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les maximes les plus certaines, les plus présentes à leur esprit, et dont ils ne peuvent s'empêcher de reconnoître la justice: video meliora, proboque; deteriora sequor. Belles leçons de vertu dans les discours des philosophes; vices grossiers et quelquefois abominables dans leurs moeurs. Combien de gens, emportés par la passion, conviennent que ce qu'ils font est défendu, le condamnent sans détour, quelquefois en gémissant, en répandant des larmes, et continuent cependant de faire ce qu'ils condamnent!

C'est de la loi naturelle que saint Paul parle, écrivant aux Romains, lorsqu'il leur dit que tous ceux qui ont péché sans la lci ( de Moïse ), périront sans ( cene) loi; parce qu'il y a une loi naturelle, plus ancienue que toutes les lois positives, et qui, dans un sens, en tient lieu à ceux qui n'en ont point d'autre. Loi écrite dans tous les coeurs, commune à tous les hommes, reconnue dans tout le monde, dit Tertullien: quæres igitur legem Dei? habens communem istam, in publico mundi, in naturalibus tabulis. Elle n'a pu échapper à la connoissance des nations les plus barbares. Ecrite dans les coeurs des hommes avec des traits de lumière, elle leur a, dans tous les temps, intimé les volontés de l'Etre suprême, et enseigné les règles de l'équité: leur conscience les avervit continuellement de suivre cette loi intérieure, en les condamnant lorsqu'ils s'en écartent, et en les approuvant lorsqu'ils s'y conforment. Ea lex, dit saint Ambroise, non scribitur, sed innascitur; nec aliquá percipitur lectione, sed profluo quodam naturæ fonte in singulis exprimitur. Anssi voit-on l'homme même qui vit dans l'impiété, faire quelquefois des actions qui sont le fruit des lumières et des sentimens de droiture et d'équité que le péché n'a pas entièrement détruits dans son cœur. « L'image › de Dieu, gravée dans l'âme, n'est pas assez effacée. par les affections terrestres, dit saint Augustin dans » son livre de l'Esprit et de la Lettre, pour qu'il n'y

> en reste pas encore quelques traits; en sorte qu'on > peut dire avec justice, qu'au milieu d'une vie très> impie, il ne laisse pas de se trouver quelques bonnes » œuvres, ou quelques pensées conformes à la loi. »

Enfin, quoiqu'il y ait certains points de la loi naturelle, d'ailleurs indubitables, sur lesquels il y a des nations entières qui ne paroissent pas assez éclairées, nous trouvons partout une notion générale du bien et du mal, du vice et de la vertu, et des traits bien marqués des règles de l'équité; partout our estime la bonne foi, la reconnoissance, et on déteste les vices contraires. Si, dans certaines circonstances, on perd de vue ces règles et les principes généraux de la loi naturelle, connus à tous les hommes, c'est qu'alors l'âme, toute occupée des objets de ses passions, n'en peut faire l'application aux sujets particuliers qui se présentent, non plus que si ces principes et ces règles lui étoient absolument inconnus. Les préjugés, la mauvaise éducation, la grossièreté, l'ignorance, peuvent encore étouffer, sur certains points, les lumières de la raison et les sentimens de l'équité naturelle! mais cette lumière ne s'éteint jamais entièrement; les principes s'en conservent toujours dans le coeur; il ne faut que les développer, en rappelant ces peuples à eux-mêmes; leurs erreurs se dissipent bientôt, et c'est ce qui prouve clairement que ces erreurs n'appartiennent point à l'état naturel

de l'homme.

On distingue deux sortes de principes, ou de préceptes de la loi naturelle: des principes premiers ou fondamentaux, et des principes que les théologiens appellent secondaires. Les principes fondamentaux sont ces premières vérités qui sont à la porté de tout le monde, dont les personnes les plus grossières peuvent aisément se convaincre, pour peu de réflexion qu'elles y fassent, et par le moyen desquelles on peut parvenir à la connoissance des autres vérités. Tels sont ceux-ci: il faut honorer Dieu, respecter son père, aimer ses

enfans, étre attaché à sa patrie; se conduire en toutes choses envers les autres hommes, comme nous voudrions qu'ils se conduisissent envers nous; s'éloigner du mal, pratiquer le bien, etc. Ces principes sont clairs, simples, universels. Les lois positives n'en sont, pour ainsi dire, que le développement et le détail; et, quelques expressions qu'elles souffrent, ces principes en renferment la raison.

La loi naturelle, par exemple, ordonne de garder un secret; cette loi souffre quelques exceptions. On n'est point entr'autres obligé de garder le secret, lorsqu'en manquant de le découvrir, on causeroit un tort considérable à la république. La raison de cette exception est contenue dans le principe général, qui ordonne d'aimer la patrie, et de préférer le bien public au bien particulier. Le même principe contient également la raison qui autorise les magistrats à faire mourir les malfaiteurs, malgré le précepte général qui défend de tuer; parce que le bien public exige qu'on délivre la société de ceux qui lui sont nuisibles, et qu'on retienne par-là les autres dans le devoir.

