans la réponse que sa M. leur fera, il sera aussi nécessaire d'user de beaucoup de modération, en disant qu'on connoit, tant par ce qu'a dit Montigny, que par ce qu'ils ont écrit, et ce qui de là résonne, qu'il doit y avoir quelques uns qui font de mauvais et de faux offices, leur donnant à entendre que j'écris et fais des choses contr'eux qui réellement ne sont pas ainsi; et sa M. peut dire cela en toute vérité et sa M. le sait, leur demandant qu'ils abandonnent ces opinions, et qu'ils s'appliquent au service de sa M., comme elle l'attend d'eux, et qu'ils le fassent, comme si je n'y étois point; vû qu'il n'est pas raisonnable que, à cause de moi, ils laissent de faire ce qu'ils doivent au service de sa M.; et qu'elle est occupée à préparer toutes choses pour sa venue, et que venant, et s'informant de tout, elle pourvoira et rémédiera aux affaires, à leur raisonnable satisfaction.

p. 171. 1. 6. Le Prince d'Orange fait maintenant grande démonstra

tion de vouloir effectuer que les Etats de Brabant donnent leur consentement aux aides, qui ont coûté taut de sollicitations et durant tant d'années. Et pour cela les dits Etats sont réunis ici; nous verrons bientôt ce qui suivra, et le dit Prince a fait en sorte qu'on appellat le Marquis de Bergues, qui a commencé à faire quelque chose dans l'affaire de Valenciennes, quoique froidement.

v.

p. 175. I. 4. ... Chaque fois que je vois les dépêches de ces trois Seigneurs Flamands, elles excitent ma colère, de sorte que si je ne m'efforçois fort de la modérer, je crois que mon opinion paroìtroit à v. M. celle d'un homme frénétique. Certainement, Sire, il me paroit que M. doit garder ce que je crois fort bien, le doit aussi altérer, pour à son temps; sous peine que, si v. M. ne le fait, aucun vasal qui a des intentions mauvaises, ne manquera de perdre toute retenue; et je crois qu'aucune affaire, pour le moment, est de si grande importance à v. M., comme de tâcher, aussi promptement que faire se pourra, de faire de ceci une démonstration très-exemplaire. Et ayant attentivement considéré cet écrit et ces lettres, il me paroît que toute leur plainte, leur haine, et leur inimitié contre le Cardinal provient de ce qu'il leur a refusé la réunion générale des Etats, quoiqu'il doive y avoir aussi quelques motifs particuliers, mais celui qui ne sauroit que ce qu'on peut voir dans ces écrits,

mais jusqu'à ce que cela soit fait, il ne me sembleroit pas bon d'irriter la malice des autres. Quant à ceux à qui l'on doit montrer de la défaveur et qui ne méritent pas de châtiment plus grave, cela suffit; mais à ceux qui le méritent, il faut leur couper la tête, et jusqu'à ce qu'on puisse le faire, dissimuler avec eux; sans que le moins du monde ils connoissent en v. M. trop de douceur. D'après leur lettre, je serois d'opinion que v. M. ne répondit point, si ce n'est que Madame leur dit que v. M. n'avoit pas été satisfaite des raisons que dans leur lettre et écrit ils lui avoient envoyé, pour laisser de servir selon que v. M. avoit ordonné, et que aussi v. M. ne pouvoit laisser de les envoyer pour régir leurs Gouvernements; qu'ils eussent à retourner à servir en cela, parceque v. M. ne peut contenter qu'ils prissent quelque prétexte pour se dispenser de servir v. M. en ce qu'elle leur avoit commandé; et ainsi espérer ce

se

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