philologiquement. On ferait sur lui une étude très-utile si l'on comparait sa vocabulation et ses constructions de phrases avec celles des autres langues: soit, par exemple, la langue Romance ou Romane devenue plus tard la langue provençale, langue qu'il posséda bien, témoin les vers qu'il en a cités: on y trouverait une foule d'analogies telles que: Camino, lou cam n; la vista la visto; il lume lou lume; la voglia la voyo; assetar assetar prov. asseoir, fonder, regler; lo strazzio l'estras, prov. le ravage, le déchirement: Quando che sia, couro que siegue prov. etc. etc. Quisquilia nous parait être un mot encore plus curieux dans sa généalogie; on dit en provençal à la vue d'un encombrement qu'es aco, qu'es qué la; ce que le français a traduit plus tard par qu'est-ce que c'est qu'il y a, ou qu'est ce qu'il y a. Le quisquilia nous parait un substantif de la phrase ci-dessus: bien des mots sont empruntés aussi à la langue Allemande : Schermo (Schirm) abri; Scherzo (Scherz) plaisanterie; snello (snell) rapide; Desco (Tisch) table, pupître. etc. etc. Eli si chiamò; e ciò conviene Che l'uso de' mortali è come fronda In ramo, che sen va, ed altra viene. Par. ch. 26. Dante, après Horace, a touché ici un point d'une solution bien difficile rélativement au progrès, au perfectionnement, à la décadence des langues. L'usage y est bien pour quelque chose, mais la corruption des moeurs entraine avec elle les arts, les sciences, les lettres, le goût et le langage. Il est bien difficile aussi de s'expliquer comment un même mot en s'anagrammatisant, en adoucissant ou renforçant ses voyelles, en substituant la consonne forte à la faible, ou réciproquement, ou bien en les doublant, les simplifiant, ou en contractant les syllabes, a pu représenter la même idée dans diverses langues, et souvent encor une idée toute opposée a celle du radical: je m'explique. Haret en hébreu, est devenu en latin terra, en français terre, en espagnol, tierra, en italien, terra, en allemand Erd; Erta la déesse Tellus; enfin, Earth en anglais, et ceci s'applique à bien d'autres mots. Calidus de caldus est devenu caldo, chaud; en allemand Kalt veut dire froid, ainsi qu'en anglais. Albus, blanc en français est devenu black, noir, en anglais. Que de modifications n'a pas subies l'Ego des latins; il est devenu yeu en langue romance; iou en provençal; yo en espagnol; io en italien, je en français, jch en allemand; Jen anglais; Eu en Sicilien. Nous enrégistrons aussi ce dernier parce qu'il appartient à un des dialectes les plus remarquables, et qui a produit les beaux poèmes de Tempiu et de Meli, dialecte dans le quel s'est fondue la vocabulation grecque, latine, arabe, allemande, espagnole, romance, italienne, et qui s'est accrue de leurs tournures et des leurs idiotismes. Pour en revenir à Je ce n'est qu'en français qu'on trouve ce pronom avec une synonimie qui en fait une nuance philosophique, personnelle à la langue: Je est la relation, Moi est l'absolutisme. Io anche son pittore. Je suis peintre aussi, moi! L'état, ma botte, le destin c'est moi! Le modeste Je n'a qu'un son sourd, une harmonie malheureuse, qui a nécessité l'invention du sonore Moi, que la métaphysique du langage a élevé si haut. Chacun d'eux a son emploi particulier; l'un ne peut pas être isolément substitué à l'autre, mais dans leur emploi simultané ils tirent l'un de l'autre un mutuel appui. Les analogies de Je et de Moi vont à l'infini, en considérant ces pronoms comme les mots le sont dans les langues matériellement, idéologiquement, accidentellement, et dans les quatre formes de la construction. Mauro Granata a enrégistré dans son dictionnaire Dantesque soixante variations de sens dans l'emploi de l'auxiliaire avere: cent-vingt pour le verbe essere; cent-trente-deux pour le verbe fare; effrayante statistique grammaticale pour qui étudie les langues. Ces mêmes verbes si l'on y joint aller, devoir, pouvoir n'en ont guère moins en français (voir le dictionnaire de l'académie.) Ce n'est point ici le lieu de discuter les difficultés d'une langue, mais ni dix, ni vingt ans ne suffisent à en approfondir une. che Valperga di caluso a dit en parlant de l'italien: il saper ogni cosa della nostra lingua, tanto eccede la capacità d'un uomo, che niuno puo cotanto ritenerne in mente, forse altretanto non gliene resti ignoto o dimenticato: et que sont nos langues européennes comparées aux langues orientales: -36 Fleur principe de vie et de toute existence. Célestes messagers des paternels décrets Là, plus d'humaines voix, plus de formes humaines, La douleur, les ennuis, hôtes cruels et sombres Point encor..! De tes maux, eh, quel est donc l'auteur? Toi, ton humanité, bienfaiteur téméraire ?. Dieu, ta fraude, a, des Dieux méprisant la colère Du savoir aux humains agrandi l'horizon: Criminel, sur ton roc, odieuse prison, |