Les principes secondaires sont ceux qui se tirent des premiers, par des conséquences. Ces conséquences pouvant être plus ou moins claires, plus ou moins prochaines, on peut encore, à cet égard, faire, entre ces principes, quelque différence.

Tous ces différens devoirs appartiennent à la loi naturelle. Leur obligation est également fondée sur la nature; et la transgression des uns et des autres, est également opposée à la raison et à la volonté de Dieu, auteur de la nature. Ils ont encore cela de commun

ensemble, que, si ces principes souffrent quelques exceptions, elles sont contenues et expressément renfermées dans le principe et dans lidée qu'ils présentent à nos esprits. Car, quoique nous ayons coutume de les exprimer sous des termes généraux et universels, et sans faire mention des limitations qu'on y doit mettre, la loi

naturelle qui est écrite dans nos cœurs, joint toujours les restrictions au principe, les exceptions à la règle. Par exemple, nous disons en général, qu'il faut rendre à chacun ce qui lui appartient; qu'il faut, par conséquent, remettre un dépôt à celui qui nous l'a confié, dès qu'il nous le redemande; qu'on doit tenir sa parole; qu'on ne doit point commettre d'homicide; et que tout cela est de droit naturel. Mais le droit naturel ne nous propose pas ces maximes dans leur généralité; et il y ajoute les restrictions que nous sommes obligés d'y mettre nousmêmes, en les expliquant. Ainsi, lorsque la loi naturelle prescrit de rendre à chacun ce qui lui appartient, elle ne veut pas nous obliger par-là de rendre sur-le-champ à son maître, une chose dont il est résolu d'abuser à son propre dommage, soit spirituel, soit temporel, ou au préjudice d'autrui. Ne devroit-on pas condamner celui qui rendroit son épée à un furieux, qui la demanderoit pour se donner la mort, ou pour tuer son ennemi?

Lorsque la loi naturelle prescrit de tenir sa parole, elle ne l'ordonne qu'avec quelques restrictions, et seulement lorsque ce qu'on a promis est possible et permis, ou que la promesse faite n'a point été extorquée par violence. Toutes ces exceptions sont également du droit naturel; et les raisons sur lesquelles elles sont fondées, sont contenues dans le principe même, qui n'oblige d'accomplir une promesse, qu'autant que ce qu'on a promis peut s'exécuter, et s'exécuter sans crime, et qu'on s'y est volontairement engagé. Dès qu'il y a eu de la violence, il n'y a point eu de consentement, tel qu'il est nécessaire pour produire un engagement. Et c'est-là une différence essentielle, entre les actions mauvaises que la loi naturelle défend, et les actions indifférentes auxquelles on s'engage. A l'égard de celles qu'elle condamne, elle défend d'y consentir dans le cas même de la menace d'un mal considérable; parce de deux maux, il faut choisir le moindre; et que

que,

le

le péché est le plus grand de tous. Mais, comme la loi naturelle ne défend ni n'ordonne les engagemens que prennent les hommes les uns avec les autres, sur des choses qui ne sont pas mauvaises, et qu'elle leur laisse là-dessus une entière liberté, elle n'autorise point ceux dont la crainte et la violence sont le principe; et le même consentemeut qui suffiroit pour qu'un crime fût volontaire, à cause de l'obligation où l'on est de l'éviter, ne rend point une promesse suftisamment libre, pour qu'elle produise l'obligation de l'accomplir.

Ce que nous venons de dire peut également s'appliquer au précepte qui défend l'homicide. Il est gravé dans nos coeurs par la loi naturelle, avec quelques limitations qui concernent l'autorité qu'out les magistrats de punir les malfaiteurs, le cas d'une guerre juste, le bien de l'état, etc.

QUELLE est l'Obligation de la Loi naturelle?

L'OBLIGATION d'obéir à la loi naturelle est incontes-table. Dieu a écrit cette loi dans le cœur de l'homme; c'est de Dieu, source de toutes nos lumières, que nous tenons les idées naturelles que nous avons du bien et du mal, du vice et de la vertu ; et nous ne pouvons méconnoître que sa volonté, en nous les donnant, n'ait été qu'elles nous servissent de règles de conduite. Ainsi, les grandes maximes de morale que la raison nous enseigne, ne sont pas seulement des règles conformes aux idées que nous avons de l'ordre, de ce qui convient à notre nature et de ce qui y est opposé; mais encore des lois de Dieu, dont il exige l'observation. Ainsi, les actions contraires à ces règles ne pas seulement des dérèglemens, mais encore des trausgressions des commandemens de l'Etre suprême. Etre

Tome III.

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